Première partie
On connaît le silence au bruit qui le détruit.
Lui succède une attente, et puis un autre bruit,
Et cela devient rythme
Entre deux intervalles
C’est là qu’il faut apprendre à vivre.
Cinq heures sonnent au clocher
Les sons dispersés clairs et droits
Traversent le corps moulu de fatigue
La mer ce soir monte au plus haut
De son coefficient
L’île a rétréci jusqu’à sa plus étroite limite
Avant de regagner ses territoires perdus
La mer autour d’elle monte et descend comme l’énergie
Dans mon corps
Je l’accueille avec espoir et gratitude
Et je voudrais laver mon esprit comme la grève
Le laver de tous ces mois sales
De ces saisons sanglantes
Que s’effacent les traces des crimes, les offenses
Comme s’effacent les traces de pas sur l’estran
Et je voudrais tant que tu te souviennes
Je voudrais oublier
Que la peur s’évapore et que le ressac seul
Demeure pour rythmer le temps.
Deuxième partie
Bien sûr on aspire à guérir
De ces mois sales, de ces saisons sanglantes
Et comme le sable où passe deux fois la mer
On voudrait se laver de la peur, du ressentiment
Nous sommes venus implorer le soleil et la mer
D’effacer toutes ces traces de nos mémoires
Et nous prions le sable tendre, la dune odorante
Les sternes moqueurs de nous distraire.
La mer monte et descend comme l’énergie
Dans nos corps épuisés
Cinq heures sonnent au clocher,
La claire évidence nous rassure,
C’est un repère indiscutable,
Un clou planté vibrant
Pour retenir ce monde au bord de glisser à l’abîme
Nous nous accrochons,
Sauvés, soulagés, comme un surfeur au bord
De la noyade se raccroche à sa planche.
Bien sûr ce n’est pas ça guérir,
Mais puisque le sol se dérobe
Nager dans un monde liquide
Et mouvant nous paraît acceptable.
On donnerait ses trésors pour une respiration haletante,
On pourrait même trahir,
En tout cas la tentation serait grande, et rouler
Parmi les galets
Commettre à notre tour
Des crimes et des offenses
Ne serait-ce que par abandon.
Il est cinq heures et cela seul est sûr,
Un enfant vient d’éclore,
Il se roule dans la vague
Et sa question nous sauve.