Ecrire ou bricoler. Frustration, douleur, parfois de menues récompenses. L’enjeu, c’est d’entretenir la motivation jusqu’au point de basculement, savourer d’étranges découvertes enfouies sous des couches de crasse et de poussière. Persévérer, fractionner la tâche en tout petits morceaux pour se donner autant d’occasions de célébrer.
Tenir jusqu’à vendredi. Le troisième jour est toujours le plus dur. S’inspirer des sportifs qui reprennent le chemin de l’entraînement tous les jours, qu’il pleuve ou qu’il vente, même après une défaite.Tout en haut du placard, une étagère incrustée de poussière où sommeillent de vieilles bouteilles de gnôle et des carafes en cristal aux armes des C… Ce vieux meuble aurait-il une relation particulière au temps ? Collé à l’intérieur de la porte, un menu jauni propose : endives cuites, veau façon Orloff, gâteau de semoule à la confiture de mûres. Septembre 1937. Ils ont dû se régaler. Le soir, j’ai commencé le premier des panneaux du centre. Ai-je dit que la couche de peinture originale, sous le jaune vif, était d’un marron à vomir ? L’épaule et le poignet me brûlent, la peau de mes pouces durcit. La musique se mélange dans ma tête : Lady Goldberg et les Variations Gaga.
Ta description de ce placard (que je connais depuis quelques années !) me fait penser au poème d’Arthur Rimbaud :
« ô buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires. »
Dis, quand tu parles de la difficulté, c’est celle du décapage, ou celle de l’écriture ? Là encore une association : « Le Gant de crin » de Pierre Reverdy, où il évoque les liens entre le travail de l’écriture et le décapage en question…
Les deux, puisque c’est la même chose. Travail de bagnard!