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Un dimanche à Venise


Si vous vivez en ville en ce moment, vous aurez certainement besoin d’entendre quelque chose comme ceci pour préserver votre santé mentale : Mésange charbonnière

Ou bien celui-ci : Chants d’oiseaux

Régalez-vous, c’est gratuit, offert par la nature. ce n’est pas que les oiseaux avaient disparu des villes, mais leur chant était couvert par le bruit des voitures.

Mais si vous voulez faire plus que les entendre, et vous entraîner à les reconnaître, c’est ici, par exemple la mésange charbonnière  (tulip-tulip-tulip):encore des oiseaux

A ne pas confondre avec la mésange bleue, « toujours vie et décidée ». Sa voix est très aigue, acidulée, un peu aigrelette selon le commentateur :   « c’est un peu comme un petit éclat de rire suraigu » mésange bleue

Et pour s’exercer à en reconnaître jusqu’à 25 espèces, c’est ici : 25 chants d’oiseaux

La nature reprend ses droits, partout, dans les villes abandonnées par les touristes. On aurait aperçu des dauphins nageant dans le grand canal, à  Venise, Dauphins à Venisetandis que les parisiens redécouvrent émerveillés le chant des oiseaux. J’ai décidé d’apprendre à les reconnaître, un par un : Courrier international des dauphins à Venise

Et le petit chêne incongru qui pousse au milieu des fleurs, sur le balcon de ma mère. Que fait-il là ? Chêne au balcon

Je conclus ce moment Turquoise par une nouvelle citation des Furtifs, d’Alain Damasio, poursuite du fragment partagé hier : « Un anthropologue aurait certainement su montrer que ces pratiques, à la fois énergétiques, sociales et spirituelles, tramaient en profondeur, à la manière d’un batik. (…) Je connaissais très peu de communautés où les liens étaient aussi délicatement tissés entre les gens, où l’on sentait une attention mutuelle, une attention ourlée et constante, j’allais dire féminine. Et encore moins de communautés où ces liens humains semblaient se prolonger hors du social, en rhizome à nos pieds ou à la façon de branches qui auraient poussé au bout de nos doigts, tendues vers … Vers quoi ? Les animaux et les plantes, la terre retournée, le fleuve ? Plus loin ? Vers le cosmos ? Ça sortait en tout cas du seulement-humain, de trop-humain, de l’hominite aigüe qui nous attaque les os et les sinus, nous rend si pincés, si étroits. »

Si ce vocabulaire, ou ce qu’il évoque, vous paraît ésotérique, ce n’est pas grave. Entraînez-vous déjà à reconnaitre le chant des oiseaux.

Les tambours de neige


Quand résonnent les tambours de neige,
Un très ancien virus enfoui
Dans la terre gelée
se réveille.
Le dos musculeux des bisons frissonne dans l’air glacé
Quelque chose dans la nuit
Cristallise,
Tout est blanc.

Pulsation proche et lointaine,
un cœur immense
bat.
C’est le nôtre, et d’autres cœurs à l’unisson.
Quand ils accélèrent
Nous savons qu’un voyage se prépare.
Il en va de notre survie
Et de toutes les espèces.

Et nous, quand partons nous?
Demandent les enfants
Quand partons nous, maman?

Sur la plaine où serpente
Un fleuve empoisonné
Les tribus s’inquiètent et montrent les dents,
Grognant
Comme des animaux agacés.
La police, armée de jets d’eaux puissants,
Les disperse.

C’est ainsi que les choses se passent
C’est ainsi que les peuples cassent

Une vague enfle et rugit dans les stades, la foule se lève
Comme un seul homme
Et comme un seul homme
Elle s’abandonne
Aux voleurs qui l’enivrent.

En mer, des femmes et des hommes
Se noient
De rares marins parfois les secourent
Et les ramènent vêtus d’orange
Un appel brille haut dans le ciel nocturne, étoile ou satellite rouge clignotant.

Et toi, que sais-tu, toi
Qui ne dis rien?
Un cri strident nous réveille,
Le coeur affolé.

Dans sa cabine, l’astronaute
Retourne sa caméra vers la Terre
Et ce qu’il voit le bouleverse à jamais.
L’orange bleue voilée de nuages
S’inscrit dans le hublot;
Notre maison, notre planète
Seule et unique habitée
Dans l’espace.

Il en tremble d’amour.
Dis, que vois-tu là haut?

Je vois des aurores boréales
Je vois nos ancêtres les montagnes et
Les continents, les côtes;
Je vois
Nimbée de lumière
L’enveloppe si mince,
Si fragile, qui nous protège.

Un flux de tendresse le parcourt
La mémoire de ses molécules
S’éveille.
Seul et nu dans l’espace
Il se souvient de son origine

poussière d’étoiles.

Il se souvient de sa première visite au planétarium, sa main
Dans la main de son père.
Il revoit le soleil,
Les planètes sagement alignées
Tournant comme des toupies, les galaxies multicolores s’éloignant les unes des autres
A toute vitesse

Son coeur à nouveau s’émerveille.

Plus bas, sa ville natale scintille de mille feux
Les autoroutes serties de diamants
Tressent des réseaux,
c’est un diadème posé
Sur un écrin de velours noir.

Entre ces villes tentaculaires
Il y a peut-être encore des forêts
Et dans ces forêts des animaux,
Des rivières pétillantes
Il se souvient des orties qui fouettaient ses jambes,
Des fougères
Et du bruit vert mouillé,
La pluie tombant sur les feuilles en avril.

Il se souvient de la femme qu’il aime, de son corps tiède
Et de ses caresses
Il se souvient de ses enfants
De leur odeur lactée

Le rythme des tambours
Accélère encore
Maintenant c’est une pulsation puissante, inexorable
Un rythme qui vous pousse
En avant

L’appel résonne

Avant que ce monde ne s’épuise
Il est temps de boire la lumière
De soleils plus lointains que notre soleil
Plonger dans la mer de turquoise où naît la vie future
Ecouter ce qui palpite
Ouvrir nos coeurs
Chanter

Turquoise


Des paillettes de Turquoise

Disséminées dans toute la ville

Oh cette vie drôle et ces sourires

Nous voici chasseurs de trésors

Hier aux abois, poussant nos corps crispés dans la rame, parmi d’autres corps las,

Ce qui revit en nous luit d’un éclat sonore

On n’en revient pas d’une telle

Simplicité, fraîcheur

Main magique c’est la nôtre

Dessins à la craie couleurs vives

Sur le trottoir après la pluie,

Lavé, géante ardoise.