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La poésie, madame, et les Oiseaux Rares


Pourquoi la poésie africaine n’est-elle pas invitée au festival d’Avignon cette année? Mystère.

Il faut se gorger de poésie, l’aimer comme on respire, ou comme on jette un défi.

Un défi à la banalité. A la résignation. A tout ce que vous voudrez.

C’est une exigence folle, un étonnement constant.

Car la poésie n’est pas chère, mais elle n’est jamais gratuite.

Hommage aux Oiseaux Rares (Les Oiseaux Rares), magnifique librairie du quartier Croulebarbe où vibrent les mots, les idées, où l’on peut entendre parfois des auteurs lire des extraits de romans, de poèmes,  où l’on trouve, posé parmi tant de trésors, un recueil de Nimrod.

« J’aurais un royaume en bois flottés » (nrf Poésie/Gallimard) contient d’inestimables pépites, comme celle-ci, rude et contemporaine :

« Ils les frappent avec des tuyaux d’arrosage

Ils les frappent avec des tuyaux en latex

Ils les frappent sous le soleil de midi

Ils les frappent en double salto »

ou bien :

« J’ai souvenir de cet éléphant qui s’éloigna

Comme se déploie

Le dédain »

Ainsi nous frappe la vie, et nous nous déployons en salto, comme ces étudiants tchadiens maltraités par la police. Après, ce qui revient, c’est encore la vie. Mais une vie plus brillante, plus dense, plus rauque. Un écart. Ce qu’elle nous propose? Naître à la poésie. Jour après jour.

 

 

 

 

Coexister c’est comprendre ce qui peut offenser l’autre


Après Martha’s Vineyard et Ré, deux îles bordant les deux côtés de l’Atlantique, l’envie me vient d’élargir notre espace géographique en republiant cette chronique de 2014 dédiée à Maurice Le Clézio, évoquant la société multiculturelle de l’île Maurice.

BuencaRmino

Aujourd’hui, c’est difficile d’écrire, mais vous lisez. de France métropolitaine, de la Réunion, de Luxembourg, du Brésil, des Etats-Unis, du Canada… Qui êtes-vous donc? Délicieux mystère!  Alors comme ça, pour le plaisir, façon de dire je vous aime, un lien vers une magnifique interview de JMG le Clézio dans le Monde, titrée : « Coexister, c’est comprendre ce qui peut offenser l’autre ». Lien ici.

Un extrait :

A l’île Maurice, on peut donc parler d’une société multiculturelle ?

L’île est multiculturelle depuis bien longtemps, puisque des communautés différentes y vivent ensemble depuis le XVIIsiècle, quand les Hollandais l’occupèrent avec des esclaves africains et malgaches. Par la suite, les Français l’ont colonisée, amenant de nouveaux esclaves, puis les Anglais, accompagnés par des Indiens hindouistes et musulmans, sans oublier l’arrivée des Chinois. Cette pluralité s’est traduite, à l’usage, par une certaine tolérance, d’autant que les Anglais ont favorisé le multiculturalisme en…

Voir l’article original 195 mots de plus

Anak


In memory of Alvin Eumague, departed October 2, 2014.

Anak, so, this is where you live now. In the trembling light. A feather carried by the gentle breeze, among the chirping birds and the joyful colors of September. There is moss on the stones where I sit but it is not cold.  A bell rings, far in the village. Seasons come and go. The cycles of life. Once again we have come to close this house for the winter. Another look at the garden. Cyclamen are now discreetly displaying their light lilac hues under the chestnut tree. I should enter the building now, but it is so damp. Although you never came here your presence lingers around,  in the subtle scent of apples, and there are honey jars in the basement of the castle where they used to keep cider, generations ago. Like these kernels your soul will keep growing and singing, cracking in the dry summers through the trunk and branches of the big sequoia tree. Such a lovely, lovely day to remember you. In KL, you recorded funny faces on my camera, knowing I would find them only later.  For you were such a clown, and so gifted. What now with the promise of your life? Where is that smile of yours, this laughter of yours, and what to do with your anger now? Now you have joined the deepest rivers, nurturing underground currents and preparing to spring up in songs. For you will be the spring, that much I know, and those rays of light caressing our face. You will, but for now there is winter to go through. Sitting on the stairs outside the door, I fill my lungs with fresh air. Soon I must enter this place and face memories of the week-end I spent here, writing and waiting anxiously for news from you, just before you left us, almost a year ago. Life is calling and demanding much of us. There is love to be shared and consolation to be given. And there are particles of gold in every life you’ve touched, in every cycle we go through, in the humblest grass. Anak, my child, I will go now, and fill this house with gratitude.2015-09-27 14.02.18

Méditerranée


Il y a, de l’autre côté de la Méditerranée, un pays qui demande à vivre. Un pays que j’aime, où les femmes et les hommes savent rire d’eux-mêmes et des petits soucis de la vie quotidienne, un pays qui nous ressemble, auquel nous rattachent de nombreux liens. Un pays qui a fait une révolution pour sa dignité et qui a donné à cette révolution le nom d’une fleur. Un pays dans lequel il y a un musée, et dans ce musée on peut voir une fresque romaine dont la photo illustrait nos livres de latin, en cinquième.  Ce musée, c’est le Bardo, un hymne à la civilisation méditerranéenne lorsqu’elle chante le bonheur de vivre et d’accueillir ses amis dans la joie, avec des blagues, des fruits et des olives. Ce pays, c‘est la Tunisie, et puisque le printemps arrive, et qu’ils ont besoin de notre soutien comme nous avons eu besoin du soutien du monde après le 11 janvier, j’invite chacune et chacun à suivre l’exemple du blogger El Kasbah et à réserver au plus vite un week-end pour aller voir ou revoir ce pays, ce musée, cette fresque. Nous aussi nous avons été frappés, et nous espérions peut être pouvoir enfin tourner la page avec l’arrivée des beaux jours, retrouver une vie normale. Mais il n’y a pas de vie normale. Il y a la vie tout court, celle que nous devons vivre avec dignité, celle qui demande des actes de solidarité avec nos frères tunisiens. Pour qu’à nouveau, pour que toujours, come au temps d’Ulysse et de Virgile, la Méditerranée ne sépare pas les peuples, mais les relie.

Méditerranée

ce qu’il y a de plus beau


Juste une image, aujourd’hui. Pour que la douleur la plus violente n’ait pas le dernier mot. Soleil brûlant comme ce trou dans mon âme. C’était à Manille, une photo prise depuis mon balcon, au soleil couchant, vers 2003-2004. Face à la baie, « Nous aurons dit souvent d’impérissables choses » etc. (Baudelaire, Au Balcon). La poésie n’était pas un art, c’était l’écrin même de la vie. C’est vers cela qu’il faudra tendre, lorsque les mots reprendront du poids, de la forme et de la consistance, lorsqu’il sera de nouveau possible de les tailler pour construire avec eux quelque chose qui tienne. A cet enfant que l’a vie m’arrache aujourd’hui, je veux offrir ce qu’il y a de plus beau. Puisque le soleil nous dévore, il faudra plonger avec lui tout au fond de l’espace,  prendre tous les risques, et chercher, chercher sans fin ce qui est déjà là. Fondre dans sa substance. Accueillir ce qui naît. Le seul remède à la douleur, c’est de la consumer.

Le soleil je rêve

Tintin à Madagascar


Rentrée tout en rondeur et de bonne humeur, sous prétexte d’aller tester des procédures de crise au bord de l’océan indien. Maurice, Madagascar : quand le travail stimule au lieu de fatiguer. Jusqu’à l’arrivée d’un nuage de criquets, qui nous précipite aux fenêtres avec des cris d’enfants, l’ambiance est vibrante et productive comme celle d’une ruche. Lorsqu’on atteint sans effort un haut degré de concentration, que les actions s’enchaînent avec naturel et fluidité, lorsque la plus grande rigueur n’exclut pas les fou-rires et que la discipline d’une équipe entière évoque le sport plus que le militaire, on sait que l’on vit un moment de « flow » décrit par Mihaly dans « Vivre », l’un des livres fondateurs de la psychologie du bonheur.

Et c’est un bonheur aussi de vivre cela si loin de chez soi, parmi des gens issus de cultures si différentes, mais qui s’harmonisent entre elles avec la suavité des consonnes et des voyelles adoucies dans l’accent créole. Ici, l’intelligence collective se respire parmi les parfums de vanille et les brises marines.

Créole aussi l’humour si particulier, léger, moqueur avec bienveillance, l’humour des îles.

J’en veux pour témoignage ce « Tintin à Madagascar »,(lien ici)  fausse couverture servant de décor aux boîtes de marqueterie vendues à l’aéroport. Délicieusement parodique, l’objet remise au musée de la ringardise le « Tintin au Congo » de honteuse mémoire. Au mépris colonial répond la subtilité, doublée d’un savoir-faire artisanal exceptionnel.

 Tintin à Madagascar 3

Les malgaches que j’ai rencontrés ne se croient pas obligés de tordre les commissures des lèvres d’un air sinistre pour paraître professionnels, puisqu’ils le sont. J’aimerais tant que la Banque Mondiale et le FIM s’en aperçoivent pendant qu’il est temps de stabiliser un pays qui se relève à peine d’une période agitée.

Comme Tintin, personnage aux deux visages, l’un noble et solidaire, l’autre ignoble et donneur de leçons, choisissons celui que nous voulons incarner. Mais choisissons vite.

A propos de ruches, coup de cœur sur un sujet qui n’a rien à voir : c’est la saison du miel. Bonjour à mon ami Jérôme Veil, happy-culteur et fondateur de « Miel de quartier » (lien ici).

Soudain la poésie revient


Soudain, la poésie revient. Par le roman. Les bons, ceux qui vous réconcilient avec le plaisir égoïste de la lecture, communiquent par mille interstices avec des univers parallèles au nôtre, plus vastes et plus intenses. Un jour de pluie, ce plaisir redouble. On se laisse envoûter par les personnages, la narration, le rythme des phrases, tandis qu’au-dehors crépite l’averse. Et si ce roman sait comme nul autre évoquer un paysage gorgé de pluie « pendant que la nature toute entière – feuilles, gouttes d’eau sur les feuilles, rochers, gouttes d’eau sur les rochers – resplendit sous la lumière d’un matin neuf, … », alors, c’est « mot compte triple ».
Neuland, le troisième roman d’Eshkol Nevo (Gallimard), est de ceux-là. C’est un roman qui vous donne envie de respirer l’air du grand large, à pleins poumons. Quand vous êtes-vous réveillés pour la dernière fois avec l’envie de découvrir un Continent ? Pas une destination, pas un pays. Un Continent, avec un C majuscule et des montagnes hautes comme ça, des cataractes et des lacs les plus hauts du monde, où des gringos paranoïaques soignent leurs blessures de guerre dans des plantations cernées de cactus.
Avec Neuland, on se laisse embarquer sur des sentiers sillonnés d’agents secrets qui n’en sont peut-être pas, d’un fils à la recherche de son père happé par un rêve de chamane, on cahote sur des routes périlleuses en compagnie de la petite-fille d’une immigrante échappée de justesse à l’holocauste, et d’un guide local qui comprend comme personne l’âme des rivières. Des itinéraires passant par Jérusalem, Berlin, l’Amérique latine et des bribes d’Australie convergent. Aucun des personnages ne demeure dans le pays de sa naissance.
De page en page, l’horizon tout entier s’emplit de quelque chose d’énorme et de captivant. Destins croisés, permis de rêver. Ainsi, cette description des mystérieux dessins gravés par la civilisation Nazca, d’une échelle si grande que certaines interprétations n’ont pas hésité à parler d’un « message » adressé aux extra-terrestres, ou conçu par eux. Mais l’humain conserve toute sa place, même au cœur du merveilleux. « Au début je ne voyais que du sable. Mais elles ont commencé à apparaître. Les formes. Le singe, l’araignée, l’astronaute. (…) et brusquement, j’ai eu le sentiment que toutes les explications données à ce dessin n’étaient pas valables. Qu’ils n’avaient été exécutés que pour le prodige (…) parce que le rêve doit toujours demeurer impossible, hors d’atteinte. »
L’émotion, l’éblouissement esthétique revigorent les enfants d’un monde fatigué. « (…) dans cette immensité, leur énorme véhicule ressemble à un criquet face aux arbres élancés, aux hautes montagnes et aux vallées encaissées, où l’eau vive coule, et non un égout. Et le soleil resplendit entre les nuages, léchant le lac de ses rayons. Et cette couleur ? Pas vraiment bleue, pas vraiment verte. Violacée. Pas de vagues sur ce lac, pas une écume. Une petite barque fend doucement les flots, dessinant à sa proue un point d’interrogation. Quand un tel éblouissement esthétique l’avait-il ainsi remué pour la dernière fois ? »
Sous nos yeux les personnages s’ouvrent et se transforment, attachants, désorientés, venus d’un pays si petit, cerné de tant d’hostilité, qu’il se donne pour horizon le plus vaste monde et pour profondeur, l’histoire. On s’enfonce avec eux dans la jungle et l’on retrouve des pans de sa propre expérience, au nord des Philippines, sur les flancs d’un volcan à l’ambiance de Vol 747 pour Sydney (the Banahaw protocol, ici). L’expérience acquiert une texture particulière, poétique dans sa présence au monde.
« Plus ils s’enfoncent dans le monde des plantations plus les traces du monde civilisé s’effacent. De temps à autre, un cheval sans cavalier apparaît entre les arbres. De temps à autre, une cabine téléphonique dépourvue de combiné se dresse sur le bas-côté. Les routes sont creusées de cratères comme la surface de la Lune. Et parfois, elles s’arrêtent d’un seul coup : devant un barrage ou la jungle. (…) les buissons et les arbres s’enchevêtrent au milieu des milliers de branches et de feuilles sur lesquelles la pluie incessante joue un concerto pour gouttelettes. Le bruit des gouttes tombant sur une feuille – il s’en rend compte au bout de quelques jours – est différent de celui des gouttes glissant sur une branche, différent des gouttes heurtant un blouson, différent de celui des gouttes tombant dans les petites flaques accumulées au pied des arbres. L’eau coule sans cesse, de toutes parts, au point qu’il est difficile de distinguer le fleuve de ses affluents. (…) Avec l’expérience, on parvient à deviner l’arrivée de la pluie, lui racontent d’autres randonneurs. Avec l’expérience, on apprend à distinguer les couleurs des différents nuages.»
Un roman-radeau, pour partir à la dérive sur un fleuve de mots et d’images. Laissez-vous tenter.
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Rire avec Plonk et Replonk


Soif de couleurs, envie de rire. La météo nous annonce moins quinze degrés pour vendredi, un temps à ne pas mettre une famille de cosmonautes dehors pour paraphraser la (célèbre?) cartes postale de Plonk & Replonk. Leur « percement de l’Arc de Triomphe par le Baron Haussmann » signalé par le blogger Jean-Louis Foucart écrase de toute son absurdité les discours distillés depuis Davos, face (mal) cachée de la Suisse. Le rire, surtout lorsqu’il est bienveillant, est un grand facteur de résilience, et pour l’équilibre il y a bien sûr la Balance bretonne.

Envie d’azur et de nuages flottant haut dans le ciel, envie d’aller voir aux Philippines si le ciel est toujours aussi bleu vu depuis le fond de la mer, si les corps cosmiques tournent toujours plus vite au-dessus de nos têtes et sur la plage de Boracai, envie de goûter des mangues éclatantes et des sourires complices.

Envie d’épouser l’énergie de ce monde qui vient, parfois sans doute un peu trop vite. Ah va pour le vertige!

Toutes les villes mouillées se ressemblent


Toutes les villes mouillées se ressemblent. Elles parlent entre elles un langage secret, connu d’elles seules, une chanson sussurée à l’oreille du voyageur. Chacune a sa couleur, sa pudeur sous la pluie, une histoire intime et subtile courant par les rues ruisselantes.

Dans cette ville d’Europe, les passants se pressent d’écraser de petites bulles grises. Pensées pliées, c’est la rentrée; déjà perdues, reviendras-tu?

Toutes les villes mouillées se répondent. Au matin, leur visage a retrouvé sa fraîcheur. Une odeur nue de feuilles au sortir du métro crie l’enfance. Une chanson commencée là-bas revient. Rêver, revivre, aimer. Sous les parapluies, des visages.

So chic, un bus au rouge impérial éclabousse la foule d’eau sale, avec de vrais morceaux de reflets coupants comme du verre. Le faux sang se répand dans les flaques de néon. Une femme saoule se fait arracher son sac et vomit. Luxe et rage. Courir après les taxis noirs, méditer un polar. Pluie mesquine, assassine.

Asie. Sur le trottoir un enfant court. Un fou se savonne en riant. Le bruit feutré des pneus fait claquer l’eau des flaques. Après, le soleil brûle. Les femmes des quartiers nord se lavent. Cheveux mouillés, tordus, rincés. Comment les dessiner? Lèvres, épaules, et le pli du bras. Toutes les villes mouillées correspondent, les toits de zinc et la tôle ondulée rouillée grisée. Couleurs clinquantes, get a bigMac.

A Lisbonne, un pavé dépasse. Les rails du tramway brillent sous l’averse électrique. Ici, les gens n’ont pas de corps, leurs vêtements se déplacent. La nuit se répand, jaune et grise. On ira voir Bosch au musée, des porcelaines chinoises et des paravents japonais. Maisons bleues, roses, moussues de vert. Moisir a quelques avantages.

A Paris, du haut de la grue, trois corneilles plongent dans le couchant, décrivent un large arc de cercle et percent la muraille plombée des nuages. Croire à l’éclaircie. Les villes et les souvenirs se séparent.

The Banahaw protocol


Appreciative living is an art Filipinos have mastered and kept improving ever since the remote days when heir ancestors were building the rice terraces. Indeed I can sense a strong connection betweeen NLP, or neuro-linguistic programming as a way to connect with the world of our sensations and emotions, and what they call « Kapwa ». This is a story about finding the new Jerusalem in the jungle, and enjoying ll of it tremendously.

The day before I left Manila for the lush slopes of Mount Banahaw, a bitter American handed me a CD with all sorts of recommendations the business community had prepared for the new president of the Philippines. His disappointment was obvious, as he uttered “this is our last attempt to make policy for this country”. Indeed, his intentions were good. Many years ago, even I had shared some of these hopes for a better, more efficient, fairer business environment. But this was no longer the case. No longer did I dream of changing this place and these people against their own will, or lack of it. I was going back to Banahaw to connect with this country on a different, deeper emotional level. If anything was to change, it would have to come from the heart, not from any sort of rational, however thoroughly prepared blueprint. Things would happen at their own pace.


Besides I was there to learn, not to teach. Having just completed my coaching and Neuro-Linguistic Programming studies, I was coming here to close a cycle and “live the experience”, whatever this entailed for me. Last winter, on several occasions during the NLP exercises, I had come back to that place in imagination, building it as an anchor, a source of joy, inspiration and positive energy. Now, I was going back for real, and I was looking forward to trekking in the forest with my friends, enjoying a bit of physical exercise among the unique flora (oh, the rafflesia banahawensis).

On my first trip to the Philippines, in the mid-90ies, my friend Jeannie Javelosa started telling me about the mysteries of Mount Banahaw, a place considered sacred by many Filipinos and spiritual-minded people around the world, including Tibetan and even Catholic monks, who would congregate there to meditate and revel in the place’s psychic energy. She would tell me how the inactive volcano was renowned among those circles for the healing powers of the water streaming down its slopes and the spirits supposedly roaming in its forests. Most amazing was the web of superstitions and legends that surrounded the place like the clouds hiding its summit from the eyes of the trekkers. What made the story even more compelling was the contrast with the nearing Mount Cristobal, a place of dark energies where some people were said to be practicing black magic. Indeed, the Philippines had become a very fashionable place among New Age communities. Pilgrims started coming from all over the country, until the Department of Environment had to close down most of the trails leading to the summit until such time that the place regenerates itself. Today, some of the best pictures of Mount Banahaw and its rare flora can be seen on Youtube.

As for me, always a taker for a good story and a lover of nature, I was mostly excited at the perspective of spending a week-end in the mountain, enjoying the fresh air far from the unbearable pollution of Manila. The first time I finally got there with Jeannie, we met a fantastic story-teller who would rant on and on about the mountain spirits, dwarves, elementals and even UFOs making appearances in this “New Jerusalem”. Never mind the fact that the guy got a bit carried away in his own tales. For me, what made this experience memorable was the deep yet fun conversations with my friends, the walks in the mountain and the practice of yoga on a balcony overlooking the landscape. Jeannie’s house was perched high above the forest, and from there the view was breathtaking. As we went through the various yoga movements, I was enthralled by the smell coming from the flowers of a rare vine, the waves of green foliage filling the whole space all the way to the horizon and the view of the Mount Salakot just on the other side of the slope. Far from being the idyllic quiet spot in the mountains, the place was vibrant with the presence of numerous animals, birds and insects whose voices came together in a noisy background. In the middle of the night, for no apparent reason, and the sunrise being still hours away, roosters – dozens of them – would start crowing, as if sounding the alarm for some mysterious presence, thus waking up all the dogs who would start barking furiously for hours. In the morning, exhausted, I spent an hour looking at a procession of ants going up and down a branch, my eyes moving ever more slowly until I was captivated by a drop of water bending a leaf under its weight. I became aware of all the nuances of green, as I walked down the moss-covered steps carved in the old volcanic reddish stone. The place was eerie. It reminded me of the strange island where Tintin and his companions are taken hostage in the album “Flight 747 for Sydney”. The comparison was not entirely absurd, as I was told the next morning there were some rebels hiding on the other side of the mountain. UFOs, on the other hand, did not manifest themselves.

Back in France, I kept returning to Mount Banahaw in my mind whenever I would look for a peaceful – and powerful – resource-image. During my training in Neuro-Linguistic Programming (NLP), I would meditate in a giant lotus flower shaped after the memory of the vine flowers growing under Jeannie’s balcony, my mind wandering over the mountain’s green crests.

Of course, I was excited to go back there during my latest trip to the Philippines. My coaching teacher, Nicole de Chancey, used to say that no learning process would be complete until we “had it in the muscles”, so it was a wonderful experience to practice yoga in Jeannie’s high-perched house after a particularly long trek to the dark mount Cristobal. My friends compared disciplines, the Asian and the Western approach, meditation, NLP, while sitting on our yoga mats on the balcony. They told me about Kapwa, the sense of the other in the self, which is a mode of perception more than just an concept. True enough, my muscles had stored all these memories, and they all came back. I was now ready to become a teacher and a healer myself. Having given up on the idea to change this country and its people, they opened up to me and started sharing their secrets. Alas, the bitter American would never understand. These were not things you could store on a CR-Rom.





IF YOU WAN TO KNOW MORE ABOUT MOUNT BANAHAW:

http://www.pinoymountaineer.com/2007/08/mt-banahaw-2158.html

http://www.malapascua.de/Volcanoe-Map/Mount_Banahaw/hauptteil_mount_banahaw.html

http://en.wikipedia.org/wiki/Mount_Banahaw

Mount Banahaw (alternative spelling: Banahao or Banájao) is one of the active volcanos in the Philippines. Part of a volcanic group, it is located along the boundary of Laguna and Quezon provinces, on the island of Luzon, in the Philippines.
The mountain and its environs are considered sacred by the local residents because of its « holy water », which allegedly have beneficial qualities, issuing forth from local springs and its « puwesto s, or the « holy sites ». These are composed of unique, natural features such as rocks, caves and springs with shrines erected in, on or around them, their location having been revealed to a man in the Spanish Era by the Santas Voces or the « Holy Voices ». It has another of this mountain and it was named as Mount Banahaw de Lucbán.

The term Banahaw is not known to many people but some beliefs attribute it to the description of a holy being. This mountain has a rock with the footprint of an unknown being and supposedly, this was the origin of the name of the mountain. Banahaw is very close to the modern Tagalog words banal (holy, sacred, divine) and daw (a word used in quoting another speaker; when appended to sentences, daw indicates slight disbelief or uncertainty in the veracity of the quotation’s content). Combined, the two words mean « [it is] probably/supposedly sacred ». The way the phrase was transcribed in Baybayin, the ancient syllabary used in writing Tagalog prior to the introduction of the Latin alphabet, finally produced the term  » Banahaw

Back in the Philippines


And so I am back in the Philippines, surrounded by familiar and unfamilar faces. It starts in Abu Dhabi airport, as hundreds of Filipinos working in the Middle-East, otherwise known as Overseas Foreign Workers (OFWs), prepare to board the plane. A unique ambience, made of excitement and nostalgia, as the accumulated pain and repressed fears comes closer to the surface. Some of these people have not been home for years. They long to see their relatives, to feel home again, and safe. That feeling is so palpable and moving, even a foreigner like me gets the goose bumps.

Then in Manila, the pervasive sound of laughter bubbles up around me, in malls, in elevators, in meeting rooms, in the street. People keep laughing all the time, about anything, and this is so refreshing. Its a question of attitude, a way of looking at life.

My French friends find it hard to believe I am actually here for work, but how can I ever explain how much work here can at the same time be pleasure? French companies based here know about this unique mix of professionalism and joie de vivre, as can be seen on their facebook page. Go for pink and apple green, ye super-accountants, engineers, managers!

When you are really good at what you do, and you work so hard, you can afford to go a little crazy from time to time.

And of course the culinary trip to pampanga with a bunch of ladies and art-buffs, the Beti church, Art-Nouveaux houses lost in the middle of dusty villages and the splendid swamps where birds come from all over Asia. As always the best stories come at sunset, like the great-grand mother who would be taken out of her grave by the villagers once a year for all saint’s day and exposed for a couple of days until she was authorized to go back rotting undergrouond. Now I understand better the crazyness of certain Filipino movies.


And by the way, who murdered the cute little turn-of-the Century koleyiala?

Ecrire dans la ville avec Yuthinai


Buencarmino rebondit aujourd’hui du corps vers le langage, avec un second coup de coeur à Yuthinai.

Yuthinai c’est le blog d’un prof de français qui s’est donné pour mission de donner le goût de l’écriture aux enfants du lycée français de Bangkok. Pendant un an, le professeur et ses élèves ont exploré ce que peut l’écriture. On voudrait en citer de longs passages mais le mieux c’est d’y aller vous-mêmes. Les textes des collégiens et lycéens sont rassemblés en un e-book disponible sur le blog.

Alors que j’avais prévu d’écrire cette semaine un coup de coeur à Cendrars (patience), je m’aperçois en lisant les textes de ces enfants qu’ils en sont les continuateurs authentiques. Si le voyage, ou plutôt la « bourlingue » façon Cendrars constitue l’un des thèmes littéraires majeurs du XXème siècle, aujourd’hui, c’est le séjour de longue durée qui permet l’immersion dans un climat, dans une société différentes pour en ramener des pépites. La déterritorialisation du regard passe par cette expérience. Parcourir le monde à toute vitesse ou s’accorder la lenteur pour infuser dans le jus d’un autre pays, d’une autre ville? Il faut se laisser mouiller par l’Asie, connaître toutes les sortes de transpiration, la sienne et celle des passagers dans le bus, voilà ce dont nous parlent les enfants de YuthinaÎ. Courez-y vite!

Citation :

« Le blog cherche à mêler différentes voix par sa thématique, son but : interroger la ville où
nous vivons, à travers une écriture de type intégrant le multimédia et la réactivité, et
mettre cette recherche en relation avec les textes d’auteurs que nous sommes amenés à
lire, ainsi qu’avec le programme. Ce n’est donc pas un blog « perso » mais délibérément
collectif.
Pour plus de précisions sur l’approche et les finalités, voir la page Pourquoi ce blog
. »

Et ceci, qui devrait vous donner envie de plonger dans la fraîcheur d’une parole en train se de découvrir :

« Ce blog part d’une envie de défendre, dans la profusion de nos écrans et de ceux des
« digital natives », une lecture dense, source de sens, de profondeur, de plaisir à plonger
dans la complexité du monde ou d’explorer la complexité des rapports qu’on tisse avec
lui, et ce dans la pratique hebdomadaire de la discipline « français ». »

A nos amis du bout du monde, kop khun kha. Merci.

Dogons force et mouvement


Les Dogons, donc, en créateurs de formes à la plastique étonnante, riche et variée, connectant l’âme à des profondeurs inhabituelles où les jeunes initiés vont chercher des ressources symboliques, et puiser du courage pour affronter le côté coupant de la vie.
A chaque civilisation ses rituels, ses mythes structurants (et là, on a tout dit en matière de grands mots, voir ci-dessous l’article « Oedipe, la PNL et le Bulul »).
Contentons-nous maintenant des images.

Le corps humain, la limite et le Bulul


Dessiner le corps humain, c’est se mettre en contact avec les forces animales et les canaliser dans une forme sensible, intelligible, qui contient la vie. C’est se confronter à ses propres limites, et laisser faire en soi le travail de la rouille.

« Depuis l’école maternelle et jusqu’en taule, l’Homme ne peut s’empêcher de dessiner. De Lascaux à Chelsea, l’Homme est l’animal dessinateur » écrit ainsi Serghei Litvin, fondateur de la Foire Internationale du Dessin.

Les dessins sont posés à plat sur des tables, ce qui facilite la discussion avec les étudiants des Beaux-Arts. On fait de belles rencontres, on feuillette les carnets. Combien d’entre eux trouveront la force de persévérer, malgré l’indifférence, la solitude, la tentation d’abandonner? Les questions qui surgissent au détour d’un trait, la colère qui sort, parfois, tout est là, dans l’épaisseur et le murmure des ombres. L’animal dessinateur va chercher dans l’ombre un matériel qu’il ramène en pleine lumière, au risque qu’il se dessèche. Comme dans la PNL, ce qui compte, c’est bien d’aller vers la lumière. De l’enfant vers l’adulte et de l’informel vers la forme assumée.

Dessiner, c’est ainsi prendre un risque et sortir de l’indifférencié. Créer des espaces, dedans-dehors, comme on trace des frontières. Jouer à se faire peur : ce qui sort de la boîte, aimable ou monstrueux. Il y a là quelque chose d’initiatique, mais sans le rituel et la réassurance qu’apporte le groupe (dans la tragédie grecque, le chœur assume cette représentation de la limite). Les cultures traditionnelles formalisent cet apprentissage, la rencontre des frontières et le sens inscrit dans l’espace. Je pense aux Ifugaos, montagnards du nord des Philippines, autour de Banaué.

Oedipe et le Bulul

Oedipe à Banaue, chez les Ifugao. L’ombre portée du mythe, oracle à qui veut bien l’entendre. Ensuite, sa jeunesse passée, il pourra bien se crever les yeux, partir en exil. On écrira des tragédies sur lui. Au fond, c’est l’histoire d’une initiation ratée. Les Dogons s’en sortent mieux (voir article suivant).

On recommandera aux jeunes de se placer sous la protection d’un tel oracle : il y a tout à gagner dans la fréquentation du Bulul, dieu des récoltes et farouche gardien des limites. S’ils n’ont pas la force plastique et l’expressivité des Dogons, les sculpteurs philippins de Banaue capturent tout de même l’essentiel dans la représentation d’une force bienveillante. A l’imagination de compléter.

Lola en DVD


Lola, le film de Brilante Mendoza sur les deux grand-mères Philippines aux destins croisés, vient de sortir en DVD. On en parle sur Discobus, un extrait :

« Amateur de voyages ? Alors, il vous suffit de regarder les films de Brillante Mendoza, réalisateur philippin, et vous serez au cœur de Manille avec les Philippins, ce qu’aucun tour-opérateur ne pourra vous proposer.
Lola (qui signifie ‘grand-mère’ en tagalog) est un film qui tient davantage du documentaire que de la fiction. C’est l’histoire de deux grands-mères. La première met tout en œuvre pour donner une sépulture à son petit-fils tué par un voleur de gsm. La seconde est la grand-mère du meurtrier et se bat pour le faire sortir de prison avant son procès. (…). Ici, dans « Lola », c’est l’émotion, la retenue, la dignité.

A voir aussi : John-John, la dernière journée d’un enfant dans son « foster home » avant d’être adopté par un couple d’américains. J’aime beaucoup la manière respectueuse de filmer cette famille pleine de dignité : le père travaille, le fils va au collège, chacun s’occupe et fait de son mieux. Mendoza casse les clichés pauvreté = drogue, alcoolisme, déchéance. En attendant la sortie à Cannes de son dernier, Captured, avec Isabelle Huppert. Et puisqu’il n’y a pas que des bidonvilles dans ce pays, voir aussi Limbunan de Gutierrez Mangansakan, qui se passe en milieu rural.

Et ne pas oublier aussi « L’éveil de Maximo Oliveros« , d’Auraeus Solito, un film plein de fraîcheur qui avait enchanté les cinéphiles en 2008.

coaching en couleurs


Lorsque je me suis lancé dans ce blog, je n’imaginais pas combien deux de mes centres d’intérêt principaux, le coaching et la couleur, finiraient par s’entremêler en un thème riche et puissant, par la voie de la PNL.

Sur la couleur, je recommande fortement la lecture de Michel Pastoureau, dont le tout dernier : les couleurs de nos souvenirs, m’enchante.

Je cite ici un extrait de l’article que lui consacre l’Express :

« C’est toutefois par un souvenir relatif à l’auteur de Nadja que s’ouvre son dernier livre : « Un homme plus âgé que mon père, pourvu d’une énorme tête et vêtu d’un gilet jaune. » Et l’historien de remarquer qu’il ne peut vérifier, les photos de l’époque étant en noir et blanc, la fidélité de sa mémoire d’enfant. « Au fond, peu importe, conclut-il. André Breton restera toujours dans mes souvenirs associé à une certaine nuance de la couleur jaune, et, avec lui, l’ensemble du mouvement surréaliste. » C’est là un des fils conducteurs de ses recherches : il y a un arbitraire de la signification des couleurs parce que, en elles-mêmes, elles n’en ont aucune.  »

La PNL nous apprend à découvrir le lien entre les images que l’on crée en imagination et le ressenti, ancré dans le souvenir et dans le corps. Cette pratique m’a tout de suite parlé. Dès le premier jour, je me suis souvenu d’un soir où, rentrant de l’atelier de modèle Aracanthe, j’ai commencé à retravailler des pastels. Une joie profonde m’envahissait, différente de la satisfaction que l’on peut éprouver dans le geste de dessiner : c’était bien la couleur, le fait de poser la couleur, qui m’emplissait d’une telle joie. J’aurais éprouvé la même à repeindre un mur ou n’importe quelle surface. Le plaisir de la couleur pure, indépendamment de la forme.

Et voilà pourquoi je m’étonne que l’on évoque si peu la place de la couleur dans l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat. Nous en avons reparlé avec Alain Cayrol. Aujourd’hui, et de plus en plus, je crois que c’est la puissance émotionnelle de la couleur qui suscite une indicible frayeur chez nos grands rationnels tenants de l’Art Contemporain, et je fais le pari d’un nouveau cycle, où la couleur nous reviendra par le sud.

Le coaching nous enseigne à nous connecter avec toutes les provinces de l’âme. Chacune a sa couleur, sa vibration, son rythme particulier. il ne tient qu’à nous de les accueillir avec bienveillance et curiosité.

Osez! Le voyage en vaut la peine.

Rire aux Philippines


Je me demandais que rapporter des Philippines.

Le rire, bien sûr, comme ce master qui pratique le yoga du rire sur des policiers.

On lui enverrait bien un billet d’avion pour le championnat mondial d’empathie, avec visa indéfini.

Manille remix


En route pour Manille!

Que rapporter, sans appareil photo? Des dessins, des odeurs, des sons, des couleurs, des saveurs et surtout des conversations entrelacées les unes aux autres comme ces paniers que tressent les femmes des montagnes.

La jeunesse d’Asie regarde l’avenir droit dans les yeux, affronte courageusement les obstacles et rit, rit, rit à pleine gorge. Mashable Manila : le remix créatif est-ouest ne vaut pas que pour la mode.

Travailler avec eux, c’est un plaisir, un honneur, une récompense.

J’aimerais tant que l’on regarde aussi ce côté-là, cette énergie bouillonnante, sans nier la pauvreté, la saleté repoussante, la pollution qui vous pique les yeux, vous brûle les poumons. Juste une question d’équilibre.

Que l’on rende justice à leur diginité. Et pour ceux qui n’ont pas le temps ou le goût de s’y rendre, allez voir les films de Brillante Mendoza, en commençant par le bouleversant John John ou Lola, celui sur les deux grand-mères, sorti l’année dernière. Je n’avais encore jamais vu autant d’empathie dans un traveling.

Spot Philippines


Explosive énergie  du Sud
Surfant sur le code et l’image
Pour les kids un spot idéal
Dramang drama, fashionista!


Frères humains que rien n’efface
Au matin quand revient la vie
C’est votre sourire à mes lèvres
L’hiver à s’en mordre les doigts

Contre-plongée vers la surface
Dans un nuage effervescent
De bulles, remonter, comme on naît,
Vers le soleil des Philippines