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2010 en mots clés (et en images)


Avant de saluer l’année du colibri, il convient de dire au revoir avec grâce à celle qui va se clore, sur ces images de Séville.

Buencarmino chatouille la souris depuis quatre mois seulement, mais c’est une souris productive avec déjà plus de cent articles au compteur et plus de 2,300 pages vues, ce qui n’est pas si mal. J’ai donc choisi de lister ici les mots et les catégories qui vous ont amenés sur ce blog, avant de passer à un autre cycle.

DESSIN Parmi les catégories les plus recherchées, le dessin, comme acte de tracer à la main sur du papier des traits formant une figure, occupe une place prépondérante avec les mots suivants :

Aurélie Gravelat, dessinatrice de talent (un grand merci au passage à Serghei Litvin, fondateur de la Foire Internationale du Dessin, et à son Blog du dessin), dessin, croquis, nus, pastels, couleur, modèle, Anne-Marie Franqueville, Aracanthe, Mirella Rosner, outils, main (mais zéro pour « déterritorialisation« , pan sur les doigts, ça m’apprendra à frimer avec des mots de plus de quatre syllabes). Le dessin, comme le bricolage et toutes les activités manuelles, nous reconnectent au monde réel. Ils nous libèrent de la molle tyrannie du « monstre doux« , car le moindre trait, même le plus malhabile, signe l’affirmation d’un acte unique posé dans l’espace de la feuille : quand je dessine, je ne consomme pas, je suis.

PEINTURE : …la peinture  avec Jean-Michel Basquiat (Basquiat, le sacre de la couleur), suivi de Jérôme Bosch, dont j’ai tant aimé voir la Tentation de Saint Antoine à Lisbonne. Le voisinage me ravit, puisque je vois de fortes affinités entre ces deux peintres qui ont eu le courage d’explorer les cauchemars de leurs époques respectives – et les leurs.  Bosch et Basquiat : cela mériterait d’y revenir une autre fois, dans un prochain article. Loin derrière, le caniche pour milliardaires Murakami, amusant la galerie des glaces (me rappeler, en 2011, de parler de l’autre Murakami, celui de Kafka sur le rivage).

ECRITURE … Ce blog est né d’un défi : celui d’écrire tous les jours pendant l’été, puis de publier. Résister à la tentation du silence, à l’injonction mollifiante « à quoi bon, tout a déjà été dit ». Saluons ici les auteurs  de Mille Plateaux Deleuze et Guattari, mais aussi Valère Novarina, Racine (et Phèdre au labyrinthe), Proust qui nous aura vu courir sur les petites routes sarthoises;  mentionnons l’auteur fin de cycle, Houellebecq, mais surtout Cynthia Fleury (la fin du courage), Rafaele Simone (le monstre doux, le monstre doux, le monstre doux qui vous hypnotise avec sa voix de velours), François Cheng, et Stephan Zweig. Dès le départ, ce blog est né avec l’idée d’utiliser toutes les possibilités du lien html et ses ramifications infinies. Lier, c’est offrir un outil pour créer du sens. Opposer, juxtaposer : avec Edgard Morin, résister à la tentation de simplifier le millefeuilles du réel, de nos émotions, et ce qui nous lie.

EMPATHIE… l’empathie, (« l’empathie n’est pas une maladie », objet de nombreuses recherches sur Google), Antonio Damasio, qui nous mène au coaching avec Alain Cayrol et Nicole de Chancey; mais ni l’amour ni la tendresse ne vont ont menés jusqu’à ce blog; Pudeur ou désintérêt? On en parlera plus en 2011 car je pense, avec Luc Ferry, que l’amour est l’une des forces qui contribueront à structurer notre culture commune au 21ème siècle, en plus d’être une valeur profondément démocratique.

Vous vous êtes aussi demandé s’il y avait des mouettes dans la Sarthe (réponse : oui, et d’autres animaux voyageurs),

Vous avez interrogé Google sur le butô, sur Lisbonne et sur les Philippines, sur la Sarthe et sur l’île de Ré, sur David Pini, et nous avons parfois eu de beaux échanges sur l’un ou l’autre de ces sujets.

On explore ici les relations compliquées entre les mots et l’image, en cherchant le chemin d’une forme d’authenticité dans l’expérience. Et si l’on échoue, eh bien, on s’efforcera d’échouer toujours mieux. L’important est de faire sa part, comme dit le petit colibiri.

A bientôt, avec tendresse, espièglerie et curiosité pour la nouvelle année. Meilleurs voeux!

La check-liste du guerrier (dédié à Pascal)


 

 

Yuyu le Redman

Concevoir la guerre
En méditer les buts
La préparer
Invoquer son génie
Recenser ses armes et les fourbir
Négocier des alliances
Renforcer ses défenses avant d’attaquer
Faire le tour de ses peurs
Fourbir, fourbir, fourbir encore
Endosser son armure
Et partir au combat,
Résolu.

Voir aussi Seth Godin : Heroes and mentors, ou comment trouver ses armes cachées sous les pierres, et le livre de Cynthia Fleury sur le courage (de dire non?) et comme je l’ai promis un exemple de « Bravomètre »

 

le bravomètre ou le coaching par l'image

 

Traversée de la peur


La peur nous accompagnait depuis si longtemps qu’elle nous était devenue familière : une ombre imperceptible, une partie de nous-mêmes. Elle assombrissait l’éclat de nos jouissances, ralentissait l’élan de nos paroles et de nos gestes.
Celui qui serait venu nous dire : « on peut vivre sans peur », l’aurions-nous écouté ?
Or, tandis que s’approchaient les derniers jours de l’été, quelque chose d’incroyable se produisit. La peur nous apparut soudain comme un hôte indésirable. Son poids devint trop lourd, et nous avons cherché le moyen de nous en débarrasser.
Nous avons commencé par repérer ses traces, discrètement, pour ne pas alerter sa vigilance. Nous avons reconnu son ombre sur les photos, les zones plus ternes sur la carnation de nos visages, où l’on discernait sa présence.
C’est alors que nous avons compris : la peur était partout. Son empire était immense, elle régnait jusqu’au plus profond de nos cellules, jusque dans les recoins les plus reculés de notre cerveau dont elle réorganisait les circuits à notre insu.
Il allait falloir agir avec résolution, avec une ruse, une persévérance infinies. Il nous faudrait nouer contre elle de solides alliances et nous forger des armes. La guerre serait longue et cruelle. Enfin, nous sommes parvenus au cœur du système, dans son repaire le plus profond. Après des mois d’une traque impitoyable, la peur était face à nous, gigantesque, obèse, nourrie de tous nos sacrifices, de nos prières, de nos renoncements, enhardie par nos offrandes. On ne voyait que ses pieds, tandis que sa tête se perdait dans les nuages.
Nous avons senti notre courage nous abandonner devant le mur de la cascade grondante. Le vacarme était assourdissant. La vapeur amollissait notre résolution. Alors, l’un d’entre nous a eu l’idée de tendre une passerelle jusqu’à l’autre bord et c’est ainsi que nous sommes passés, tout d’abord en rêve, puis pour de bon.

(rappel : lire la fin du courage, de Cynthia Fleury)

AVARAP : école de courage.

Cynthia Fleury, caramels et paparazzis


On s’achemine tout doucement vers la fin de ce journal…

1. Demain, toute la famille est au complet. On blague sur les caramels au beurre salé, si tendance. Côté Ouest, objet de toutes les plaisanteries, magazines pour l’été, jardinage et bricolage, conseils psycho-déco ; on feuillette en laissant filer son esprit. Les filles s’isolent pour téléphoner. Le soir, on joue aux cartes avec les enfants. Ils ont des gestes vifs. Les filles dévorent. « Tu crois que si tu manges plus vite il y a moins de calories ? » demande Joséphine, l’amie de ma nièce. Aussitôt dit, aussitôt posté. Avec facebook et l’iPhone, on est tous des paparazzis.

2. Et voilà, mon blog est en ligne. Envoyer des invitations, guetter les commentaires : la victoire, c’est qu’il existe. La Discipline danse de joie dans sa belle robe de velours rouge (voir plus haut : mes deux égéries).

3. 3. Je commence à trier les photos : Ré, la Sarthe. Une pensée pour l’ami Nicolas, si présent dans chacune de ces promenades. Sa voix nasale, haut perchée, cite le nom d’un oiseau, d’une plante, signale une écluse qu’il a pris tant de plaisir à photographier, jadis, les coins où il venait pêcher avec son père. Une semaine a suffi pour faire mûrir les arômes de ces images, comme on le dirait d’un bon vin : c’est une joie sereine, mêlée de reconnaissance, longue en bouche, avec de riches tanins. Elles manquent de piqué, la mise au point laisse à désirer, le compact montre ses limites, mais elles me rappellent le moment de la prise, et la complicité nouée autour des marais, la passion commune pour ces ambiances fugitives, sans ignorer que l’on n’y parvient jamais, qu’elles ne se laissent pas plus capturer que les merveilleux nuages.

4. Au petit déjeuner, un drame éclate à propos d’une broutille, une histoire de peinture à finir. Si je me démène autant, n’est-ce pas par refus de voir vieillir ma mère ? Agir pour évacuer l’angoisse. Je voudrais qu’elle soit encore capable de décider, d’arbitrer, de vouloir. Mais elle n’en a plus la force. Pas aujourd’hui en tout cas. Lui reconnaître ce droit, même si elle refuse de passer la main et de se désintéresser. On reste en suspend, le temps de se faire à l’idée, puis revient le courage. Qu’est-ce que c’est, le courage ? Comment ça vient ? Courage de se réveiller tous les jours, à chacun ses raisons : l’ambition, le défi, l’amour. Dans le courage semble s’offrir une sortie du temps, « comme s’il existait un passage secret entre la vie et l’éternité » (Cynthia Fleury, la fin du courage). Horizon toujours ouvert.