Lisbonne, ville idéale où savourer l’automne et ses brouillards, accepter de se perdre et s’accorder le temps de la confusion, des cheminements complexes, itinerrances.
Au musée Gulbenkian, la Tentation de Saint Antoine, par Jérôme Bosch, illustre ce moment de désarroi. Les dessins préparatoires révèlent une maîtrise technique soutenue par une imagination inquiète. Mais le plus intéressant, chez Bosch, est l’extraordinaire inventivité des motifs.
Dans un langage plus contemporain, les tentations, c’est tout ce qui nous décentre et nous livre au besoin de combler le manque par une frénésie de consommation. La surabondance des monstres dans le tableau de Bosch évoque le harcèlement publicitaire, le bruit de fond ambiant dans lequel nous baignons en permanence : aujourd’hui, l’enfer, c’est le trop.
Certains historiens de l’art ont soupçonné Bosch d’avoir consommé des plantes hallucinogènes, oubliant que le génie du peintre c’est justement de savoir traduire en images la violence et la folie qui guettent chacun d’entre nous. Il suffit de prendre le métro pour ressentir ce dont parle le tableau.
Allons coacher dans les musées, celui de Lisbonne vaut largement le détour.
Liens : des croquis préparatoires pour la Tentation de Saint Antoine