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Possibilité d’un chevreuil


Décapage, ponçage : six heures.

Aperçu deux chevreuils au bord de la douve : dix secondes.

Chevreuils : dix secondes

Les mains me cuisent. Douleur quotidienne, je m’habitue et trouve encore la force d’enfourcher un vélo le soir pour aller m’ouvrir les poumons sur les petites routes de la Sarthe. Le corps exulte, je respire, chaque mètre de la route me régale de ses parfums.

Ce soir la lumière est somptueuse a dit ma mère. Dans ce mot, le moelleux de l’air, la blondeur du sable de la terrasse et du crépi, l’ample mouvement de la brise enveloppant le château comme une chevelure balayant les épaules d’une femme, la tiédeur du soir et quelque chose d’un peu solennel, comme une trace de la musique au son de laquelle dansèrent les anciens habitants. On pense au décor d’une pièce de théâtre ou d’une fête. L’été dans toute sa gloire.

Demain, je peins.

(vendredi 29)

Un nom de commando (1/3)


Pensées Avarapiennes : persévérer pour réussir. Le travail manuel comme préparation, remise en forme : entretenir la motivation, relever un défi, pour le jeu, pour le sport.

Gratter, poncer, rêver à la couleur future, préparer la rentrée en canalisant toute cette énergie qui ne cesse d’affluer depuis quelques mois.

S’acharner à entretenir une vieille maison comme celle-ci, c’est mener un combat perdu d’avance contre le temps.  Rien à gagner si ce n’est de pouvoir se dire, comme un coureur : je l’ai fait.

Les sportifs et les coachs savent trouver la motivation dans la pratique régulière d’un effort qui finit, comme pour l’écriture, par devenir un plaisir attendu, recherché. La Discipline est alors joyeuse. L’intensité des sensations, même dans la douleur, justifie de courir encore un kilomètre, un de plus, et puis encore un autre. Courir, c’est aussi méditer. Je ne pense pas : je suis. Plus d’appréhensions, plus de doutes. Le temps s’ouvre sur un vaste éventail de possibilités : bonjour souplesse !

(jeudi 28)

Ecrire bricoler tenir


 

Tenir

 
Ecrire ou bricoler. Frustration, douleur, parfois de menues récompenses. L’enjeu, c’est d’entretenir la motivation jusqu’au point de basculement, savourer d’étranges découvertes enfouies sous des couches de crasse et de poussière. Persévérer, fractionner la tâche en tout petits morceaux pour se donner autant d’occasions de célébrer.

Tenir jusqu’à vendredi. Le troisième jour est toujours le plus dur. S’inspirer des sportifs qui reprennent le chemin de l’entraînement tous les jours, qu’il pleuve ou qu’il vente, même après une défaite.Tout en haut du placard, une étagère incrustée de poussière où sommeillent de vieilles bouteilles de gnôle et des carafes en cristal aux armes des C… Ce vieux meuble aurait-il une relation particulière au temps ? Collé à l’intérieur de la porte, un menu jauni propose : endives cuites, veau façon Orloff, gâteau de semoule à la confiture de mûres. Septembre 1937.  Ils ont dû se régaler. Le soir, j’ai commencé le premier des panneaux du centre. Ai-je dit que la couche de peinture originale, sous le jaune vif, était d’un marron à vomir ? L’épaule et le poignet me brûlent, la peau de mes pouces durcit. La musique se mélange dans ma tête : Lady Goldberg et les Variations Gaga.