Après Stéphane Hessel et son best-seller « Indignez-vous », un autre vieillard indigné, Edgard Morin, nous livre dans la Voie Humaine ses réflexions sur l’année 2010 : « Partout les forces de dislocation et de décomposition progressent. Toutefois, les décompositions sont nécessaires aux nouvelles compositions, et un peu partout celles-ci surgissent à la base des sociétés. Partout, les forces de résistance, de régénération, d’invention, de création se multiplient, mais dispersées, sans liaison, sans organisation, sans centres, sans tête. »
« L’année 2010 a fait surgir en Internet de nouvelles possibilités de résistance et de régénération » (…) » Ce qui est remarquable est que les Etats ne se préoccupent nullement de maîtrise ou au moins contrôler le « marché », c’est à dire la spéculation et le capitalisme financier, mais par contre s’efforcent de juguler les forces démocratisantes et libertaires qui font la vertu d’Internet. La course a commencé entre le désespérant probable et l’improbable porteur d’espoir ».
Quelle magnifique lucidité, quelle force de conviction!
On a mentionné le rôle des réseaux sociaux dans la révolution tunisienne. Les outils sont là, que souhaitons-nous en faire? Dans la sinistrose ambiante, la bonne nouvelle, c’est qu’il y a une envie d’agir, et le paradoxe apparent est que ce sont ici des vieillards qui montrent la voie. De l’autre côté de la Méditerranée, la jeunesse a bravé tous les interdits. Que ce soit pour les peuples ou pour les individus, rien de grand ne se fait sans tout d’abord vaincre sa peur.
Il y a dans l’air une odeur de jasmin.
Merci.Vous me donnez très envie de lire le dernier livre d’Edgar Morin , que je croise parfois dans mon quartier.