La vie de château, c’est d’abord beaucoup de travail manuel. Comme dit le père de mon ami Thibaud, la Sarthe, ça décape!
Premier jour : j’attaque les tomettes, dissimulées depuis trente ans sous un lino à carreaux bleu plastoc accordés aux couleurs jaune vif et bleu roi du placard (Qu’est-ce qu’on écoutait comme musique, en 1980 ?) Curieux de retrouver la couleur originale, et pressé de passer à l’étape suivante, je gratte comme un fou, au rythme de Bad Romance.
Le placard est un véritable monument, chef d’œuvre du Menuisier Inconnu. Dix mètres carrés, huit panneaux sculptés de baguettes moulées et autres rechampis où s’accroche la vieille peinture teigneuse, surchargés de corniches, de serrures tordues et de rafistolages divers. Le fond se raccorde au mur incurvé de la tour. Que se cache-t-il derrière ? Mystère. Il n’a d’ailleurs pas fini de livrer tous ses secrets. Pour venir à bout de ce monstre, je me suis équipé d’un arsenal de pro : décapant, truelles, gouges, laine d’acier, brosses métalliques, et papier de verre. Du haut de mon escabeau, affublé de mes gants en caoutchouc bleu, de lunettes en plastique et d’un masque anti-poussière, je dois ressembler à une sorte de Darth Vador sans cape noire. Mon oncle, un fameux bricoleur fana de Boris Vian, passe apporter le courrier. En parfait gentleman sarthois il m’annonce la naissance de son dernier petit-fils et feint d’avoir une conversation rationnelle avec ce neveu qui se déguise encore à 49 ans.
Non loin de là mon propre père décape ses volets… Du haut de ses bientôt 80 ans, il en revient à l’ammoniac et la brosse. Et à un vocabulaire très fleuri… La Sarthe, ça décape !
« la Sarthe ça décape ». » Trop fort! ca vaut son pesant de rillettes ! On propose au conseil général?