A l’ami qui demandait « où ça va », répondre : ici, pas de story-telling, rien qu’un récit décousu, non-histoire. Ca ne va nulle part : c’est.
L’été, c’est ce qui nous arrive, une saison, juxtaposition de présents désarticulés que rien ne lie entre eux mais que l’on partage. Jour de pluie, promenade au soleil à travers la campagne, en vélo, une bonne blague.
Bonheur de savoir que le souvenir de la micheline Tuffé-Prévelles existe aussi dans l’enfance d’un autre. Le vent du sud étirait son cri d’animal mécanique, étrange et lointain, et cela voulait dire qu’il ferait beau. Cela nous appartient dès lors que l’on y plonge. Ici, je suis comme on respire, et ce que je respire aujourd’hui, c’est l’odeur des pommes. La magie, ce serait de pouvoir, comme Prospero, la croquer, et recrachant les pépins d’en faire naître des pays, des îles. (The Tempest).
L’été s’en est allé, voici l’automne et le retour du temps qui s’en va quelquepart. On voudrait se glisser dans le pli, tenir à distance hier et demain, les remettre à leur place.
Parfum et couleur d’enfance, les fleurs des champs — mes préférées — et le bouton d’or que l’on faisait doucement rouler sous le menton en demandant : « Est-ce que tu aimes le beurre ? » (question cruciale pour une Normande).
Méryem