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douce tyrannie (suite)


Douce tyrannie: la douceur d’un monde sans aspérités, sans résistances, où la main deviendrait le témoin de notre désamour envers le monde réel. Désengagement.

Pressé par le temps, je vous redonne ici le lien vers le Guide du démocrate mentionné par Thibaud dans son commentaire sur les monstres gentils, dans la catégorie « résistance au quotidien ». Un extrait marrant : « dans leur immense majorité (eh oui) les démocrates pensent qu’ouvrir un sachet c’est facile mais que laver-éplucher-couper-cuire des légumes c’est pénible. En fait, et c’est bien déprimant, mais le démocrate préfère les chips ou le sachet de pâtes à passer au micro-ondes avec la sauce lyophilisée qui va avec plutôt qu’une soupe de patates douces au gingembre à qui prend 5 minutes à cuisiner. Dommage. »
De là à dire que les vrais démocrates sont ceux qui mettent la main à la pâte, ou plutôt dans le gingembre, il n’y a qu’une bouchée…

Et j’intègre ici la réponse de Thibaud Saintain :

Pressé aussi, mais j’ai l’impression d’entendre le même son de cloche chez Chomsky, avec des nuances… Quelle drôlerie dans le livre que tu re-signales ! Ça a le mérite de réveiller, tout en piquant, mais vers le rire.
Chez Chomsky, (Dix stratégies de manipulation de masses dans les média) je me méfie d’une vision tragique, dans le fait qu’on attribue un caractère intentionnel à la manipulation… Mais la « grammaire », les modalités de cette dernière me paraissent pertinemment décrites.

« Poète est pour nous celui qui rompt l’accoutumance ».

Et ma réponse à la réponse : j’ai du mal avec l’esprit de sérieux, la lourdeur de Chomsky. Ce qui me pose problème, c’est le côté « théorie du complot ». Bien sûr, il y a une convergence de manipulations, mais il serait malhonnête de cacher que nous en sommes bien souvent les complices, par notre paresse, notre insouciance ou  notre légèreté. Retrouvons l’épluche-légumes au fond de notre tiroir,  ce sera déjà un grand pas vers plus d’autonomie et de responsabilité.
(Voir articles précédents dans la catégorie « la main », mots-clés : poncer, placard, masochisme ou persévérance, etc).

douce tyrannie


Avant d’aborder La carte et le territoire de Houellebecq, un extrait de l’interview de Raffaele Simone dans le Monde Magazine :

Qui est ce  » monstre doux «  dont vous parlez dans votre livre ?

Raffaele Simone : Dans De la démocratie en AmériqueAlexis de Tocqueville décrit une nouvelle forme de domination. Elle s’ingérerait jusque dans la vie privée des citoyens, développant un autoritarisme « plus étendu et plus doux », qui « dégraderait les hommes sans les tourmenter ». Ce nouveau pouvoir, pour lequel, dit-il, « les anciens mots de despotisme et de tyrannie ne conviennent pas », transformerait les citoyens qui se sont battus pour la liberté en« une foule innombrable d’hommes semblables (…) qui tournent sans repos pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, (…) où chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée des autres ».