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Sur des épaules de géants (1 sur 2)


Parfois, nous avons l’impression que la Vie nous force à devenir des géants.

Je me souviens du fils d’une amie, un garçon de 10 ans … Lors de son entrée en sixième, le petit G.… a commencé à faire des cauchemars.

Emmené chez une pédopsychiatre, il s’est dessiné tout petit au milieu de ses deux parents immenses. La psychologue expliqua alors aux parents perplexes qu’il exprimait un refus face à ce qu’il ressentait comme une pression pour grandir trop vite.

Ce stress du « passage en sixième », nous pouvons l’éprouver à divers moments de la vie personnelle ou professionnelle. Changer de travail, de métier ou de pays, recomposer sa famille, faire face à la perte d’autonomie ou à la disparition de ses parents, à la maladie grave d’un conjoint. Tout devient extrêmement compliqué, et, comme le petit G.… à la veille de son entrée en sixième, nous sommes terrifiés à l’idée de ne pas être à la hauteur.

C’est que nous avons oublié une donnée essentielle. « Si j’ai pu voir si loin », écrivit Copernic, « c’est que j’étais juché sur des épaules de géants ». Face aux épreuves de la vie, nous sommes tous des géants-porteurs les uns pour les autres. La coopération, qui requiert la confiance, serait même selon l’éthologue Frans de Waal l’un des plus grands avantages compétitifs de l’espèce humaine (l’Age de l’empathie, 2010).

Reste à gérer le vertige. Le principal travail d’adaptation consiste d’abord à rééduquer notre « oreille interne ». Comment percevons-nous la distance qui nous sépare de l’objectif ? Et si elle nous paraît vertigineuse, comment la réduire ? La technique la plus efficace consiste à transformer les obstacles, réels ou imaginaires, en un plan d’action. « Je n’y arriverai pas » devient : « sur quels paramètres ai-je du pouvoir », puis « quelles sont les principales questions à résoudre, et dans quel ordre » ? Et enfin : « comment progresser » ?

Voyant qu’il avait des difficultés dans les matières classiques, les parents du petit G.… lui proposèrent de tenter diverses activités pour multiplier les occasions de réussir, parmi lesquelles la natation.

Semaine après semaine, ils lui ont prodigué leurs encouragements, hurlant au bord des bassins. Il dut maîtriser sa peur, apprendre à respirer sous l’eau, à bien finir une épreuve. Lutter dans ce terrain mouvant, dépourvu de points d’appui, où les muscles tirent, où mille sirènes vous implorent de lâcher. Il en a bavé, mais il a tenu.

Comment se motive t-on pour gagner quelques dizaines de secondes ? De la même façon qu’on se mobilise pour tenir face à la maladie. C’est la conclusion à laquelle nous sommes arrivés en discutant avec une coach sportive rencontrée par hasard aux urgences d’un hôpital parisien.

Elle accompagnait un client. Moi, des proches. On attend beaucoup aux urgences. Tandis que son client se tord de douleur sur son brancard, un coude déboîté, flambant de jeunesse au milieu des vieillards dans son maillot jaune et rouge, je lui fais part de mon intérêt pour tous les facteurs de l’endurance. Nous nous apercevons rapidement que nous parlions le même langage : fractionner l’objectif, tenir le pas gagné (Rimbaud), qui dans le foot se traduit par « occuper le terrain », voire « conserver le ballon », enregistrer et célébrer le moindre progrès, analyser froidement les échecs, et surtout se projeter dans le « maintenant » de la victoire.

Pour un malade en voie de guérison, cela peut être une expo que l’on se promet d’aller voir avec des êtres chers. Pour le sportif, un progrès régulier lors des prochaines compétitions, ou gagner dans un lieu symbolique.

Il s’agit de construire des anticipations positives (« monter en première division »), couplées à des principes d’action de style « je ne raccroche pas avant d’avoir conclu au moins une vente » pour le commercial, ou « chaque minute de vie est une occasion d’aimer, et de se le dire », à propos d’un être cher.

Jusqu’ici, rien de révolutionnaire. Ce qui change, c’est la multiplicité des occasions d’appliquer la méthode. La pression exercée sur les individus est trop forte, les ruptures de repères trop nombreuses et surtout elles se succèdent de manière si rapide et si violente qu’il devient indispensable d’industrialiser le procédé.

A suivre…

le syndrome du lundi


S’il vous arrive de sentir peser sur votre cou, dès le dimanche soir, la menace d’une invisible guillotine, si vos épaules s’affaissent à l’idée de recommencer la semaine, si vos pieds se recroquevillent à la seule pensée de reprendre le chemin du travail, plus de doute : vous souffrez du syndrome du lundi.

Rien d’étonnant à cela : le sentiment d’anxiété ou de tristesse du dimanche soir vient de ce que nous avons du mal à faire le deuil du week-end. Le « temps pour soi » va devenir un « temps pour les autres ». La liberté, l’intimité, vont devoir faire place aux contraintes. Voici donc quelques conseils pour réussir son lundi, ou du moins pour le passer plus agréablement.

1. Que font les sportifs avant un match important ? Ils se reposent ! Bien réussir son lundi, cela commence dès le dimanche soir : se coucher un peu plus tôt pour être en forme, se remémorer les moments agréables du week-end, en parler à un proche. Il s’agit de convertir ces bons souvenirs en énergie positive, de les stocker pour les réutiliser au bon moment. Profitez-en pour visualiser tous les événements positifs de la semaine à venir, les « temps pour soi » qui rempliront vos réserves de bien-être.

2. La playlist de la semaine : choisissez des musiques à tonalité positive, énergisantes ou relaxantes, que vous écouterez dans le métro ou dans les embouteillages.

3. L’énergie vient en s’activant… Pourquoi ne pas commencer la journée par une bonne séance de sport, un jogging, quelques longueurs à la piscine pour bien oxygéner votre corps et votre cerveau ? Quelles que soient les difficultés qui vous attendent par la suite, vous aurez le sentiment d’avoir accompli quelque chose dont la réussite ne dépend que de vous.

4. Faites-vous plaisir. Invitez à déjeuner une personne qui vous met de bonne humeur, ou qui vous fera découvrir quelque chose de nouveau : la matinée passera plus vite, et vous aurez le sentiment d’avoir fait au moins une chose pour vous-même. A défaut, prévoyez une pause-téléphone en milieu d’après-midi, au moment où l’énergie tend à diminuer.

5. La touche de couleur : parce que l’on change de rythme, le lundi réclame au départ une impulsion supplémentaire. Après les activités du week-end, si cette journée vous paraît morne, mettez une touche de couleur dans votre habillement, une chemise d’un blanc éclatant, de la lumière. Votre entourage le ressentira, il se peut même que l’on vous fasse des compliments, ce qui n’est pas désagréable pour commencer la semaine.

6. La semaine s’annonce difficile ? N’hésitez pas à vous projeter au-delà du lundi : imaginez le sentiment d’accomplissement que vous éprouverez une fois les obstacles surmontés. Pensez aux nouveaux défis que vous allez pouvoir attaquer. Rappelez-vous ceux dont vous avez déjà brillamment triomphé. Quels talents aviez-vous mobilisés à l’époque? Quelles compétences ? Ecrivez-les sur un post-it que vous glisserez dans votre agenda, ou notez-les dans votre téléphone.

6. Prenez le contrôle. Le matin, commencez par les activités qui vous plaisent le moins, pour pouvoir consacrer l’après-midi à celles qui vous motivent le plus. Equilibrez entre les tâches « urgentes-et-importantes » et les « importantes mais non urgentes » : ces dernières vous aident à vous projeter dans l’avenir, même proche, à lever le nez de la grisaille, et vous donnent le sentiment de contrôler les événements au lieu de les subir.

7. La machine à café … redoutable aimant à cafards : fuyez comme la peste ces éternels insatisfaits, toujours mécontents de leur sort, accablés par l’injustice et prodigues en bonnes raisons de désespérer. Si vous ne pouvez pas les éviter totalement, abrégez la séance de torture ou changez délibérément de sujet de conversation.

8. Pratiquez l’arrosage automatique : cherchez une personne à qui vous pourriez faire un compliment : il y a des chances qu’elle vous en fasse un en retour, double sourire garanti.

9. Si vous déjeunez avec des collègues, anticipez les sujets de conversation positifs dont vous aimeriez parler : cela vous évitera de tomber dans le piège des récriminations qui finissent toujours dans une surenchère de gémissements (le boss, les enfants, les transports…).

10. Les micro-pauses : la nicotine et les barres chocolatées ne sont pas les seules occasions de faire un break. Les grands « performeurs » sportifs, les artistes de haut niveau, les décideurs ont tous des trucs, des « doudous » qui les reconnectent à leurs perceptions sensorielles pour refaire le plein d’énergie. Touchez de la main un objet, ressentez-en la structure en détail : est-il lisse ? Présente t-il des aspérités ? Humez un parfum, buvez un simple verre d’eau sans penser à rien d’autre qu’à son goût. Regardez la photo d’un être aimé stockée dans votre téléphone. Réécoutez l’un de ses messages. Concentrez-vous : ce moment vous appartient. Respirez lentement avant de reprendre le cours de votre journée.

Comme les premières images d’un film, le lundi pose une ambiance, donne le ton, imprime un rythme à toute la semaine. Qu’il démarre sur une note joyeuse, et vous voilà prêt à affronter toutes les difficultés. Prenez un bon départ, donnez-vous toutes les chances de réussir et vous verrez que vous deviendrez une source d’énergie non seulement pour vous-même, mais aussi pour tout votre entourage.

Ecrire bricoler tenir


 

Tenir

 
Ecrire ou bricoler. Frustration, douleur, parfois de menues récompenses. L’enjeu, c’est d’entretenir la motivation jusqu’au point de basculement, savourer d’étranges découvertes enfouies sous des couches de crasse et de poussière. Persévérer, fractionner la tâche en tout petits morceaux pour se donner autant d’occasions de célébrer.

Tenir jusqu’à vendredi. Le troisième jour est toujours le plus dur. S’inspirer des sportifs qui reprennent le chemin de l’entraînement tous les jours, qu’il pleuve ou qu’il vente, même après une défaite.Tout en haut du placard, une étagère incrustée de poussière où sommeillent de vieilles bouteilles de gnôle et des carafes en cristal aux armes des C… Ce vieux meuble aurait-il une relation particulière au temps ? Collé à l’intérieur de la porte, un menu jauni propose : endives cuites, veau façon Orloff, gâteau de semoule à la confiture de mûres. Septembre 1937.  Ils ont dû se régaler. Le soir, j’ai commencé le premier des panneaux du centre. Ai-je dit que la couche de peinture originale, sous le jaune vif, était d’un marron à vomir ? L’épaule et le poignet me brûlent, la peau de mes pouces durcit. La musique se mélange dans ma tête : Lady Goldberg et les Variations Gaga.