Retour du Mans, Z.A Nord
« Je n’ai pas peur de la route, faudra voir, faut qu’on y goûte, des méandres au creux des reins, et tout ira bien … le vent nous portera »
Accords de guitare plaqués, rythme sautillant, voix nasale, « le vent nous portera » de Noir Désir jaillit de l’autoradio. Ce n’est pas ma jeunesse, pas ma génération, je n’écoutais pas cette musique mais je danse dans la voiture, les mains sur le volant, mes pots de peinture dans le coffre et les yeux grands ouverts. Porté par l’urgence moqueuse de cet hymne à tous les croqueurs de piment. Fuck les conformismes, hurlaient les enfants de la crise et de Rimbaud. Ils se la jouaient rebelle tout en préparant leurs concours.
Je m’arrache aux banlieues du Mans. Le rock et l’Asie transpirent par tous les pores de ma peau. Moi qui parlais de re-paysement, rien à faire, je ne rentre plus dans les cases. Pauvre Gen Y, si rapidement passée de la révolte au CV, rackettée de ses illusions avant même d’avoir eu le temps d’en goûter la saveur.
« Ce parfum de nos années mortes ce qui peut frapper à ta porte, infinité de destins, on en pose un, qu’est-ce qu’on en retient le vent l’emportera »….
Ce jeune couple d’expats, à Manille, me l’a fait découvrir. A la manière dont ils dansaient sur cette musique, passionnément, désespérément, chavirés de nostalgie, j’ai compris qu’elle incarnait toute l’énergie, la révolte de leur jeunesse, le début de leur amour et l’espoir d’une vie plus vraie, plus intense.
La semaine prochaine on se retrouve à l’île de Ré. Ils me raconteront leur carrière dans la finance et l’enfant qu’ils élèvent en apesanteur, entre Shanghai, Séoul et Ceylan.
Et la peinture ?
(Samedi 30)