Murakami et le monstre doux de Raffaele Simone


 

Fais moi peur, Takashi chéri!

 

Les conservateurs versaillais qui s’opposent à l’exposition des œuvres de Takashi Murakami dans le palais de Versailles le font pour de mauvaises raisons. Du coup, exercer son droit de critique envers cet artiste néo-pompier, cousin extrême oriental et consumériste de Meissonnier, vous range illico dans le camp desdits conservateurs.

Eh, oh, s’écrie la Mouette, pas si simple, un instant, voulez-vous ?

Cette exposition a deux avantages :
– d’une part, le buzz énorme qu’elle a suscité au Japon devrait nous amener à nous interroger sur la résonnance de Murakami dans ce pays en voie de post-industrialisation. Tout ce qui concerne le Japon nous dit quelque chose sur notre avenir, et cela me paraît une raison suffisante pour nous y intéresser.
– D’autre part, j’y vois une formidable occasion de lancer le débat sur la manière dont un certain nombre d’artistes contemporains nourrissent le « monstre doux» infantilisant évoqué par le philosophe italien Raffaele Simone dans son essai du même nom (voir aussi l’interview dans le Monde Magazine). Les oeuvrettes  faussement provocantes de Murakami sont « tellement fun, lol, et colorées, re-lol, tellement de notre époque, et je reprendrais bien un peu de jus de goyave s’te plaît »!

Opposer Murakami à le Brun, voire à le Moine, est de la dernière imbécillité. Parlons en revanche d’artistes contemporains éprouvés comme, disons, Christian Boltanski, ou Louise Bourgeois. A côté des araignées-mères qu’on a pu découvrir en 2008 au Centre Pompidou, il faut bien reconnaître que les œuvres acidulées à la sauce manga sont d’une légèreté… mousline. Louise Bourgeois, qui s’engageait physiquement et émotionnellement dans son oeuvre au point de dire : « pour moi, la sculpture est le corps, mon corps est la sculpture« .

La vraie provocation, bien sûr, aurait été d’exposer les araignées de Louise Bourgeois sur la terrasse du château de Versailles. Que les porteuses de serre-têtes et de pulls bleu marine se rassurent : aucun risque. Les araignées ne sont ni ludiques, ni charmantes. Lol.

4 réponses à “Murakami et le monstre doux de Raffaele Simone

  1. En Tagalog, la langue des Philippines, Mura signifie « pas cher », disons même « cheap ». Kami signifie « nous ».

    Mura-kami : « nous ne sommes pas chers » … Ou, pour détourner le détournement : « parce que nous ne valons guère plus »?

  2. Voici un lien vers un débat justement à propos de « Muraille-kami », Murakami,
    faux-artiste et fabriquant de jouet pour les Bourgeois blasé sous les blasons pourris de notre temps. Débat animé par Frédéric Taddei lors de l’émission « Ce soir ou jamais » où un des invités n’est autre que le meilleur écrivain français actuel, Marc-Edouard Nabe, sa pensée est d’une cohérence redoutable vis-à-vis de l’Art contemporain.

    Moi-même, je pense également que l’Art Contemporain à piétiné Marcel Duchamp de manière à le déformer, et en faire ressortir du jus noir, le pétrole, l’argent, qui enlise les pattes sensibles des rares Artistes.

    Le lien direct de l’émission en entière : http://www.alainzannini.com/index.php?option=com_seyret&Itemid=&task=videodirectlink&id=279

  3. Oui bien sûr. A ne pas confondre avec Ryu Murakami, le prolifique auteur d’une trentaine de livres dont les plus célèbres sont ses premiers romans, Bleu presque transparent (prix Akutagawa en 1976, vendu au Japon à un million d’exemplaires en six mois), qui retrace quelques jours de la vie d’un groupe d’adolescents, entre sexe, drogue et rock, Les Bébés de la consigne automatique (1980) et Parasites (Wikipédia, je cite mes sources, moi, contrairement à un certain auteur dont le nom commence par H). Pour sortir de la nippomania actuelle, je conseillerais aussi d’explorer les auteurs coréens, tout particulièrement Yi Munyol (le Poète).

  4. Christiane MIRABAUD

    Très bien dit Robert! Moi je n’aime qu’un Murakami c’est celui de Kafka sur le rivage, la course au mouton sauvage et le passage de la nuit etc. Tu connais of course ?

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