Les aigles ont une vue dix fois plus puissante que la nôtre. Portés par les courants ascendants, ils s’élèvent jusqu’à un point du ciel d’où leur vue peut parcourir un très vaste paysage et repèrent avec une extrême précision la proie cachée dans les herbes avant de plonger sur elle en piqué, toutes serres dehors, à une vitesse fulgurante. Cette capacité leur confère un statut d’animal mythique, fascinant, symbole de noblesse et d’efficacité. Pourrions-nous apprendre d’eux quelque chose d’utile ? Qui ne rêve de pouvoir combiner la puissance et l’agilité, contempler d’un même coup d’œil l’ensemble et le détail, passer en un éclair du sublime au pratique avec une détermination sans faille ?
Les personnes qui viennent me consulter pour un coaching de vie ou professionnel se plaignent souvent de se sentir tiraillées entre leurs aspirations les plus hautes et la nécessité de résoudre quantité de petits problèmes pratiques, techniques ou administratifs. Cela consomme toute leur énergie, sans leur donner beaucoup de satisfaction. Et lorsqu’après de longues heures consacrées à s’acquitter de ces tâches urgentes, elles lèvent enfin les yeux vers le ciel, elles ne se sentent plus le courage ni l’énergie de déployer leurs ailes.
C’est à ce moment-là que nous ressentons tous le besoin d’une carotte.
Une carotte ?
Mais oui, vous savez bien, cette promesse de récompense savoureuse, à la hauteur de nos sacrifices. L’erreur commune est de confondre le résultat : l’accomplissement d’une tâche, avec l’émotion positive qu’elle nous procure. Or c’est l’émotion, plus que la promesse du résultat, qui nous motive. Bien sûr, les deux sont associés. Mais c’est bien la carotte qui fait avancer l’âne. Plus que d’avoir réglé tel ou tel problème administratif, nous nous souviendrons du soulagement et du sentiment de libération ressenti au moment où nous avons cliqué sur « envoyer », expédiant au loin ce mail qu’il nous a tant coûté d’écrire.
Pensons à la fierté que nous ressentirons lorsque nous serons enfin venus à bout de la pile de dossiers à traiter, à la joie qui sera la nôtre lorsque nous recevrons enfin la certification obtenue au prix d’un travail rigoureux.
Cette émotion relie nos besoins à nos aspirations les plus lumineuses, celles qui nourrissent une motivation durable.
Faites une expérience : si vous vous sentez déconnecté de votre aspiration la plus motivante, prenez une grande respiration, reliez-vous à vos besoins profonds, par exemple le besoin d’accomplir quelque chose, un projet qui vous tient à cœur, et concentrez-vous sur les sensations physiques qui naissent en vous tandis que vous vous accordez cette pause. Si cela vous aide vous pouvez poser l’une de vos mains sur votre ventre, au niveau du plexus, ou sur votre diaphragme.
Accueillez ce qui vient, reconnaissez l’émotion, l’élan qui demande à se renforcer, puis levez les yeux en haut, vers la droite.
En hypnose ericksonienne comme en pnl (programmation neuro-linguistique), cette zone correspond à l’espace imaginaire, celui dans lequel nous élaborons des images inédites. Chaque fois que nous regardons dans cette direction, nous activons notre capacité à concevoir des stratégies audacieuses et nous renforçons notre détermination à les mettre en œuvre. Nous retrouvons ainsi la voie de l’aigle, sa capacité à tutoyer les sommets comme à fouiller du regard le fond des vallées.
L’idéal et la discipline se combinent alors pour insuffler durablement de l’énergie dans nos projets, pour articuler l’action et l’émotion, le calcul et l’inspiration. L’œil de l’aigle et ses serres acérées tracent, du ciel à la terre et de la terre au ciel, une voie que nous pouvons choisir d’emprunter.
Cela demande un peu d’entraînement, avec une capacité à s’émerveiller. Et la bonne nouvelle, c’est que ça marche.
