Le jour de ta naissance


Tiens ton corps droit, respire dans ton axe. Aujourd’hui est le jour de ta naissance.
Le jour où tu as respiré pour la première fois dans ce monde. Le jour où tu as crié pour la première fois dans ce monde. Accueilli dans ce monde et déjà libre face à l’immensité de ce monde et de tous les mondes possibles, une gouttelette scintillante au sommet de la vague, avalée, roulée dans l’écume de la vague et riant de toute la force de la vague du monde. Respire : aujourd’hui, tout est neuf, tout brille d’un éclat extraordinaire, les sourires, les feuilles mouillées des arbres et le zinc des toits.  Neuf ton regard, neuve la fraîcheur de ton souffle et la joie qui se répand, la joie musclée, la joie persistante, pétillante sœur de la mélancolie. Je les vois comme deux espiègles gamines pourchassant les pigeons dans le jardin public, montrant leur culotte aux grincheux, collant des chewing-gums sur les bancs publics avant de s’enfuir, car toute naissance est scandaleuse, elle vous éclate au nez comme une bulle rose et moqueuse. C’est un match de boxe, une sortie d’école ruisselant de cris, un sac de plastique accroché haut dans les branches d’un arbre, bleu sur le bleu du ciel. C’est une frasque, un rire, un vote affirmatif. Toute naissance est morbide, insuffisante et prometteuse.     

Ne retiens donc pas ta respiration, ni ton rire. Va dans l’écume.

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