Le hors-bord et l’intelligence collective


Aujourd’hui, Buencarmino s’intéresse à la chose publique. Non pas sous l’angle du programme, qui n’est pas l’objet de ce blog, mais sous celui de la méthode, qui nous intéresse. La séquence politique vertigineuse que nous venons de vivre offre un terrain d’observation passionnant pour le coach en intelligence collective.

Résumons les faits. Un hors-bord de 39 ans vient de traverser la France. Laissant dans son sillage des partis politiques fracassés, bousculant tous les rapports de force, il invite à une sorte de grand remix où chacun retrouvera des fragments du monde ancien mais samplés, remasterisés, accompagnés d’un beat plus rapide et qui donne envie de danser. Cela, c’est pour l’image. Dans la réalité, les morceaux de banquise pulvérisés n’aspirent qu’à se refermer sur l’audacieux pour le broyer impitoyablement. La moindre erreur, épiée par les ricaneurs professionnels, sera jetée en pâture à l’opinion, lestée d’un triomphant « on vous l’avait bien dit » qui dispense à l’avance de toute prise de risque et de tout véritable engagement. Il est tellement plus facile de liker que de réfléchir, plus amusant de tuer, d’une vanne bien ajustée, la proposition imparfaite. On sent bien, pourtant, que le retour en arrière est impossible.

Le peuple français, mis en appétit, a sacrifié ses vieux caciques. Devant ce champ de ruines, où s’échauffe une équipe à peine composée, il reste en attente, inquiet, sceptique, se demandant quels arbitrages l’affecteront, et de quelle manière. Nous sommes dans un entre-deux. L’erreur, c’est de regarder vers le haut, hypnotisés par cette image que nous renvoient les média et les réseaux sociaux. Or les défis de notre pays sont beaucoup trop complexes pour pouvoir être résolus par un seul homme, fût-il entouré de brillants cerveaux. Car les cerveaux ne font pas tout, et surtout pas le mouvement.  J’aime beaucoup l’idée d’Olivier Zara selon lequel l’´ingrédient de base de l’intelligence collective serait l’intelligence situationnelle. Autrement dit, la compréhension de ce qui se passe sur le terrain. Je me souviens de cet arbitre de foot bénévole expliquant la manière dont il appliquait les règles en fonction de son ressenti, du rapport de forces et de l’intensité des émotions. Dans de telles situations, la règle n’est qu’un point départ, une référence. Plutôt que d’opposer de manière stérile le peuple aux élites, pourquoi ne pas chercher à les reconnecter ? Or, cela s’apprend.

Par exemple ici : https://www.facebook.com/events/1706357786329820/ (merci à Yolande, Mia, Agathe et Abhinav pour une décoiffante soirée « Théorie U » hier soir au Falstaff).

La voie de l’intelligence collective, enrichie de techniques éprouvées, constitue la voie du milieu pour ceux qu’anime l’envie de participer au mouvement des choses. L’autre ingrédient, c’est la responsabilisation de chacun. Encore faut-il, pour qu’elle puisse s’exercer, un cadre favorable et des raisons d’espérer.

La compassion, l’empathie, la bienveillance, l’appréciation réciproque nous aideraient à traverser cet espace de tous les dangers.  Cela s’acquiert, il y a des compétences nécessaires à développer. Le scepticisme n’est pas une preuve d’intelligence, il représente juste une forme aboutie de lâcheté. Ce qui n’interdit pas la vigilance, et même l’exigence. Wishful thinking? Peut-être. La question demeure : cette nouvelle équipe entend surmonter les anciens clivages. Très bien. On applaudit. Est-elle équipée pour le faire? On le saura très vite.

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