Quand plus rien ne vaut,
Tout s’envole
Hurlait un jour dans le métro
La folle.
Ce qui se tait
Ce qui s’ébruite
Cette rumeur insensée
Qui revient susurrante
Collante et noire,
Aigrir nos oreilles engourdies
Ce qui se défait
Ce qui se tricote
Cette honte
Comment souffrirons-nous,
Ma soeur,
Que le jour recommence
Et que le jour finisse
Que le passé sans fin
Nous heurte et rebondisse
Sur la plage où des enfants meurent
Ce qui nous tire
Ce qui nous tient
Ce qui nous lâche
Ce qui nous mord
Ce qui nous émeut
Ce qui fâche
Ce qui nous poursuit
Ce qui nous rattrape
Est-ce la vie
Palpitante et glacée
Est-ce
Un amour percé
Fuyant désolé rapace
Est-ce une sorte d’avidité
Soif dévorante excessive
Une inquiète aspiration
Le contraire de l’audace
Un feu qui pourtant la nourrit
Un fruit pourri
Est-ce toi
Réponds réponds vite
Est-ce toi
Car ce n’est pas moi
Ce n’est pas
Mon foyer, ma trace
Je ne suis pas de ces saumons
Remontant vers la source
Et le berceau des fleuves
Mon chemin descend vers l’aval
Il va
Vers le plus large océan
Vers la vague scélérate
Et l’angle mort des phares
Il descend dans le bleu
Dans l’outremer dans ce qui bouge
Dans les corps qui transpirent
Dans le coeur des voleurs
Où le sang bat plus vite.
Est-ce un chemin d’ailleurs?
Une direction, une autorisation?
Ce chemin de plus en plus lourd
Cette limite
Au bord du silence.
Ce n’est pas une frontière
Un évangile, un territoire
Il ne relie ni ne sépare
Il ne se porte pas en bandoulière
Ni en sautoir
C’est un chemin qu’on aménage
A force d’y marcher sous les astres
On y rencontrera peut-être
Une diseuse de mauvaise aventure
Des oiseaux de mauvais augure
Et des poètes au chômage.
C’est qu’ils ont tout perdu
Les pauvres
Et d’abord notre écoute
Ils ont semé des diamants sur la route
Et récolté du fiel
Ils se sont épuisés
De festival en festival
Les voici sages comme des mirages
Sans eux nous avons dérivé
Nous avons failli
Plonger dans un sommeil profond
Nous avons souscrit de mauvais rêves
A crédit
Pour manger nous avons vendu
Notre fille à des pirates
Rien que d’y penser
La mémoire éclate
Quand on pense à notre idéal
Priez pour nous
Pauvres spéculateurs
Car nous avons bradé
Intérêt et capital
Nous sommes les enfants de Kerviel et de la mère Fouettard
Un caprice à tête de têtard
La rumeur enfle
Elle reprend son cours
C’est un boa qui s’apprête à nous dévorer
Comment lutter
Où trouver des armes
Dealer ô mon dealer
Que reste t-il au fond de la boîte?
Un Pokemon d’espérance
Et deux grains d’amour.
Il est temps d’aller chercher
Nos vieux amis trempés
Tous les mots de la langue française
Ne nous manquez pas s’il vous plaît
Vous êtes la dernière parcelle de lumière
La dernière étincelle
Et la naissance d’un feu possible
Ne vous dérobez pas
Chers vieux mots
Vous pouvez encore servir
En soufflant sur les braises
Un baiser viral
Qui se fout bien de la foutaise.
Le cours de l’or est suspendu.
Wah.
Je parcours ce site au hasard des pages,
Et quelle decouverte !
Quelle puissance dans ce defilé de mot !
Merci pour ce partage !
Excellent dumanche !