Archives de Catégorie: La main heureuse

Puissance de la lenteur (Scharmer 1/3)


Goethe observe une feuille. 

Il ne se contente pas de la regarder distraitement : il la contemple dans tous ses détails, avec une attention précise, qu’il a longuement, patiemment exercée. Il suit des yeux le contour, les nervures, les moindres variations de la couleur, jusqu’à la recréer en imagination. 

Et cette image qu’il compose dans son esprit devient plus que l’objet-feuille, c’est la vie traversant la feuille, le frisson, la croissance. Il la voit grandir, se développer, tel une caméra au ralenti. Sa perception extraordinairement affûtée épouse et restitue le mouvement de transformation, dans son ensemble. Ainsi faisaient Claude Gellée, dit le Lorrain, capable de contempler un effet de lumière sur des feuillages pendant des heures, mais aussi Hiroshigue, Van Gogh, Cézanne ou Picasso. Affiner notre présence au monde est un exercice qui demande une grande rigueur et de la persévérance. Il faut avoir le courage de ralentir, dompter l’envie de passer à autre chose, d’avancer. Dans son enfance, Milton Erickson (1), paralysé par une maladie, passa deux années cloué dans un lit d’hôpital. Il développa un sens de l’observation extraordinaire, tel un véritable Sherlock Holmes de la psychologie. La moindre variation dans la couleur de la peau ou dans l’intonation d’une voix devenaient pour lui des indications précieuses sur l’état psychologique des personnes de son entourage. Plus près de nous, Edward T. Hall (2), l’un des fondateurs des études interculturelles, passa des heures et des heures à visionner des vidéos pour détecter les rythmes cachés des conversations, les gestes significatifs et tout ce qui fait langage au-delà des mots. Il en déduisit sa théorie des cultures profondes, et d’autres intuitions fulgurantes sur la communication interpersonnelle, qui pourraient occuper les chercheurs pendant des décennies. 

Tous ces exemples ont en commun le principe d’immersion. Plonger au cœur des choses, libéré de tout ce qui nous en sépare : interprétations, croyances, voilà le secret d’une véritable présence au monde. Alors, seulement, nous pouvons créer du nouveau. Nous cessons de reproduire les schémas connus et rassurants pour accueillir ce qui vient, le futur émergent au cœur de l’expérience. Tel est le message développé par Otto Scharmer, dans la Théorie U. C’est également le sujet de ce blog, depuis le premier jour. S’immerger au cœur de l’expérience, pour mieux accueillir l’émergent : appelons cet exercice « l’immergence ». Signalons aussi les travaux de Francisco Varela sur le sujet.  A suivre

1 : « Ma voix t’ accompagnera, lien

2 / La danse de la vie

Le bébé, les ruches, l’hôpital et la charité


C’est sans doute la première et dernière fois que l’on verra la photo d’un bébé sur ce blog.

Non pas que l’on ait quoi que ce soit contre ces attendrissantes créatures, dont nous avons beaucoup à apprendre en matière de développement personnel, mais parce qu’il y a des quantités de mamans qui couvrent déjà ce sujet, avec beaucoup de compétence et de talent.

Au départ, cette chronique devait apporter une réponse au commentaire désespéré autant qu’expressif de notre ami M…  suite à la dernière publication. Je le cite dans le texte (il va m’en vouloir à mort) : « chiotte », (il a bien écrit « chiotte », je n’invente pas, je ne déforme pas, c’est écrit comme ça, dans le texte, verbatim), « Chiotte… !! Tu nous as bercé tous l’été dans des moments sympas, nous permettant une évasion totale et lointaine…, Et voilà que tu nous remets dans le caca, comme dirait Christian Prigent, dans “Presque tout ! » Va falloir la chercher cette patate ! »

Et que voulez-vous répondre à cela, et à mon amie Christiane M…  qui me demande, après la leçon de grammaire et les bonds de cabri, où je trouve des raisons de « garder la patate » ?

J’aurais pu évoquer la tribune de Cyril Dion dans le Monde la semaine dernière ou celle, plus ancienne, de Joseph Stieglitz, ou encore le livre de Jeremy Rifkin sur la troisième révolution industrielle, mais pour rester plus proche de nous j’évoquerai plutôt ce qui se passe en ce moment   aux Grands Voisins, « le lieu le plus cool de tout Paris » cet été selon le site lebonbon.fr

https://www.lebonbon.fr/paris/societe/les-grands-voisins-un-village-utopique-en-plein-coeur-de-paris/

Ce « village utopique en plein cœur de Paris », est une « fabrique de biens communs » (http://lesgrandsvoisins.org/). Installé sur le site de l’ancien hôpital Saint Paul en attendant sa prochaine démolition et sa renaissance sous forme d’éco-quartier, il accueille de nombreux résidents et partenaires. Migrants, jeunes et femmes en difficulté, bobos et porteurs de projets s’y côtoient dans une ambiance à la fois festive et productive. On ne fait pas qu’y jouer au scrabble ou boire des canons sur de la musique tendance : pendant la journée, ça bricole sec (Yeswecamp), de nouveaux partenaires s’installent chaque semaine (une annexe de la Ruche), l’agriculture urbaine se déploie dans toute sa succulente diversité en attendant la prochaine récolte de MIEL.

Du miel ? Eh oui ! Car parmi les porteurs de projets se trouve mon ami Jérôme, apiculteur et  animateur de l’association Miel de quartier (http://www.mieldequartier.com/. Selon son site web, Miel de Quartier, c’est concentré de biodiversité urbaine à haute teneur en relations humaines.

Et le bébé, dans tout cela ? Patience. J’y viens.

Comme mon ami Jérôme, qui a les yeux aussi gros que le rayon d’action de ses abeilles, s’est mis trois locaux sur les bras, je lui ai proposé un coup de main pour la rénovation. Nous voilà donc partis à lessiver, poncer, gratter les murs en attendant de pouvoir les repeindre pour accueillir correctement les visiteurs le 11 septembre prochaine (suspense).

Et donc, un soir, les pouces et la nuque endoloris, je m’apprête à franchir le portail du site pour rentrer chez moi. Instinctivement, je lève les yeux, et je vois inscrit sur le mur d’un des bâtiments : « maternité ».

Et là, flash-back : je me rappelle être déjà venu ici, il y a vingt-six ans, pour voir ma sœur qui venait d’accoucher de sa seconde fille…

Laquelle vient à son tour d’accoucher d’un adorable bébé.

Tendresse, promesse, les cycles de la vie nous parlent dans leur langage mystérieux.

Donc, voici la photo.

IMG_7654

Buencarmino, le bloggeur qui tient ses promesses.

Un problème bien dessiné est déjà à moitié résolu


Avez-vous parfois l’impression d’être débordé par les événements? De bouillonner d’idées, d’envies, de projets, sans savoir par où commencer?

L’un des pères de la psychologie du bonheur, Mihaly Cszickszentmihaly, explique dans « Vivre » que le simple fait d’établir de l’ordre dans son esprit compte parmi les plus importants facteurs de bien-être. Construire une représentation structurée des événements, c’est la première étape pour ne plus les subir. Les amateurs de mind mapping, ou cartes mentales,  ont fait l’expérience de l’apaisement que procure l’action de « dessiner son problème ».  L’effet sur l’esprit est comparable à la vision d’un tourbillon de feuilles mortes soulevées par le vent, qui composent en retombant au sol un motif structuré. Les idées, les émotions mêlées qui dansaient il y a encore un instant devant nos yeux trouvent chacune leur place, et nous éprouvons un sentiment de pouvoir sur notre vie du simple fait de les contempler, ainsi ordonnées.

Comme pour beaucoup d’activités manuelles (bricolage, cuisine, …) les neurologues expliquent que ce sentiment d’apaisement et de sérénité vient de la coordination entre le cerveau et la main, qui s’établit à travers les nerfs dans le geste de dessiner. C’est vrai, mais cela ne dit pas tout.

Explorer les enjeux, mettre à la bonne place les valeurs, les objectifs et les options, poser des ressources en face des obstacles et leur donner du poids procure un sentiment d’équilibre et de clarté. En coaching, j’utilise beaucoup cette technique comme support d’un dialogue fécond, où le client s’aperçoit souvent qu’il a bien plus de prise sur la situation qu’il ne le pensait au départ.

Mais comment s’y prendre? On commence par tracer des branches autour d’un centre rayonnant, dans lequel on aura préalablement tracé un symbole ou quelques mots résumant le problème à résoudre, puis on développe, branche par branche, en affinant les détails.  Il est important de bien suivre la méthode inventée par Tony Buzan, surtout au début. En revanche, il n’st pas nécessaire de savoir dessiner : c’est à la portée de tous.

Je donne ici un aperçu d’une carte mentale réalisée suite à un entretien avec un ami qui voulait se lancer dans la peinture et ressentait le besoin d’approfondir sa motivation (la version complète et la méthode peuvent être téléchargées depuis Slideshare, Slideshare mind mapping : http://fr.slideshare.net/RobertdeQuelen1/leadership-visuel-et-mind-mapping)

Mais le plus amusant bien sûr c’est de passer à l’action!

le projet du peintre

Estime de soi : l’important c’est d’agir


Des très belles rencontres ces deux derniers jours au OuiShareFest, le festival de l’économie collaborative (lien ici)  qui se tient au Cabaret Sauvage, dans le Parc de la Villette. Un petit article ici qui résume en quelques lignes l’importance de  ce mouvement et pour une fois que cela se passe à Paris on ne va pas bouder son plaisir. Merci à Jérôme Veil et à mes amis de Transition Network (http://transitionparisidf.fr/) mots clés : re-localisation, coopération, résilience.

Le prochain grand rendez-vous de ce type sera celui des Makers en juin : http://www.makerfaireparis.com/les-makers/ où l’on s’aperçoit que Paris et la France bouillonnent littéralement d’activités créatives, innovantes et surtout d’une immense envie de faire des choses concrètes!

Voir aussi les Open Bidouille Camps https://www.flickr.com/photos/nuridao/sets/72157631607008890/ et un grand merci à Ophélia Noor pour m’avoir ouvert les yeux sur ce phénomène fascinant.

Car oui, pour rester dans la continuité des deux articles précédents, rien de tel que l’action concrète pour booster l’estime de soi, individuelle mais aussi collective.

Le pouvoir c’est d’agir, ensemble c’est encore mieux.

bonne fin de semaine,

co construction

Robert de Quelen

Atterrir en douceur


Le bonheur est, avec l’amour, le seul territoire qui s’accroît quand on le partage. Plus on donne, plus on reçoit, plus on s’enrichit. Plutôt que de laisser l’appréhension du retour gâcher votre fin de vacances, (que vous soyez ou non partis, ou déjà revenus),  je vous propose aujourd’hui de pratiquer très concrètement la pensée positive, voire même de passer à l’action, inspirés par ces deux « coups de cœur ». Voici deux projets magnifiques, tournés vers le partage et la création. Le premier, ancré dans un quartier populaire de Clamart, est à la croisée de l’Economie Sociale et Solidaire et de la création. L e second est ancré dans le temps, et dans une communauté de créateurs, puisqu’il s’agit de célébrer les vingt ans d’Aracanthe. On reviendra bientôt sur le crowdfunding, qui permet de soutenir des projets en accord avec nos valeurs et nos envies, chacun selon ses moyens.

Premier coup de cœur : la maison de la Création : lien ici

http://www.bulbintown.com/projects/la-maison-de-la-creation/accueil

La Maison de la création, c’est le lieu convivial et ouvert à tous qui permettra à l’associationL’échelle de Soie d’accompagner encore mieux les familles du quartier et les créateurs locaux dans leurs projets artistiques à travers :
– une boutique de fournitures spécialisées, pour les artistes de tout poil en quête de pinceaux, toiles,etc…
– un espace d’exposition-vente dédié aux créateurs et artisans locaux,
– un atelier alternant cours, démonstrations, et créneaux en libre accès pour des rencontres et transmissions de savoir entre habitants
– et bien sûr un café poétique chaleureux pour se rencontrer et discuter autour d’une revue ou d’une de nos spécialités uniques au monde !  

 Deuxième coup de cœur : 

Le 4 octobre prochain, Aracanthe (lien ici) vous invite à célébrer 20 années de création, d’échanges, d’expériences, de rencontres sur le thème de la création artistique.  Le « passage à l’art » c’est ce moment où l’on ose s’affranchir de ses craintes, où l’on enjambe allègrement la barrière invisible supposée séparer les « professionnels » des « amateurs », pour le défi, pour « voir ce qu’il y a de l’autre côté ». Et vous, quand avez-vous fait quelque chose de nouveau pour la dernière fois?

Gourmandise et quelques brins d’herbe


De la circularité dans l’art, ou l’histoire d’un printemps qui démarre très fort, avec Hiroshige, Turner, le Lorrain, van Gogh et l’obsolescence programmée (par inadvertance) de ma carte SIM.

Comment exprimer toute ma gratitude au vendeur incompétent qui, bloquant ma carte SIM un samedi soir deux minutes avant la fermeture, m’a contraint à errer dans les rues des quartiers touristiques de Paris ce dimanche matin, cherchant une boutique télécoms ouverte avec toute la ferveur anxieuse d’un addict en mal de communication? Je lui dois une fabuleuse découverte, mais, minute! Il faut d’abord que le récit progresse. Je remonte le boulevard Saint-Michel, longe la Conciergerie devant laquelle se pressent américains, chinois et japonais nostalgiques de Marie-Antoinette, sinon rien. A Châtelet, mon espoir ne dure pas longtemps non plus. La tentation me chatouille de bifurquer sur les quais, mais je décide de pousser un peu plus loin, vers le quartier Beaubourg. A midi, les nuages s’effilochent, l’espiègle printemps surprend les parisiens encore tout engoncés dans leurs vêtements d’hiver. Tiédeur délicieuse, un temps à flâner. Je ralentis le pas, renonce à ma quête absurde. Tant pis, mon téléphone restera silencieux jusqu’à demain. Me voici libre, injoignable, enfin maître de mon temps. Disponible et joyeux, serein, je me faufile dans une brèche de l’espace-temps, une bulle en expansion qui n’appartient qu’à moi, tout entier pénétré de la saison et de sa légèreté. Rue Saint Bon, à deux pas du centre Pompidou, un rayon de soleil oblique vient tomber sur l’étalage d’un libraire, attirant mon attention sur un livre qui semble fait tout spécialement pour éveiller ma gourmandise : « Turner et le Lorrain« , de Michel Kitson et Ian Warrell.

Feuilletant le livre, c’est tout l’été de l’Italie qui me saute à la figure, avec cette citation de Turner : « Pur comme l’air italien, calme, beau et serein, surgit l’oeuvre, et avec lui le nom, de Claude Lorrain ». L’air de ma bulle se réchauffe encore de quelques degrés. Cette mise en perspective de deux de mes peintres favoris
me remet en mémoire l’exposition du Grand Palais de 2011 : »Nature et idéal« , inspiratrice d’un article précédent dans BuencaRmino. Si le Lorrain avait acquis une maîtrise exceptionnelle du dessin de paysage, ce n’est pas seulement, comme le révélait l’exposition, en raison de son talent et de sa discipline, mais aussi de ce qu’il passait des après-midi entières à observer la nature, le nez dans l’herbe. Or, nos contemporains tels le malencontreux vendeur de cartes SIM, seraient bien en peine d’apprécier le caractère totalement irréaliste de ce qu’il en faisait ensuite : ces brins d’herbes et ces feuilles dessinés avec une force, une exactitude, une délicatesse exquises, trouvaient leur place dans des compositions évoquant des scènes historiques ou mythologiques, ornées de monuments empruntés à d’autres lieux ou d’autres époques. L’embarquement de Cléopâtre et les moutons de Marie-Antoinette se télescopant sur fond de coucher de soleil ruisselant d’ors et de lumière. Rome, Carthage baignant dans un éternel été, bien loin de la sinistre Conciergerie et de notre époque morose (avec ou sans touristes, et des costumes autrement plus classieux). En somme, le grand peintre classique n’hésitait pas à pratiquer une sorte de collage pictural à partir d’éléments hétérogènes. Puis vint Turner, qui reprit à son compte l’incendie et le remixa comme le plus audacieux des compositeurs de hip-hop ou d’électro.

Mais revenons à nos brins d’herbe, qui font un bond de deux cents ans. Fast forward. L’hiver dernier, l’exposition van-Gogh-Hiroshige à la Pinacothèque invitait à regarder Hiroshige avec les yeux de Van Gogh – et à voir, dans les tableaux de Van Gogh, ce qu’il devait au peintre d’estampes japonaises. Où l’on s’aperçoit que la maîtrise absolue du dessin et l’observation des brins d’herbe peuvent mener loin, jusque dans un Japon de rêve, c’est-à dire quelque part en Provence.

« Si on étudie l’art japonais, écrit Van Gogh à son frère, alors on voit un homme incontestablement sage et philosophe et intelligent qui passe son temps – à quoi – à étudier la distance de la Terre à la Lune ? Non. A étudier la politique de Bismarck ? Non. Il étudie un seul brin d’herbe. Mais ce brin d’herbe lui porte à dessiner toutes les plantes, ensuite les saisons, les grands aspects des paysages, enfin les animaux, puis la figure humaine. Il passe ainsi sa vie, qui est trop courte, à faire le tout… »

j’avais eu le temps de prendre cete photo, juste avant de me faire voler mon iPhone : Van Gogh Hiroshige

Le point d’appui (fin du cycle)


Chacun cherche son point d’appui. Pour les uns, c’est un être, et pour d’autres une idée, un lieu, un espoir ou un souvenir. Parfois on croit le perdre, et puis on le retrouve, ou l’on s’en trouve un autre.

Mirella commente les dessins. « Cherchez le point d’appui : sur quelle jambe repose le poids du corps? Observez la tension des muscles, exagérez la main, le bras qui s’avance, ou le pied : la partie du corps la plus proche de vous. Libérez-vous du cerné, regardez ce qui se passe à l’intérieur, les plis de la peau qui remontent de l’autre côté du torse. Les jambes ne sont pas symétriques, le corps n’est pas droit. Repérez les torsions par rapport à un axe, intéressez-vous à la proposition du modèle ».

Ah, la proposition du modèle! Bien sûr, on est là pour ça, sinon pourquoi se déplacer quand il serait plus facile de travailler chez soi, à partir d’une photo qui a l’avantage de tenir la pose aussi longtemps qu’on le désire? La présence du modèle, lorsque ses poses sont vraiment habitées, font partie de la proposition tout autant que l’inclinaison d’un bras ou d’une tête.

Le premier modèle est une homme souriant, dans la force de l’âge. Ses propositions reprennent le vocabulaire classique. On peut lire dans ses poses la trace des générations de dessinateurs et de modèles qui se sont succédé à l’Académie depuis sa fondation (voir le Carnet d’études n°15 : l’Académie mise à nu, éditions Beaux Arts de Paris, sur l’histoire des modèles). Aujourd’hui, cette origine oubliée nous empêche de voir la lance, le bouclier absent du bras qui le portait, le guerrier grec inspirateur de ces poses héroïques et qui pourrait encore nous donner des leçons de courage pourvu que nous fussions disponibles. Héroïques, ou simplement idéalisés, comme les bronzes de Riace

Débarrassé du poids de l’académisme et des formes figées, ce corps nous restitue tout le joyeux génie de la Grèce, son bonheur d’être là, son évidence dans le rapport au monde.

On a parlé dans ce blog de Cynthia Fleury et de son livre sur le courage (« j’ai perdu le courage comme on égare ses lunettes »), de Jacqueline de Romilly et de son Hector. Sur quel point s’appuyer face à l’inacceptable?

Il faut chercher des armes dans la couleur, allumer des jaunes et des rouges, tordre le cou du doute.

Parfois, il arrive aussi que le guerrier soit vaincu. Est-ce pour autant la fin? Comment se relève t-on d’une défaite?

Et puis il y a Sophie, sa présence rayonnante, ses transitions glissantes d’une pose à l’autre. Ses mouvements de danse Butô dont l’origine serait inspirée des survivants de la bombe, à Hiroshima, tentant de se relever après le désastre. Après l’âge héroïque vient le temps de la résilience.

Ce qui se passe à l’intérieur? Observer la naissance d’une émotion, comme elle se répand dans le corps et du corps à l’espace. Le point d’appui, ce peut être un silence, une façon de conserver l’énergie qu’il faut apprendre à percevoir.

Ce combat-là, mené jour après jour dans l’instabilité du monde, est le sujet même de ce blog, dédié à toutes celles et tous ceux pour qui tenir debout n’est pas une évidence. A celles et ceux qui ne réussissent pas toujours du premier coup, et qui persévèrent.

A vous, le sourire de la vie.

Premiers croquis


Les outils du dessin. Pour commencer, le trait suffit. Poser du noir, accentuer les contrastes. Une forme naît, puis le regard s’éveille, la critique intervient. Le plaisir n’est pas toujours là. Persévérer, dit Marion. Se défaire des automatismes, oublier, voir. Un jour, on se surprend. Des « ptits croqs » de novembre à ceux d’avril, une longue saison s’étire, un commencement d’apprentissage. Apprivoiser le corps, la lenteur. Dessiner, c’est d’abord écouter avec les yeux. Se mettre à l’école de la bienveillance. Aimer.

« Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses »

« Oh, ne les faites pas lever! »

 

(ceux qui mettent de la poésie dans les discours)

« Parce que vous avez certainement manqué un épisode »

« C’est bien peu de choses, finalement, les relations humaines »

(Un Goncourt sinon rien)

 

 

 

 

 

 

Grand week-end, petits croquis


les bonheurs de Sophie


Dessiner Sophie, quel bonheur!

Les autres modèles se content d’enchaîner les poses, avec plus ou moins de bonheur. Avec Sophie Hutin, c’est tout autre chose.

les bonheurs de Sophie

Les bonheurs de Sophie 2Cette façon coulée, glissante, infiniment émouvante qu’elle a de passer, non d’une pose à l’autre, mais d’un état dans un autre, et de nous entraîner dans sa respiration.

les bonheurs de Sophie 3L’énergie passe, électrique, il y a dans ses transitions la puissance contenue d’un riff, improbable rencontre entre le punk et la danse butÔ. Parfois, son corps se recroqueville, elle nous regarde en coin, malicieuse. Puis sa colonne vertébrale se déploie, ses bras se tendent, s’approprient l’espace.

Je voudrais avoir suffisamment de vélocité pour pouvoir croquer le mouvement continu dans lequel elle cherche sa pose, la bouche au bord de dire, puis c’est le corps entier qui parle.

L’atelier se remplit d’une joie sereine, palpable, évidente. je m’approprie la phrase de Seth Godin : « art is not in the eyes of the beholder, it is in the soul of the artist ».

Sophie est une très grande artiste.

2010 en mots clés (et en images)


Avant de saluer l’année du colibri, il convient de dire au revoir avec grâce à celle qui va se clore, sur ces images de Séville.

Buencarmino chatouille la souris depuis quatre mois seulement, mais c’est une souris productive avec déjà plus de cent articles au compteur et plus de 2,300 pages vues, ce qui n’est pas si mal. J’ai donc choisi de lister ici les mots et les catégories qui vous ont amenés sur ce blog, avant de passer à un autre cycle.

DESSIN Parmi les catégories les plus recherchées, le dessin, comme acte de tracer à la main sur du papier des traits formant une figure, occupe une place prépondérante avec les mots suivants :

Aurélie Gravelat, dessinatrice de talent (un grand merci au passage à Serghei Litvin, fondateur de la Foire Internationale du Dessin, et à son Blog du dessin), dessin, croquis, nus, pastels, couleur, modèle, Anne-Marie Franqueville, Aracanthe, Mirella Rosner, outils, main (mais zéro pour « déterritorialisation« , pan sur les doigts, ça m’apprendra à frimer avec des mots de plus de quatre syllabes). Le dessin, comme le bricolage et toutes les activités manuelles, nous reconnectent au monde réel. Ils nous libèrent de la molle tyrannie du « monstre doux« , car le moindre trait, même le plus malhabile, signe l’affirmation d’un acte unique posé dans l’espace de la feuille : quand je dessine, je ne consomme pas, je suis.

PEINTURE : …la peinture  avec Jean-Michel Basquiat (Basquiat, le sacre de la couleur), suivi de Jérôme Bosch, dont j’ai tant aimé voir la Tentation de Saint Antoine à Lisbonne. Le voisinage me ravit, puisque je vois de fortes affinités entre ces deux peintres qui ont eu le courage d’explorer les cauchemars de leurs époques respectives – et les leurs.  Bosch et Basquiat : cela mériterait d’y revenir une autre fois, dans un prochain article. Loin derrière, le caniche pour milliardaires Murakami, amusant la galerie des glaces (me rappeler, en 2011, de parler de l’autre Murakami, celui de Kafka sur le rivage).

ECRITURE … Ce blog est né d’un défi : celui d’écrire tous les jours pendant l’été, puis de publier. Résister à la tentation du silence, à l’injonction mollifiante « à quoi bon, tout a déjà été dit ». Saluons ici les auteurs  de Mille Plateaux Deleuze et Guattari, mais aussi Valère Novarina, Racine (et Phèdre au labyrinthe), Proust qui nous aura vu courir sur les petites routes sarthoises;  mentionnons l’auteur fin de cycle, Houellebecq, mais surtout Cynthia Fleury (la fin du courage), Rafaele Simone (le monstre doux, le monstre doux, le monstre doux qui vous hypnotise avec sa voix de velours), François Cheng, et Stephan Zweig. Dès le départ, ce blog est né avec l’idée d’utiliser toutes les possibilités du lien html et ses ramifications infinies. Lier, c’est offrir un outil pour créer du sens. Opposer, juxtaposer : avec Edgard Morin, résister à la tentation de simplifier le millefeuilles du réel, de nos émotions, et ce qui nous lie.

EMPATHIE… l’empathie, (« l’empathie n’est pas une maladie », objet de nombreuses recherches sur Google), Antonio Damasio, qui nous mène au coaching avec Alain Cayrol et Nicole de Chancey; mais ni l’amour ni la tendresse ne vont ont menés jusqu’à ce blog; Pudeur ou désintérêt? On en parlera plus en 2011 car je pense, avec Luc Ferry, que l’amour est l’une des forces qui contribueront à structurer notre culture commune au 21ème siècle, en plus d’être une valeur profondément démocratique.

Vous vous êtes aussi demandé s’il y avait des mouettes dans la Sarthe (réponse : oui, et d’autres animaux voyageurs),

Vous avez interrogé Google sur le butô, sur Lisbonne et sur les Philippines, sur la Sarthe et sur l’île de Ré, sur David Pini, et nous avons parfois eu de beaux échanges sur l’un ou l’autre de ces sujets.

On explore ici les relations compliquées entre les mots et l’image, en cherchant le chemin d’une forme d’authenticité dans l’expérience. Et si l’on échoue, eh bien, on s’efforcera d’échouer toujours mieux. L’important est de faire sa part, comme dit le petit colibiri.

A bientôt, avec tendresse, espièglerie et curiosité pour la nouvelle année. Meilleurs voeux!

Soleil je viens te voir pour la première fois


1. Soleil de noël, brillant avec ses couleurs de fourrure
Et la douceur des joues
L’enfance émerveillée
Dans la neige et les cris
Le bleu qui fuse on a perdu l’amour on a
Perdu le courage et les mains jointes
Forment un bol
Au moment de l’offrande

 

 

 

2. Tu demandes à Google : y a t’il des mouettes dans la Sarthe? Et Google te répond. Google te mène au pays des conteurs qui d’un petit croquis font toute une histoire. Et toi? Que dessines-tu, dans les profondeurs ouatées de l’hiver?

Les Expert(s) à Belleville


 

1. Petits croquis entre amis : dessiner, modeler, moduler, trait qui se cherche

 

 

 

 

 

2. Modèle vif, les dessinateurs n’en mènent pas large non plus

 

 

 

 

 

 

3. Saison ludique : modulato cantabile, dit-elle à ma main malhabile. Dessiné au doigt dans de la confiture de mûre par des lutins espiègles

 

 

 

 

 

4. Mes voeux pour vous : rose doux, jaune astringent, vert citron, parme et lilas, des bruns chauds, des rouge pulpeux, sur vrai carton cette année, l’esprit de noël cannelle

 

 

 

 

 

6. L’amour indésirable, aplati, rejeté dans les marges, enfant prodigue noyé dans la guimauve ou comment s’en débarrasser?

 

 

 

 

 

7. L’esprit de noël? Un attrape-Google? La nostalgie des douceurs ouatées, les yeux qui craquent.

 

 

 

 

 

 

 

 

8. On pourra toujours se jouer « les experts à Belleville », moduler l’écriture ce serait, quoi? Travailler l’histoire, le récit? Matière vive, le vivant pour modèle. Cadavres exquis, recomposés, traquer les signaux faibles, une quinte de toux suspecte, une oreille collée sur les omoplates, veuillez tousser, allons! Toussez vous dis-je, ou comment dessiner vous transforme l’oreille, et ce menton qui fuse en triangle vers le ciel, insolent!

Cinq méditations sur la beauté de François Cheng


Un extrait de la première des cinq méditations, de l’écrivain et peintre franco-chinois François Cheng :

« En ces temps de misères omniprésentes, de violences aveugles, de catastrophes naturelles ou écologiques, parler de la beauté pourra paraître incongru, inconvenant, voire provocateur.  Presque un scandale. Mais en raison de cela même, on voit bien qu »à l »opposé du mal, la beauté  se situe bien à l’autre bout d’une réalité à laquelle nous avons à faire face. Je suis persuadé que nous avons pour tâche urgente, et permanente, de dévisager ces deux mystères qui constituent les deux extrémités de l’univers vivant : d’un côté le mal, de l’autre la beauté.
Le mal, on sait ce que c’est , surtout celui que l’homme inflige à l’homme. (…) Il y a là un mystère qui hante nos consciences , y causant une blessure apparemment inguérissable. La beauté, on sait aussi ce que c’est. Pour peu qu’on y songe cependant, on ne manque pas d’être frappé d’étonnement : l’univers n’est pas obligé d’être beau, et pourtant, il est beau.

chez Albin Michel

Mac-Val et crottes de nez


« Les enfants sont privés de beau », explique doctement Serge Moati, alors pour y remédier, le Mac-Val les invite à faire n’importe quoi (lu dans le Parisien, sic, sick et complètement sick). C’est donc toute l’ambition qu’on a pour eux, « n’importe quoi »?

Rassurez-moi, j’ai raté la joke? J’entends d’ici les cris de joie : ouaaais, trop fort, on va pouvoir peindre avec des crottes de nez et du chouimgom! (Et la marmotte, elle tient la caisse chez Larry Gagosian?)

Sinon, si on a confiance dans leur capacité à apprécier la beauté sensible, on peut aussi essayer d’éduquer leur regard, comme le fait magnifiquement la newsletter de la FID (Foire Internationale du Dessin) qui publie tous les mois un dessin original. Sur abonnement.

Apprentissage ou la main qui gratte


En coaching, on nous apprend que si nous ne sommes pas nécessairement responsables de ce qui nous arrive, nous pouvons choisir la manière dont nous y réagissons. Ce que nous percevons comme des échecs, même les plus amers, ceux qui râpent, ceux qui nous font des noeuds à l’estomac, tout est occasion d’apprentissage. Nous pouvons toujours en tirer un enseignement et la résolution de faire mieux la prochaine fois, avec les éléments dont nous disposons.

Dans le dessin, un trait raté ne se rattrape pas, mais on peut toujours s’engager à s’entraîner, pratiquer encore plus assidûment pour améliorer sa coordination oeil-main. Il est rare que les résultats ne suivent pas.

A l’atelier de modèle vif Aracanthe, on se regarde parfois, après la séance, un sourire en coin, on hausse les épaules, et puis la parole s’ouvre : on n’est pas là pour la performance, pas forcément pour le plaisir, mais pour avancer.

Bien sûr on peut aussi se mordre les doigts, crier sa frustration, déchirer le papier, se rouler dans la poussière de fusain, si ça fait du bien …

Sophie Hutin la présence buto (2)


Envie de légèreté après la série d’articles précédents, bienvenue dans l’univers de Sophie Hutin, artiste, danseuse Butô qui propose des poses magnifiques, bien trop sophistiquées pour mon misérable crayon mais comme on dit à l’école des coachs : « abondance de bienveillance ne nuit pas ».  Sur sa page facebook, une définition du Butô qui renvoie à l’authenticité requise pour le coaching :

« Butô : révéler la force de la vie primordiale… être nu(e) en tant qu’être vivant entouré par les autres… ou juste être honnête en face de sa propre vie… »

Aller à l’essentiel, noter une impression, condenser le fruit d’une méditation en quelques mots : le haïku rejoint l’art du croquis, deux modes d’expression parfaitement adaptés au format blog.

http://fr-fr.facebook.com/sophie.hutin

En son honneur, quelques haïkus pour s’alléger le coeur :

La rosée s’égoutte
Pour un peu l’on voudrait rincer
le monde flottant
(Bashô)


Je mange un kaki
La cloche se met à tinter
Temple Horiyji
(Shiki)

Saison des labours
L’homme qui cherchait son chemin
Se perd dans le lointain
(Buson)


Comme est magnifique
Par un trou dans la cloison
La voie lactée
(Issa)

La perte apprivoisée



Plus que quelques pages à remplir dans le ZAP-book à couverture bleue. L’automne est venu, qu’ai-je appris ? Discipline et disponibilité. Famille/amis, inconnus : de tous, l’élève. Sur la pratique régulière de l’écriture : un processus laborieux, pénible, où l’expérience n’est qu’une étincelle de départ, où le bonheur n’est jamais sûr. Réduction du bavardage, comme un sculpteur extrayant une forme en pleine taille à partir d’un bloc. Et toujours la main, les outils : le marteau, la gouge.


A propos de la famille : être là, présences, écoute. Repas. Le temps que cela prend, de nourrir onze personnes ! Jouer avec les enfants, rire.  Une famille ce sont des équilibres qui se font et se défont sans cesse. Bienveillance. Cela seul nous sauve, la solidarité. Sans cela, on serait bons à jeter, comme espèce. La différence se joue à 10 puissance moins quinze, dirait Nicolas le mathématicien. Mon ami d’enfance et sa femme, convergeant : perdus ensemble, et retrouvés, leur définition de l’amour.

Appris à dire les émotions, la gratitude, et cette année ma génération qui prend ses responsabilités. En cueillant des mûres, l’idée que si ce monde n’a pas de sens, on n’en est pas quittes pour autant car il nous échoit la responsabilité d’en créer un. (Margot, mon coach en écriture : – Nous tombe dessus, chéri, « échoit » ça fait un peu vieille France
OK, coach
–  Et n’oublie pas de réduire le bavardage
– OK, coach)

Dommage qu’on arrive au mauvais moment, dans un monde en transition, nous-mêmes en transition. Ce journal peut aussi se lire comme un itinéraire de responsabilité – physique, émotionnelle, productive et solidaire. Se prendre en charge, assumer ses choix, vivre au milieu des autres et dans la trame des générations. Se préparer à l’insupportable, à l’impensable, entrer dans ces années pénibles, dans cet « avant » qui nous rapproche du mur.   Apprivoiser la future douleur comme on tâte une dent cariée du bout de la langue, sans pouvoir s’empêcher d’y revenir sans cesse. Affronter ce futur vide et lui opposer un barrage de mots. L’écriture cesse d’être dérisoire lorsqu’elle devient moyen d’apprivoiser la disparition du bruit, des lumières, d’un être aimé.


douce tyrannie (suite)


Douce tyrannie: la douceur d’un monde sans aspérités, sans résistances, où la main deviendrait le témoin de notre désamour envers le monde réel. Désengagement.

Pressé par le temps, je vous redonne ici le lien vers le Guide du démocrate mentionné par Thibaud dans son commentaire sur les monstres gentils, dans la catégorie « résistance au quotidien ». Un extrait marrant : « dans leur immense majorité (eh oui) les démocrates pensent qu’ouvrir un sachet c’est facile mais que laver-éplucher-couper-cuire des légumes c’est pénible. En fait, et c’est bien déprimant, mais le démocrate préfère les chips ou le sachet de pâtes à passer au micro-ondes avec la sauce lyophilisée qui va avec plutôt qu’une soupe de patates douces au gingembre à qui prend 5 minutes à cuisiner. Dommage. »
De là à dire que les vrais démocrates sont ceux qui mettent la main à la pâte, ou plutôt dans le gingembre, il n’y a qu’une bouchée…

Et j’intègre ici la réponse de Thibaud Saintain :

Pressé aussi, mais j’ai l’impression d’entendre le même son de cloche chez Chomsky, avec des nuances… Quelle drôlerie dans le livre que tu re-signales ! Ça a le mérite de réveiller, tout en piquant, mais vers le rire.
Chez Chomsky, (Dix stratégies de manipulation de masses dans les média) je me méfie d’une vision tragique, dans le fait qu’on attribue un caractère intentionnel à la manipulation… Mais la « grammaire », les modalités de cette dernière me paraissent pertinemment décrites.

« Poète est pour nous celui qui rompt l’accoutumance ».

Et ma réponse à la réponse : j’ai du mal avec l’esprit de sérieux, la lourdeur de Chomsky. Ce qui me pose problème, c’est le côté « théorie du complot ». Bien sûr, il y a une convergence de manipulations, mais il serait malhonnête de cacher que nous en sommes bien souvent les complices, par notre paresse, notre insouciance ou  notre légèreté. Retrouvons l’épluche-légumes au fond de notre tiroir,  ce sera déjà un grand pas vers plus d’autonomie et de responsabilité.
(Voir articles précédents dans la catégorie « la main », mots-clés : poncer, placard, masochisme ou persévérance, etc).