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Parfaits dans notre imperfection (suite et fin)


Que voulait dire Nicole de Chancey lorsqu’elle se revendiquait, avec assurance et une pointe de provocation, « parfaite dans mon imperfection » ? J’ai mis des années à en comprendre toute la signification, comme ces origami japonais qui dissimulent un rébus dans les plis du papier, et qu’il faut déplier avec soin, prudemment, pour en découvrir le sens caché.

Il se peut que les lignes qui suivent sollicitent votre attention plus qu’on n’en a l’habitude à la lecture d’un blog. Elles sont denses, car il me faudrait plus de temps pour déplier cet origami et ce temps, je ne l’ai pas. Par avance, je vous prie de m’en excuser et vous invite à compléter vous-même, dans la méditation ou l’action, ce qu’elles suggèrent. Cueillez ce rameau vert et frais pour le bouturer dans votre jardin, à la bonne saison, parmi les arbres fruitiers et les fleurs.

En commençant à écrire cette série de chroniques en hommage à Nicole de Chancey, professeur à L’Institut du Coaching International, mentor et coach, je n’imaginais pas que cette réflexion m’amènerait à m’interroger ainsi sur les croisements et convergences qui relient  à travers le coaching et la pédagogie des disciplines asiatiques millénaires fondées sur l’attention, la présence au monde et la stabilité de la conscience, et les nouvelles approches originaires pour la plupart de la côte Ouest des Etats-Unis.

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Sa voix nous accompagnera


Nicole de Chancey nous a quittés le 14 juillet. D’origine belge, elle a choisi le jour de la fête nationale des français pour s’éclipser, discrètement, avec un clin d’œil malicieux bien dans son style.

Comment vous parler de Nicole ? Un petit bout de femme rousse, élégante, nez et voix pointus. Des mots clairs, précis, alignés sur le fil de sa pensée comme des hirondelles prêtes à s’envoler, perdant d’ailleurs parfois ce fil et revenant se poser après un petit tour dans le bleu du ciel. Des gestes posés, réfléchis, pour souligner ses phrases ou pour se recentrer. Une présence. Je l’avais dessinée au stylo bille, dans mon « cahier de pnl », un jour où la discussion traînait en longueur. Sa patience avait des limites : il était dans son rôle de nous responsabiliser, lorsque les questions dissimulaient de plus en plus mal la peur de se jeter à l’eau.   Après tout, nous n’étions pas là pour argumenter sur les diverses théories du coaching, mais pour apprendre à le pratiquer. L’une de ses métaphores préférées l’illustrait à merveille : « ça doit rentrer dans les muscles », disait-elle souvent, pour bien ancrer la dimension corporelle qui rapprochait le coaching de ses origines sportives.

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Au pays d’abondance ou les super réserves


Ma voisine m’a regardé bizarrement en me voyant revenir du supermarché avec HUIT bouteilles de shampoing.

J’ai songé un moment lui expliquer l’exercice de coaching sur les super-réserves et puis, non. Je crois qu’elle a aimé les mandarines que je lui ai offertes juste avant de partir pour Séville.

L’idée n’est pourtant pas si compliquée à expliquer : il s’agit de transformer un sentiment (anxiogène) de pénurie en appréciation (jouissive) de l’abondance. Notre professeur de coaching, Nicole de Chancey, nous avait ainsi suggéré d’aller, délibérément, dans le sens de l’exagération, juste une fois, pour faire l’expérience de l’abondance.

En mettant ainsi l’accent sur le ressenti, sur l’appréciation plutôt que sur le manque, elle nous donnait un magnifique pouvoir sur nos vies.

On peut faire le même exercice avec les témoignages d’amour, d’amitié ou d’affection. Les personnes en déficit d’estime de soi pourront demander, sans honte aucune, des « douches de compliments ».

Vous n’osez pas? Pensez au plaisir que ce serait de recevoir, en toute simplicité. Prenez-le comme un jeu, et amusez-vous bien.

Et vous, qu’avez-vous en abondance?

Lisbonne et la tentation Bosch 3/3


Lisbonne dessine aussi … cliquer ici, merci ParisDessin


Lisbonne, ville idéale où savourer l’automne et ses brouillards, accepter de se perdre et s’accorder le temps de la confusion, des cheminements complexes, itinerrances.

Au musée Gulbenkian, la Tentation de Saint Antoine, par Jérôme Bosch, illustre ce moment de désarroi. Les dessins préparatoires révèlent une maîtrise technique soutenue par une imagination inquiète. Mais le plus intéressant, chez Bosch, est l’extraordinaire inventivité des motifs.

Dans un langage plus contemporain, les tentations, c’est tout ce qui nous décentre et nous livre au besoin de combler le manque par une frénésie de consommation. La surabondance des monstres dans le tableau de Bosch évoque le harcèlement publicitaire, le bruit de fond ambiant dans lequel nous baignons en permanence : aujourd’hui, l’enfer, c’est le trop.

Certains historiens de l’art ont soupçonné Bosch d’avoir consommé des plantes hallucinogènes, oubliant que le génie du peintre c’est justement de savoir traduire en images la violence et la folie qui guettent chacun d’entre nous. Il suffit de prendre le métro pour ressentir ce dont parle le tableau.

Allons coacher dans les musées, celui de Lisbonne vaut largement le détour.

Liens : des croquis préparatoires pour la Tentation de Saint Antoine