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Croquis de nus


Sans  le « ah » de la pose, le dessin ne serait qu’un échafaudage,  un mikado de traits juxtaposés sur le papier. Qu’on en tire un, tout s’écroule.

Lorsqu’elle évolue dans l’espace, ses pieds ancrés dans le sol en une posture asymétrique, son buste allant chercher la torsion maximale tandis  que sa nuque ploie, il arrive que les dessinateurs se perdent, absorbés dans la poésie de Sophie. Leur main plane au-dessus du papier, saisie  par la grâce.

D’autres fois, l’humilité du modèle palpite en creux, c’est un petit quelque chose qui semblerait s’excuser d’être là, au centre de l’attention, et qui continue de vibrer longtemps après qu’on a retourné le carnet de croquis contre un mur. Filet de voix, filet d’être.

D’autres fois encore c’est l’angle d’un pied, cocasse, impossible, irritant, qu’un trait rageur vient clore.
 

Pour qu’un vrai dessin naisse, il faut la magie d’une rencontre entre ces  deux choses rares : la proposition du modèle, habitée, vivante, et le regard du dessinateur, libéré de toute forme, happé, disponible.  Il faut la complicité, la tendresse, l’audace. il faut qu’un risque soit pris par amour des lignes.  

En somme, il faut que le corps et le regard soient également nus.Image  Lire la suite

Saison du dessin


A ne pas rater ce week-end : la Foire Internationale du Dessin.
3e édition
31 mars – 3 avril 2011
Cité internationale des arts
14 pays
40 écoles de beaux-arts d’Europe
90 exposants

« Pourquoi les jeunes artistes font à nouveau du dessin », s’interroge le Monde. Vincent Bioulès suggère une explication : « j’ai l’impression de voir le réel mais, dès que je commence à dessiner, je me rends compte que je n’avais rien vu. Le dessin est une syntaxe pour s’approprier le monde. Il est la puissance de déchiffrement du réel ».

Le dessin mobilise le corps et l’esprit, libérant l’émotion dans le mouvement.

Il faut s’affranchir de l’ambition de réussir, car même lorsque le dessin n’est pas juste, ce qui est posé n’est que le support, la trace du geste. Sous le nom de tentative, il mobilise le corps et l’esprit dans une même démarche « en avant ».

Le dessin sur modèle vif nous incite à confronter notre regard au réel, dans son insaisissable cruauté. L’attache d’une épaule, l’ombre d’un sein, l’angle d’un coude s’éparpillent en autant de morceaux de corps. L’oeil, puis l’esprit s’en emparent, il se fait un blanc dans l’esprit, et sur ce blanc s’inscrit la forme. Humilité devant la chair vivante. la chair n’a ni concept ni démarche, elle EST.