Les rues de Paris étaient calmes, hier soir. Tout en célébrant le nouvel an parmi des amis chers, j’éprouvais de la tristesse pour mon pays inquiet, meurtri, saccagé, en panne d’espoir et d’amour de soi. Le balcon de ces amis donnait sur la rue où les terrasses du Petit Cambodge et du Carillon auraient dû résonner de cris de joie, de vœux, d’embrassades. Et puis, une bande de jeunes est passée dans la rue, criant « bonne année » à tous ceux qui les saluaient depuis leur balcon. Nous avons répondu à ces inconnues, on s’est souhaité la bonne année, la tour Eiffel au loin s’est mise à scintiller. La vie reprenait ses droits, comme elle a l’a toujours fait après toutes les catastrophes. Paris revenait à la vie, en mode cocooning et sans étincelles, mais sans renoncer non plus. Ma ville assommée, groggy, mais pas défaite. Notre ville-lumière, capitale de l’amour et de l’esprit pétillant, de la joie de vivre et de l’insolence, a besoin de nous, des liens que nous savons nourrir, de notre résilience créative. En ces temps où le climat déréglé fait fleurir les roses en décembre, nous devrons être nous-mêmes les sources de joie, d’énergie, d’espoir, trouver par nous-mêmes la combativité pour faire face à l’adversité. Car si nous ne le faisons pas, personne ne viendra le faire pour nous.
A jamais, le premier jour de l’an restera une date proche, trop proche, du souvenir des 7 et 8 janvier. On pensera toujours aux victimes de Charlie et de l’Hyper-Casher, et c’est bien ainsi car les oublier serait la pire des injures.
Mais ce matin, je voudrais me rappeler que Paris est aussi la ville où les représentants de tous les peuples de la planète ont réussi à surmonter leurs divergences pour signer l’accord de la COP21, la ville de la French Touch où la musique de Daft Punk et de toute une génération fait vibrer les oreilles et les corps, une ville où tous les amoureux du monde rêvent de venir se prendre en photo, avec ou sans cadenas, sur le pont des Arts.
Paris est la ville où Frédéric Laloux viendra nous inviter à réinventer les organisations, lors de sa conférence le 13 janvier, à la Villette. Il partagera les fruits de sa recherche et de sa réflexion sur les nouvelles formes de gouvernance qui libèrent l’énergie des individus et des organisations lorsqu’elles préfèrent la voie de l’intelligence collective à celle du pouvoir.
C’est une ville où des musiciens, des humoristes essaient tous les soirs de nous divertir, avec plus ou moins de talent. Remercions-les d’essayer, et souvent d’y parvenir, c’est un métier difficile. Allons-les voir plus souvent, retournons dans les salles de spectacle encourager ceux qui nous veulent du bien.
Dans cette ville comme dans toutes les autres, chacun, chacune d’entre nous peut se réveiller le matin et se demander dans quelle humeur il ou elle veut passer sa journée, comme on se demanderait quels vêtements choisir. Nous avons ce choix, cette liberté. Comment l’exercerons-nous ?
Revivre après l’horreur, c’est se donner les moyens de réussir. Aller chercher ces moyens où qu’ils se trouvent, comme l’écrivait Cynthia Fleury dans la fin du courage : dans la médecine, la musique, l’art, l’humour, le soutien de son entourage ou tout cela à la fois si c’est ce qu’il vous faut.
Ce matin, le ciel est gris mais la musique de Daft Punk résonne : « One more time ». Ce pourrait être aussi « que ma joie demeure » (sujet du prochain article).
En cette nouvelle année, je vous souhaite avant toutes choses la rage de vivre et d’aimer, l’ambition d’agir, de transformer le monde, la sagesse de savoir bien gérer vos forces et de cultiver l’intelligence du cœur. Ne comptons pas sur la chance ou sur le hasard. Plus que jamais, faisons éclore la graine déposée entre nos mains. Soyons des jardiniers attentifs, émerveillés, attendris. Le printemps n’attend que cela pour revenir.
Merci à MJ pour votre réponse.
A laquelle j’ajouterai ici, tout spécialement, un très grand MERCI aussi Robert d’avoir pris le temps, en ce 1er de l’an, de venir partager avec nous tous vos émois pleins de sens sur la Liberté, Egalité, Fraternité, qui animent au fond chacun de nous malgré tout! Waouh 🙂
Et c’est tout naturellement que je songe à …
Me permettrez-vous ainsi de les associer aux voeux de l’artiste Jean Jullien, qui, de deux larmes qui glissent, se retrouvent assembler en un magnifique Coeur…malgré tout…?
>http://www.huffingtonpost.fr/2016/01/04/jolis-voeux-2016-jean-jullien-dessinateur-peace-paris_n_8909074.html?utm_hp_ref=france&ir=France
Parce que vous écrivez: »Ne comptons pas sur la chance ou sur le hasard. Plus que jamais, faisons éclore la graine déposée entre nos mains. Soyons des jardiniers attentifs, émerveillés, attendris. Le printemps n’attend que cela pour revenir »
Superbe poésie toute aussi revivifiante et pleine d’espoir!! MERCI pour tout Robert!!!
Excellente Année 2016 à vous aussi, ainsi qu’à tous les lecteurs ‘ici’ et bienveillants par tout 😉
Avec toute ma sympathie,
Bien à vous,
FL
Merci Cher Robert pour ces messages doux, je te souhaite aussi une nouvelle très belle année.
Je ne suis pas tout à fait en phase avec tes propos.
En premier lieu parce qu’il ne s’agit de Paris que parce que c’est le lieu où ont été commise ces atrocités, mais en réalité c’est la France qui est touchée.
En second lieu, les disparus assassinés lâchement sont de nombreuses origines, parfois nationalités, et c’est donc notre diversité et nos valeurs de tolérance qui sont atteintes par ces terroristes.
Enfin parce qu’au-delà du message de revivre que tu fais passer et auquel j’adhère, je pense que le devoir de mémoire est essentiel. Ne jamais oublier ces innocents, jeunes pour la plupart, souvent issus des milieux professionnels ouverts au monde. Jamais ne les oublier.
Je milite donc pour un monument aux morts au milieu d’une grande place de Paris, avec l’espoir que la liste s’arrêtera là, même si la guerre continue.
Bien à toi,
Amitiés à toi,
Belle année à toi
MJ