Archives de Catégorie: Dessin

Colère, langage et poésie (suite)


Et la poésie ?

La poésie, c’est la fraîcheur. Ce qui naît à l’horizon du silence, un calme propice à l’appréciation de la beauté. Ce que l’on vient chercher sur cette île, dans les marais rouillés, sur ses plages pailletées d’aluminium au couchant, et qui donne l’énergie de monter jusqu’au sommet du phare des Baleines pour l’éblouissement qui nous attend, tout là-haut. Après l’étroit escalier en colimaçon, déboucher sur la plate-forme à 360 degrés et contempler la houle de mer roulant à l’infini ses muscles bleus. Savourer la profondeur de cette immense masse liquide qui s’étend jusqu’à l’autre bord, les côtes des Amériques, peut-être Martha’s Vineyard. Rêver de cette île-soeur, ancien repère des chasseurs de baleines où mon amie G… va parfois se ressourcer. L’amitié se superpose à la splendeur du paysage, ses secrets ne sont pas moins profonds que ceux de l’océan.

Avoir l’Atlantique en partage, aimer, se souvenir. Voir déferler les vagues et ne pas s’en lasser. (Il y a de la poésie dans la vitesse, comme dans la lenteur). S’immerger dans tout cela, comme on se lave. Laisser se dissoudre les anciennes formes, les appréhensions, fondre avec bonheur dans la masse du monde.

Romain Rolland appelait cela le « sentiment océanique ». La méditation pratiquée avec persévérance permet d’atteindre cet état de communion avec l’univers, sans limites, où rien ne pèse : croyances, devoirs, identité, rien à quoi s’accrocher, rien à défendre. Un état où la vague, pour reprendre la vieille métaphore bouddhique, ne se sent plus séparée de l’océan.

 

L’erreur de beaucoup d’occidentaux, précisément, est de s’attacher à cet état bienheureux, au point d’en faire l’objectif de leur quête, et de culpabiliser lorsqu’ils ne parviennent pas à l’atteindre. Le véritable but de la méditation n’est pas de s’évader ni de cultiver l’hédonisme, une tentation que relève Yves Michaud dans une récente interview au Monde.  Le premier but de la méditation est de prendre conscience que tout est lien, relation, et que nous sommes au cœur de cela. D’accueillir tout ce qui est là puis, dans un deuxième temps, nous détacher de toute convoitise. J’ai moi-même partagé cette erreur, jusqu’à cet été, lorsque mon hôte m’a donné à lire Mark Epstein (Pensées sans penseur) et Jack Kornfield (Bouddha, mode d’emploi pour une révolution intérieure). Ces deux psychologues américains explorent chacun à sa manière les convergences entre la science occidentale et la pratique orientale de la méditation. J’y reviendrai.

La poésie, c’est aussi la capacité d’intégrer l’anxiété, la douleur et la laideur inévitables. Avec humour et bienveillance. C’est la beauté des contrastes, régie par d’invisibles contraintes. C’est un jeu, c’est faire comme si. Comme font les enfants. On dirait qu’on serait des pirates, ou des princesses. On irait sur la lune.

La poésie incarnée, c’est Tintin, son enthousiasme juvénile, sa fraîcheur naïve mais toujours motrice, un mouvement porté vers la résolution des intrigues ou des mystères.  C’est le professeur Tournesol, soulevé de terre par une boule de feu au milieu d’un désordre indescriptible, dans les Sept boules de cristal. C’est l’audace et la soif de justice. Et ce sont aussi les jurons du capitaine Haddock.

C’est « mille millions de mille sabords » et c’est la ligne claire, obtenue à force d’un travail ambitieux, difficile, qui cherche et parfois trouve une expression plus rare, plus forte et plus précise.

C’est la grâce, l’éternelle jeunesse.

Un problème bien dessiné est déjà à moitié résolu


Avez-vous parfois l’impression d’être débordé par les événements? De bouillonner d’idées, d’envies, de projets, sans savoir par où commencer?

L’un des pères de la psychologie du bonheur, Mihaly Cszickszentmihaly, explique dans « Vivre » que le simple fait d’établir de l’ordre dans son esprit compte parmi les plus importants facteurs de bien-être. Construire une représentation structurée des événements, c’est la première étape pour ne plus les subir. Les amateurs de mind mapping, ou cartes mentales,  ont fait l’expérience de l’apaisement que procure l’action de « dessiner son problème ».  L’effet sur l’esprit est comparable à la vision d’un tourbillon de feuilles mortes soulevées par le vent, qui composent en retombant au sol un motif structuré. Les idées, les émotions mêlées qui dansaient il y a encore un instant devant nos yeux trouvent chacune leur place, et nous éprouvons un sentiment de pouvoir sur notre vie du simple fait de les contempler, ainsi ordonnées.

Comme pour beaucoup d’activités manuelles (bricolage, cuisine, …) les neurologues expliquent que ce sentiment d’apaisement et de sérénité vient de la coordination entre le cerveau et la main, qui s’établit à travers les nerfs dans le geste de dessiner. C’est vrai, mais cela ne dit pas tout.

Explorer les enjeux, mettre à la bonne place les valeurs, les objectifs et les options, poser des ressources en face des obstacles et leur donner du poids procure un sentiment d’équilibre et de clarté. En coaching, j’utilise beaucoup cette technique comme support d’un dialogue fécond, où le client s’aperçoit souvent qu’il a bien plus de prise sur la situation qu’il ne le pensait au départ.

Mais comment s’y prendre? On commence par tracer des branches autour d’un centre rayonnant, dans lequel on aura préalablement tracé un symbole ou quelques mots résumant le problème à résoudre, puis on développe, branche par branche, en affinant les détails.  Il est important de bien suivre la méthode inventée par Tony Buzan, surtout au début. En revanche, il n’st pas nécessaire de savoir dessiner : c’est à la portée de tous.

Je donne ici un aperçu d’une carte mentale réalisée suite à un entretien avec un ami qui voulait se lancer dans la peinture et ressentait le besoin d’approfondir sa motivation (la version complète et la méthode peuvent être téléchargées depuis Slideshare, Slideshare mind mapping : http://fr.slideshare.net/RobertdeQuelen1/leadership-visuel-et-mind-mapping)

Mais le plus amusant bien sûr c’est de passer à l’action!

le projet du peintre

Sympathy for the Belgians


I love Belgians, and it hurts me to think they only just nearly escaped a major terrorist attack. Belgians are warm, fun-loving, unpretentious people. Belgium, together with Italy, was the birthplace of European painting. Patinier, Jan Van Eyck, Rogier van der Weyden, Juste de Gand, Hugo van der Goes, Hans Memling, Dieric Bouts, Gérard David and all the early Flemish paintings offer a good reason for God to restrain from destroying this planet even if he was very, very angry with us. There is so much tenderness in these “Virgins with child” or in the “double portrait of Arnolfini and his wife” (link here), which heralded the invention of intimacy. And then there is Hieronymus Bosch with his terrifying visions, and there are the Brueghels whose images are bursting with life, and if that is not enough there is Hergé, there is Tintin et Milou, and Captain Haddock, and the Dupont brothers. In the early albums, Tintin sometimes had incredibly racist remarks, but how on Earth could anyone possibly want to hurt the country of Milou?

There is a strong connection between Brussels and Paris. Before being the capital of E.U-Absurdity, Brussels was the place where Victor Hugo and other freedom-loving French escaped when the king’s or the emperor’s police were chasing them.

So, in the name of all the French people, I want to apologize for allowing the world to believe that we invented the French fries. We did not. The Belgians did. And so, we should launch a global campaign for the proper-renaming of the French, I mean, Belgian fries.

Otherwise, if you can read French and you are interested to know more about the representation of the prophet Muhammad across the Centuries, you may read this interesting article in Le Monde (link here) : “under which conditions does Islam authorize the representation of the Prophet”? In this article, we learn that the Sunna does not so much forbid representation as the worshipping of idols.  According to Silvia Naef, of professor of Arab studies in the university of Geneva, “what is being held against makers of pictures is that they are pretending to imitate (in French, “singer”) the work of God: the painter pretends to breathe life into matter that has been shaped by hand.” This would explain why photography is allowed, but not the re-creating gesture of the draftsman.

There is also an article in English about the same topic in Newsweek : link here.

I will not dwell into the comparison between Western painting, cartoons and Orthodox icons, which have different intentions, but clearly, neither Western paintings nor Tintin ever aspired to the status of idols. There is no real presence in them. They connect us with emotions and with life in the same way as a song may remind us of a beloved one.

Clearly, we are in the presence of  two very different, irreconcilable conceptions of the very act of creation, and this is fair enough. As the British say, let us agree to disagree on this. But let us also be clear about what we stand for.

I, with much gratitude, stand for Belgian fries.

Nous sommes Charlie


 

Donc, ce sera la guerre. Mais la guerre selon nos termes, avec nos armes. Nous cultiverons les liens, l’amour, le talent. La solidarité. Nous serons du côté de la vie, avec détermination, et ne céderons pas un pouce de liberté. Que la blessure nous aide à garder la conscience claire et vive. Que la joie revienne, vite, une joie lucide et forte. Nous retrouverons le goût de rire, non pas d’un rire grinçant, mais d’un rire qui libère.

Mais pour l’instant, c’est difficile. Gorges nouées des journalistes et chroniqueurs, ce matin, sur France Inter. La rage et l’incertitude. On parle, autour des machines à café : besoin d’échanger, d’être ensemble. La France est en état de choc. Les témoignages de solidarité affluent du monde entier et font chaud au cœur. C’est aussi cela qui donne la force de rester digne et de repousser la tentation de la haine.

Hier soir, j’avais prévu de revenir dessiner dans l’atelier de modèle d’Aracanthe, pour la première fois depuis trois ans.  L’ambiance était calme et grave, pesante et fermée comme les visages des parisiens dans le métro, dans les rues mouillées. Huit dessinateurs concentrés, le modèle enchaînant les poses toutes les deux minutes avec beaucoup de professionnalisme et de talent. Nous pensions tous aux journalistes et dessinateurs de Charlie Hebdo. Leur impertinence a  donné le ton de notre adolescence.  Plus tard, ils ont repris avec courage le flambeau de la liberté la plus extrême, nous autorisant ainsi à occuper largement tout l’espace du milieu.  On n’entendait  que le bruit des crayons et des pointes sur les feuilles, le tictac de l’horloge rythmant la durée des poses. Finalement c’est le modèle qui a pris l’initiative de rompre le silence, s’exclamant d’une voix pointue avec toute l’impertinence nécessaire  : « cette pose s’appelle « tu les aimes mes fesses »  (en allusion à la célèbre réplique de Brigitte Bardot dans le Mépris, et à la caricature qui en avait été faite). Tout le monde a éclaté de rire, la chape de plomb  s’est fissurée. On ne la laissera pas se refermer, ceci est mon vœu et ma résolution pour cette nouvelle année.

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Atterrir en douceur


Le bonheur est, avec l’amour, le seul territoire qui s’accroît quand on le partage. Plus on donne, plus on reçoit, plus on s’enrichit. Plutôt que de laisser l’appréhension du retour gâcher votre fin de vacances, (que vous soyez ou non partis, ou déjà revenus),  je vous propose aujourd’hui de pratiquer très concrètement la pensée positive, voire même de passer à l’action, inspirés par ces deux « coups de cœur ». Voici deux projets magnifiques, tournés vers le partage et la création. Le premier, ancré dans un quartier populaire de Clamart, est à la croisée de l’Economie Sociale et Solidaire et de la création. L e second est ancré dans le temps, et dans une communauté de créateurs, puisqu’il s’agit de célébrer les vingt ans d’Aracanthe. On reviendra bientôt sur le crowdfunding, qui permet de soutenir des projets en accord avec nos valeurs et nos envies, chacun selon ses moyens.

Premier coup de cœur : la maison de la Création : lien ici

http://www.bulbintown.com/projects/la-maison-de-la-creation/accueil

La Maison de la création, c’est le lieu convivial et ouvert à tous qui permettra à l’associationL’échelle de Soie d’accompagner encore mieux les familles du quartier et les créateurs locaux dans leurs projets artistiques à travers :
– une boutique de fournitures spécialisées, pour les artistes de tout poil en quête de pinceaux, toiles,etc…
– un espace d’exposition-vente dédié aux créateurs et artisans locaux,
– un atelier alternant cours, démonstrations, et créneaux en libre accès pour des rencontres et transmissions de savoir entre habitants
– et bien sûr un café poétique chaleureux pour se rencontrer et discuter autour d’une revue ou d’une de nos spécialités uniques au monde !  

 Deuxième coup de cœur : 

Le 4 octobre prochain, Aracanthe (lien ici) vous invite à célébrer 20 années de création, d’échanges, d’expériences, de rencontres sur le thème de la création artistique.  Le « passage à l’art » c’est ce moment où l’on ose s’affranchir de ses craintes, où l’on enjambe allègrement la barrière invisible supposée séparer les « professionnels » des « amateurs », pour le défi, pour « voir ce qu’il y a de l’autre côté ». Et vous, quand avez-vous fait quelque chose de nouveau pour la dernière fois?

Croquis de nus


Sans  le « ah » de la pose, le dessin ne serait qu’un échafaudage,  un mikado de traits juxtaposés sur le papier. Qu’on en tire un, tout s’écroule.

Lorsqu’elle évolue dans l’espace, ses pieds ancrés dans le sol en une posture asymétrique, son buste allant chercher la torsion maximale tandis  que sa nuque ploie, il arrive que les dessinateurs se perdent, absorbés dans la poésie de Sophie. Leur main plane au-dessus du papier, saisie  par la grâce.

D’autres fois, l’humilité du modèle palpite en creux, c’est un petit quelque chose qui semblerait s’excuser d’être là, au centre de l’attention, et qui continue de vibrer longtemps après qu’on a retourné le carnet de croquis contre un mur. Filet de voix, filet d’être.

D’autres fois encore c’est l’angle d’un pied, cocasse, impossible, irritant, qu’un trait rageur vient clore.
 

Pour qu’un vrai dessin naisse, il faut la magie d’une rencontre entre ces  deux choses rares : la proposition du modèle, habitée, vivante, et le regard du dessinateur, libéré de toute forme, happé, disponible.  Il faut la complicité, la tendresse, l’audace. il faut qu’un risque soit pris par amour des lignes.  

En somme, il faut que le corps et le regard soient également nus.Image  Lire la suite

Pour une journée internationale du corps


Coup de coeur pour le beau blog québequois « dessiner le corps » qui propose une journée internationale du corps. A suivre et à partager.

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Extrait : Pour une journée internationale du corps

Le corps est en général mal aimé. Il est désiré, idéalisé, parfois admiré lorsque son exceptionnelle beauté le démarque de l’ordinaire, d’avantage convoité, consommé, exploité, évalué et jugé, jusqu’à en être méprisé, rejeté, exclu (et enterré), mais rarement honoré et véritablement aimé pour ce qu’il est.

Il est le bouc émissaire par excellence. Banni, humilié, puni, châtié, martyrisé et torturé pour des paroles et pensées qui viennent d’avantage de la tête que de son propre élan de corps, il subit docilement et en silence toutes sortes de maltraitements.

Tout ce qui s’érige en propriétaire absolu du corps (plus spécifiquement le mental), se considérant « au dessus » de la condition corporelle, se permet d’en jouir à sa guise, de le pousser à bout et de le malmener, le considérant au même titre qu’un esclave ou un animal.

L’humanité s’est ralliée autour de toutes sortes de journées internationales, dont celle de la terre, pourquoi n’y en aurait-il pas une pour le corps?

Parions que si le corps était mieux aimé et compris, la planète ne s’en porterait certainement que mieux.

Alors votons pour une journée mondiale du corps! Cela pourrait aujourd’hui même, ou être une journée flottante, imprévisible, en hommage au fait que rien de ce qui est vivant ne peut se manifester sans le don du corps. (lire la suite : http://dessinerlecorps.wordpress.com/2012/02/12/pour-une-journe-internationale-du-corps/)

Galerie

Corps langage mémoire EPLV au MOTIF

Cette galerie contient 16 photos.


Une démarche qui magnifie le livre. Des artistes s’emparent de quelques exemplaires destinés à la destruction et construisent une oeuvre transversale : écriture, corps, peinture, musique, vidéo, scénographie, recyclage. Vous êtes invité à déambuler dans l’œuvre, parmi des totems qui … Lire la suite

Le point d’appui (fin du cycle)


Chacun cherche son point d’appui. Pour les uns, c’est un être, et pour d’autres une idée, un lieu, un espoir ou un souvenir. Parfois on croit le perdre, et puis on le retrouve, ou l’on s’en trouve un autre.

Mirella commente les dessins. « Cherchez le point d’appui : sur quelle jambe repose le poids du corps? Observez la tension des muscles, exagérez la main, le bras qui s’avance, ou le pied : la partie du corps la plus proche de vous. Libérez-vous du cerné, regardez ce qui se passe à l’intérieur, les plis de la peau qui remontent de l’autre côté du torse. Les jambes ne sont pas symétriques, le corps n’est pas droit. Repérez les torsions par rapport à un axe, intéressez-vous à la proposition du modèle ».

Ah, la proposition du modèle! Bien sûr, on est là pour ça, sinon pourquoi se déplacer quand il serait plus facile de travailler chez soi, à partir d’une photo qui a l’avantage de tenir la pose aussi longtemps qu’on le désire? La présence du modèle, lorsque ses poses sont vraiment habitées, font partie de la proposition tout autant que l’inclinaison d’un bras ou d’une tête.

Le premier modèle est une homme souriant, dans la force de l’âge. Ses propositions reprennent le vocabulaire classique. On peut lire dans ses poses la trace des générations de dessinateurs et de modèles qui se sont succédé à l’Académie depuis sa fondation (voir le Carnet d’études n°15 : l’Académie mise à nu, éditions Beaux Arts de Paris, sur l’histoire des modèles). Aujourd’hui, cette origine oubliée nous empêche de voir la lance, le bouclier absent du bras qui le portait, le guerrier grec inspirateur de ces poses héroïques et qui pourrait encore nous donner des leçons de courage pourvu que nous fussions disponibles. Héroïques, ou simplement idéalisés, comme les bronzes de Riace

Débarrassé du poids de l’académisme et des formes figées, ce corps nous restitue tout le joyeux génie de la Grèce, son bonheur d’être là, son évidence dans le rapport au monde.

On a parlé dans ce blog de Cynthia Fleury et de son livre sur le courage (« j’ai perdu le courage comme on égare ses lunettes »), de Jacqueline de Romilly et de son Hector. Sur quel point s’appuyer face à l’inacceptable?

Il faut chercher des armes dans la couleur, allumer des jaunes et des rouges, tordre le cou du doute.

Parfois, il arrive aussi que le guerrier soit vaincu. Est-ce pour autant la fin? Comment se relève t-on d’une défaite?

Et puis il y a Sophie, sa présence rayonnante, ses transitions glissantes d’une pose à l’autre. Ses mouvements de danse Butô dont l’origine serait inspirée des survivants de la bombe, à Hiroshima, tentant de se relever après le désastre. Après l’âge héroïque vient le temps de la résilience.

Ce qui se passe à l’intérieur? Observer la naissance d’une émotion, comme elle se répand dans le corps et du corps à l’espace. Le point d’appui, ce peut être un silence, une façon de conserver l’énergie qu’il faut apprendre à percevoir.

Ce combat-là, mené jour après jour dans l’instabilité du monde, est le sujet même de ce blog, dédié à toutes celles et tous ceux pour qui tenir debout n’est pas une évidence. A celles et ceux qui ne réussissent pas toujours du premier coup, et qui persévèrent.

A vous, le sourire de la vie.

Le corps dans l’écriture


Pourquoi ce malaise à propos du corps dans l’écriture en France? Il se publie tant de romans, tant d’histoires d’où le corps est absent, ou s’il est là, jamais vraiment habité, rarement aimé, toujours un peu déplacé, malvenu. Ce ne sont pas les études sur le sujet qui manquent, c’est la présence. Heureusement, les canadiens sauvent la mise, comme l’excellente revue Analyses.

Plus je creuse, et plus ça m’intrigue. Cela fait plusieurs mois que nous discutons avec Mirella Rosner et l’équipe d’Aracanthe-EPLV de son triple thème : « corps, langage, mémoire » (prochaine expo au MoTIF). Corps du modèle, dans l’atelier, bien posé sur son point d’appui, avec ses raccourcis qu’il faut saisir, ses attaches, ses creux et sa façon d’accrocher la lumière. Le langage, qui « tend vers » et jamais ne saisit; la mémoire, qui surgit de l’un pour se fixer dans l’autre, espiègle ambassadrice de mille objets divers.

J’en parle et puis j’oublie?

Mais revenons à l’écriture. Au départ de ce blog, un désir d’ancrage, ou de ré-ancrage, dans ce pays où je me sentais étranger au retour d’un séjour de sept années en Asie. Mais il y a différentes manières de se sentir étranger, comme il y a différentes manières d’arriver, de revenir, d’être là : « là où j’arrive, je suis un étranger » (Aragon). Se jeter dans l’Atlantique après des heures de marche au soleil, enfourcher un vélo pour s’exploser les poumons sur les petites routes de la Sarthe, en été. Poncer, pendant des heures, un vieux placard, pour le plaisir d’y poser enfin des couleurs nouvelles. Exulter dans cet épuisement libérateur. Une autre fois ce sont des lèvres, un parfum dans une chevelure, un pli du bras que l’on aime sans savoir pourquoi, qui nous attachent et qui s’en vont.

Je t’aime et puis j’oublie?

C'est de la bombe!

Pour moi, c’est passé par le corps. Le corps et le langage, le corps dans l’écriture, dans la chorégaphie de Pina Bausch, et puis le corps dans le dessin. Ébloui par le chant de Salomon, de Toni Morrison, dont le moindre personnage rayonne d’une présence physique que l’on trouve rarement dans la littérature d’aujourd’hui, j’ai travaillé les mots tout un été. Nancy Houston évoquait aussi, récemment, le malaise de l’intelligentsia française lorsqu’on parle du corps, de ses sensations brutes, non filtrées. Cette façon bien française de ne pas être là, pas complètement, posés sur un bout d’orteil. Houellebecq emblématique évocateur de ces corps désincarnés, pressés de fuir dans un cyber-univers où les mots tissent de longues chaînes de code. Bien vu, bien décrit, terrifiant.

Je clique et puis j’oublie?

Aujourd’hui, j’en suis sûr, ce qui me sépare d’eux, c’est ce qui les sépare du corps. Du corps et de ce qu’il dit. Un manque d’ambition, pour ne pas dire une forme de lâcheté face à l’intensité du corps, à ses silences, à toute cette vie violente qui le traverse. La pratique régulière du dessin, même en l’absence de progrès notable, a pour effet de transformer le regard : dans le métro, dans le bus, l’oeil s’arrête sur une main, sur l’angle d’une tête, la posture déséquilibrée d’une hanche, et cela dit quelque chose. La main vit. La hanche crie. Les muscles se tordent sur mille douleurs, essorés comme de vieux torchons. Ça voudrait danser, mais ça n’ose… Parler avec son corps au milieu de la ville, parmi les passants, les transports (publics, amoureux?). Et pourquoi non? Pina Bausch, Wim Wenders l’ont fait.

Je danse, et puis j’oublie?

Il y a la PNL, qui va chercher l’enfant blotti sous les arbres, au fond du jardin, et qui le ramène en pleine lumière, accompagné de ses mentors choisis. Soudain, comme on est libre, avec la bienveillance. Tigres apprivoisés, digérés, incorporés au patrimoine émotionnel : la mémoire a perdu ses griffes. « J’ai confiance, et je vis ».

Et puis il y a Frankie. Son atelier d’écriture, son insistance et sa jubilation physique à l’évocation d’un objet, de sa texture, de son toucher, sa manière de faire surgir la présence humaine à partir d’une odeur, d’un mollet de montagnard bien rebondi, propre à susciter le désir d’une femme. Frankie nous jette en pleine figure ce qu’évitent si soigneusement les intellectuellement corrects à l’émotion si retenue qu’elle en étouffe. Avec Frankie, les mots retrouvent force, âpreté, saveur. Ils relient à nouveau le corps et ce qui brûle en nous dans un flamboiement de couleurs. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, ce qu’il faudrait cacher, replier sous les couvertures, ensevelir. Ce plaisir rare, on le goûte entre soi, dans un petit cercle initié. Sa révélation aurait quelque chose de plus obscène encore que de chanter nu place de la Bastille, le jour de l’enterrement de mère Thérésa. C’est le vieux combat du Carême et du Carnaval, un rouge trop vif aux lèvres ou dans les dessins d’Olivier Thévin, chargés d’un pouvoir explosif.

La main sur le détonateur, je compte, et puis je ris.

coup de coeur à Olivier Thevin


A voir : l’expo d’Olivier Thevin, illustrateur, graphiste, sculpteur et compagnon dessinateur à l’atelier de nu d’Aracanthe.

Du 27 mai au 10 juin, a la Bête noire, 7 rue Maître Albert, 5°.

Histoires de peau


Si vous vous demandez pourquoi tant de rose, je vous dirai simplement que c’est la couleur de la chair. J’allais écrire : c’est la couleur de la peau, mais ce serait oublier les quatre cinquièmes de l’humanité. Sans compter les martiens, qui l’ont verte. Se mettre à dos une planète trois quarts, est-ce bien raisonnable?


Le corps humain, la limite et le Bulul


Dessiner le corps humain, c’est se mettre en contact avec les forces animales et les canaliser dans une forme sensible, intelligible, qui contient la vie. C’est se confronter à ses propres limites, et laisser faire en soi le travail de la rouille.

« Depuis l’école maternelle et jusqu’en taule, l’Homme ne peut s’empêcher de dessiner. De Lascaux à Chelsea, l’Homme est l’animal dessinateur » écrit ainsi Serghei Litvin, fondateur de la Foire Internationale du Dessin.

Les dessins sont posés à plat sur des tables, ce qui facilite la discussion avec les étudiants des Beaux-Arts. On fait de belles rencontres, on feuillette les carnets. Combien d’entre eux trouveront la force de persévérer, malgré l’indifférence, la solitude, la tentation d’abandonner? Les questions qui surgissent au détour d’un trait, la colère qui sort, parfois, tout est là, dans l’épaisseur et le murmure des ombres. L’animal dessinateur va chercher dans l’ombre un matériel qu’il ramène en pleine lumière, au risque qu’il se dessèche. Comme dans la PNL, ce qui compte, c’est bien d’aller vers la lumière. De l’enfant vers l’adulte et de l’informel vers la forme assumée.

Dessiner, c’est ainsi prendre un risque et sortir de l’indifférencié. Créer des espaces, dedans-dehors, comme on trace des frontières. Jouer à se faire peur : ce qui sort de la boîte, aimable ou monstrueux. Il y a là quelque chose d’initiatique, mais sans le rituel et la réassurance qu’apporte le groupe (dans la tragédie grecque, le chœur assume cette représentation de la limite). Les cultures traditionnelles formalisent cet apprentissage, la rencontre des frontières et le sens inscrit dans l’espace. Je pense aux Ifugaos, montagnards du nord des Philippines, autour de Banaué.

Oedipe et le Bulul

Oedipe à Banaue, chez les Ifugao. L’ombre portée du mythe, oracle à qui veut bien l’entendre. Ensuite, sa jeunesse passée, il pourra bien se crever les yeux, partir en exil. On écrira des tragédies sur lui. Au fond, c’est l’histoire d’une initiation ratée. Les Dogons s’en sortent mieux (voir article suivant).

On recommandera aux jeunes de se placer sous la protection d’un tel oracle : il y a tout à gagner dans la fréquentation du Bulul, dieu des récoltes et farouche gardien des limites. S’ils n’ont pas la force plastique et l’expressivité des Dogons, les sculpteurs philippins de Banaue capturent tout de même l’essentiel dans la représentation d’une force bienveillante. A l’imagination de compléter.

le corps c’est la vie


Croquis, craquants, croqués?

Atelier de modèle nu d’Aracanthe, mercredi soir. Morphologie, plis, graisse, tensions, verticalité. Point d’appui, ce qui fait tenir debout le corps des hommes, celui des femmes, devenir-deve-nu. Comment devient-on ce corps-là? D’où vient-il? Comment lui rendre justice, avec tout le respect dû?

Persévérer, dit Marion. Solidarité d’atelier. On s’accroche. Deux minutes, c’est trop court pour saisir les ombres et le modelé, alors on dessine une femme-tronc, une moitié d’homme. Les deux minutes de pose sont un défi pour le débutant qui se perd en détails inutiles, et la frustration s’accumule. Le plaisir ne vient qu’après, de retour chez soi, au moment de reprendre et de travailler la couleur, les contrastes. Mettre de la vitesse, de la matière. « La joie venait toujours après la peine ». (Guillaume Apollinaire, le pont Mirabeau). On voudrait sentir un progrès, quitte à donner parfois dans une certaine forme de niaiserie complaisante : le raccourci d’un pied, d’une main, juste pour la vanité de se dire qu’on peut le faire. En réalité, ce qui compte, c’est de rencontrer sa limite. Arrêtons de nous raconter des histoires : on est là pour casser le scaphandre et s’écorcher la peau. Sans cela, comment repousserait-elle, la peau neuve? Rater, gratter, passage obligatoire, et tant mieux si la blessure s’infecte. Le vrai renouveau, écrit Guy Corneau, se présente souvent sous un masque inquiétant.

Premiers croquis


Les outils du dessin. Pour commencer, le trait suffit. Poser du noir, accentuer les contrastes. Une forme naît, puis le regard s’éveille, la critique intervient. Le plaisir n’est pas toujours là. Persévérer, dit Marion. Se défaire des automatismes, oublier, voir. Un jour, on se surprend. Des « ptits croqs » de novembre à ceux d’avril, une longue saison s’étire, un commencement d’apprentissage. Apprivoiser le corps, la lenteur. Dessiner, c’est d’abord écouter avec les yeux. Se mettre à l’école de la bienveillance. Aimer.

« Et les soirs au balcon, voilés de vapeurs roses »

« Oh, ne les faites pas lever! »

 

(ceux qui mettent de la poésie dans les discours)

« Parce que vous avez certainement manqué un épisode »

« C’est bien peu de choses, finalement, les relations humaines »

(Un Goncourt sinon rien)

 

 

 

 

 

 

Grand week-end, petits croquis

Saison du dessin


A ne pas rater ce week-end : la Foire Internationale du Dessin.
3e édition
31 mars – 3 avril 2011
Cité internationale des arts
14 pays
40 écoles de beaux-arts d’Europe
90 exposants

« Pourquoi les jeunes artistes font à nouveau du dessin », s’interroge le Monde. Vincent Bioulès suggère une explication : « j’ai l’impression de voir le réel mais, dès que je commence à dessiner, je me rends compte que je n’avais rien vu. Le dessin est une syntaxe pour s’approprier le monde. Il est la puissance de déchiffrement du réel ».

Le dessin mobilise le corps et l’esprit, libérant l’émotion dans le mouvement.

Il faut s’affranchir de l’ambition de réussir, car même lorsque le dessin n’est pas juste, ce qui est posé n’est que le support, la trace du geste. Sous le nom de tentative, il mobilise le corps et l’esprit dans une même démarche « en avant ».

Le dessin sur modèle vif nous incite à confronter notre regard au réel, dans son insaisissable cruauté. L’attache d’une épaule, l’ombre d’un sein, l’angle d’un coude s’éparpillent en autant de morceaux de corps. L’oeil, puis l’esprit s’en emparent, il se fait un blanc dans l’esprit, et sur ce blanc s’inscrit la forme. Humilité devant la chair vivante. la chair n’a ni concept ni démarche, elle EST.

coaching en couleurs


Lorsque je me suis lancé dans ce blog, je n’imaginais pas combien deux de mes centres d’intérêt principaux, le coaching et la couleur, finiraient par s’entremêler en un thème riche et puissant, par la voie de la PNL.

Sur la couleur, je recommande fortement la lecture de Michel Pastoureau, dont le tout dernier : les couleurs de nos souvenirs, m’enchante.

Je cite ici un extrait de l’article que lui consacre l’Express :

« C’est toutefois par un souvenir relatif à l’auteur de Nadja que s’ouvre son dernier livre : « Un homme plus âgé que mon père, pourvu d’une énorme tête et vêtu d’un gilet jaune. » Et l’historien de remarquer qu’il ne peut vérifier, les photos de l’époque étant en noir et blanc, la fidélité de sa mémoire d’enfant. « Au fond, peu importe, conclut-il. André Breton restera toujours dans mes souvenirs associé à une certaine nuance de la couleur jaune, et, avec lui, l’ensemble du mouvement surréaliste. » C’est là un des fils conducteurs de ses recherches : il y a un arbitraire de la signification des couleurs parce que, en elles-mêmes, elles n’en ont aucune.  »

La PNL nous apprend à découvrir le lien entre les images que l’on crée en imagination et le ressenti, ancré dans le souvenir et dans le corps. Cette pratique m’a tout de suite parlé. Dès le premier jour, je me suis souvenu d’un soir où, rentrant de l’atelier de modèle Aracanthe, j’ai commencé à retravailler des pastels. Une joie profonde m’envahissait, différente de la satisfaction que l’on peut éprouver dans le geste de dessiner : c’était bien la couleur, le fait de poser la couleur, qui m’emplissait d’une telle joie. J’aurais éprouvé la même à repeindre un mur ou n’importe quelle surface. Le plaisir de la couleur pure, indépendamment de la forme.

Et voilà pourquoi je m’étonne que l’on évoque si peu la place de la couleur dans l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat. Nous en avons reparlé avec Alain Cayrol. Aujourd’hui, et de plus en plus, je crois que c’est la puissance émotionnelle de la couleur qui suscite une indicible frayeur chez nos grands rationnels tenants de l’Art Contemporain, et je fais le pari d’un nouveau cycle, où la couleur nous reviendra par le sud.

Le coaching nous enseigne à nous connecter avec toutes les provinces de l’âme. Chacune a sa couleur, sa vibration, son rythme particulier. il ne tient qu’à nous de les accueillir avec bienveillance et curiosité.

Osez! Le voyage en vaut la peine.

les bonheurs de Sophie


Dessiner Sophie, quel bonheur!

Les autres modèles se content d’enchaîner les poses, avec plus ou moins de bonheur. Avec Sophie Hutin, c’est tout autre chose.

les bonheurs de Sophie

Les bonheurs de Sophie 2Cette façon coulée, glissante, infiniment émouvante qu’elle a de passer, non d’une pose à l’autre, mais d’un état dans un autre, et de nous entraîner dans sa respiration.

les bonheurs de Sophie 3L’énergie passe, électrique, il y a dans ses transitions la puissance contenue d’un riff, improbable rencontre entre le punk et la danse butÔ. Parfois, son corps se recroqueville, elle nous regarde en coin, malicieuse. Puis sa colonne vertébrale se déploie, ses bras se tendent, s’approprient l’espace.

Je voudrais avoir suffisamment de vélocité pour pouvoir croquer le mouvement continu dans lequel elle cherche sa pose, la bouche au bord de dire, puis c’est le corps entier qui parle.

L’atelier se remplit d’une joie sereine, palpable, évidente. je m’approprie la phrase de Seth Godin : « art is not in the eyes of the beholder, it is in the soul of the artist ».

Sophie est une très grande artiste.

la déterritorialisation de la culture pop Hommage à Xulux


Coup de coeur à Xulux, un blog dédié à la culture et qui s’intéresse tout comme BuencaRmino à la déterritorialisation et au dessin. Je vous en donne juste un court extrait J’avais abordé le sujet dans les dialogues avec Thibaud Saintain et dans mon article du mois d’octobre sur le modèle comme coach). J’y reviendrai encore dans un prochain article sur le projet EPLV (Expo Peinture Vidéo Livre) sur les livres peints de Mirella Rosner (Aracanthe).

Dommage que le mot « déterritorialisation » soit si long et donc condamné d’avance à l’ère de s 140 caractères-deux-secondes-et-demie d’attention de Twitter, car il évoque une réponse créative au sentiment d’exil, voire d’exclusion, y compris l’exclusion hors de son pays d’origine, hors de son corps, ou juste hors du présent. Je préfère donc m’en tenir à ce mot de re-paysement, désignant le choix d’habiter en pleine conscience son corps, son temps, et son espace, réel ou celui qu’on se crée. En version courte, selon le philosophe belge de la seconde moitié du XXème siècle Jean-Claude Van Damme, « la déterritorialisation, c’est aware ».

Extraits de Xulux :

1. « La Déterritorialisation est un concept phare de la philosophie deleuzienne qui illustre à merveille le processus créatif pop. Deleuze et Guattari utilisaient la métaphore zoologique pour en souligner la logique :

“Chez les animaux nous savons l’importance de ces activités qui consistent à former des territoires, à les abandonner ou à en sortir, et même à refaire territoire sur quelque chose d’une autre nature (l’éthologue dit que le partenaire ou l’ami d’un animal « vaut un chez soi », ou que la famille est un « territoire mobile »).” Gilles Deleuze, Félix Guattari : « Qu’est ce que la philosophie ? »

Mais avant d’en approfondir le fonctionnement, étudions d’abord sa genèse.

Le surréalisme constitue un bon point de départ avec ses agencements improbables, ses scènes oniriques, et ses jeux symboliques. A partir de ce moment l’art ne chercha plus à représenter exactement la nature, ou même la mythologie, mais à peindre de nouveaux mondes, les mondes intérieurs. (…)

2.

Car déterritorialiser un symbole c’est l’arracher de son milieu d’origine pour le reterritorialiser dans un environnement différent, et le faire ainsi cohabiter avec d’autres qui, réellement, ne possèdent pas de liens spatiaux ni temporels entre eux. Exposer un urinoir dans un musée c’est l’arracher de son contexte (les toilettes) pour le replacer dans un autre afin de créer une œuvre originale et un symbole nouveau.

La déterritorialisation trouve ainsi son expression musicale dans le sampling, procédé consistant à extraire un son de sa partition d’origine pour l’incorporer dans une nouvelle. Par exemple le titre de Dr Dre sample l’intro de “The edge” (1967) de David Axelrod qui figure sur l’album de David McCallum.