Rentrée tout en rondeur et de bonne humeur, sous prétexte d’aller tester des procédures de crise au bord de l’océan indien. Maurice, Madagascar : quand le travail stimule au lieu de fatiguer. Jusqu’à l’arrivée d’un nuage de criquets, qui nous précipite aux fenêtres avec des cris d’enfants, l’ambiance est vibrante et productive comme celle d’une ruche. Lorsqu’on atteint sans effort un haut degré de concentration, que les actions s’enchaînent avec naturel et fluidité, lorsque la plus grande rigueur n’exclut pas les fou-rires et que la discipline d’une équipe entière évoque le sport plus que le militaire, on sait que l’on vit un moment de « flow » décrit par Mihaly dans « Vivre », l’un des livres fondateurs de la psychologie du bonheur.
Et c’est un bonheur aussi de vivre cela si loin de chez soi, parmi des gens issus de cultures si différentes, mais qui s’harmonisent entre elles avec la suavité des consonnes et des voyelles adoucies dans l’accent créole. Ici, l’intelligence collective se respire parmi les parfums de vanille et les brises marines.
Créole aussi l’humour si particulier, léger, moqueur avec bienveillance, l’humour des îles.
J’en veux pour témoignage ce « Tintin à Madagascar »,(lien ici) fausse couverture servant de décor aux boîtes de marqueterie vendues à l’aéroport. Délicieusement parodique, l’objet remise au musée de la ringardise le « Tintin au Congo » de honteuse mémoire. Au mépris colonial répond la subtilité, doublée d’un savoir-faire artisanal exceptionnel.
Les malgaches que j’ai rencontrés ne se croient pas obligés de tordre les commissures des lèvres d’un air sinistre pour paraître professionnels, puisqu’ils le sont. J’aimerais tant que la Banque Mondiale et le FIM s’en aperçoivent pendant qu’il est temps de stabiliser un pays qui se relève à peine d’une période agitée.
Comme Tintin, personnage aux deux visages, l’un noble et solidaire, l’autre ignoble et donneur de leçons, choisissons celui que nous voulons incarner. Mais choisissons vite.
A propos de ruches, coup de cœur sur un sujet qui n’a rien à voir : c’est la saison du miel. Bonjour à mon ami Jérôme Veil, happy-culteur et fondateur de « Miel de quartier » (lien ici).
C’est quand même bien ton métier ! Double évasion, du voyage à l’imaginaire. Tu m’emporterais dans tes valises, l’ami, à la conquête du travail, au carrefour de cultures, à la rencontre de l’autre, qui bien qu’unique et different, se révèle aussi porteurs de valeurs et qualités communes.
Beau voyage et reviens vite nous raconter cette belle mission.