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Intelligence collective et responsabilité


En matière d’intelligence collective, deux éthiques s’opposent alors qu’elles devraient se combiner.

L’éthique de coopération, plus populaire, met l’accent sur une recherche du consensus à tout prix, l’acceptation de l’Autre et de sa différence, le refus de tout ce qui ressemble à de l’autorité. Le risque est alors de laisser se développer des comportements qui finissent par vampiriser toute l’énergie du groupe et le vider de sa substance.

Qui n’a pas connu ces réunions interminables où l’endurance de quelques-uns leur permettait d’obtenir, à l’usure, une décision qui n’enthousiasmait réellement personne ? Ces débats où d’habiles manipulateurs réussissaient à prendre en otage l’ordre du jour, imposant les sujets qui leur tenaient à cœur au détriment de l’intérêt général ? Qui n’a pas ressenti d’impatience en écoutant tel ou tel intervenant confondant travail de groupe et thérapie collective ?

Si le cadre n’est pas posé, compris et respecté de tous, le destin de ces groupes est d’exploser, ou de connaître la mort lente. A l’arrivée : désillusion, ressentiment, regret du temps perdu que l’on aurait pu consacrer à d’autres activités.

C’est ici que la seconde éthique entre en jeu. Il s’agit de l’éthique de responsabilité.

Le mot n’a pas bonne réputation dans les milieux collaboratifs. On le soupçonne de justifier un certain élitisme, à moins qu’il ne s’agisse de la responsabilité des autres : entreprises, organisations, leaders … La responsabilité fonctionne alors comme une limite opposée à leur pouvoir présumé malfaisant. Mais pour soi, non, pas question de s’interroger : puisqu’on est animés de bonnes intentions, ne se range t’on pas automatiquement du bon côté de la Force ? Et du coup, nos comportements ne sont-ils ils pas toujours impeccables ?

Miroir, oh mon beau miroir systémique, ne suis-je pas le plus collaboratif, le plus empathique, le plus chaleureux des êtres ? Ne suis-je pas doué d’une patience à toute épreuve, d’une infinie compréhension pour les minorités, jusqu’à remettre en cause l’issue d’un vote pour ne pas faire de peine à tel ou tel malheureux arrivé juste un peu en retard ?

Rugueuse, la responsabilité contraint à se positionner en faveur du groupe et de sa raison d’être, quitte à s’opposer avec fermeté aux comportements déviants.

Comment les groupes qui survivent à ces écueils gèrent-ils les comportements centrés sur l’ego plutôt que sur la contribution à la réussite collective ? Comment résistent-ils aux tentatives de prise de pouvoir, plus ou moins déguisées ? A l’inertie de ceux qui se laissent porter par la vague, sympathiques-élastiques sans rebond ni flamme ?

En faisant appel à l’éthique de responsabilité. C’est-à-dire, avant tout, en posant et en faisant respecter les limites comportementales qui contiennent la violence et la colère, toujours présentes sous la surface des rapports interpersonnels.

Responsabilité du participant : je m’implique, je prends position, j’interpelle s’il le faut celles ou ceux qui n’agissent pas dans un sens constructif. Je les invite à revenir dans le groupe, à percevoir sa dynamique. J’exprime mes propres besoins sans agressivité mais sans passivité : ni paillasson ni hérisson, ni polisson – à l’unisson. Je cherche et je propose des solutions, je canalise mes émotions, je me recentre et j’agis, déjà, par ma seule présence.

Responsabilité du facilitateur : formé aux techniques de l’animation, de la communication non-violente, il/elle s’investit dans la prévention des dérapages, et renvoie au groupe sa propre responsabilité, collective, somme des responsabilités individuelles. Il possède toute la légitimité nécessaire pour fixer le cadre, ou du moins pour le faire respecter. Si nécessaire, il rappelle à chacun la raison d’être du groupe. Il est facilitateur de convergence, non de compromis tièdes.

Alors, la limite devient un mur porteur, galvanisant l’énergie du groupe, qu’elle concentre plus qu’elle ne lui fait obstacle.

Les groupes qui parviennent à ce niveau de maturité relationnelle atteignent un niveau d’efficacité surprenante. Ils sont capables d’audace, innovent, transforment leurs rêves en réalité tangible, et font l’expérience d’une satisfaction rare : ils découvrent leur infini pouvoir d’agir.

Derrière la magie


Alain Cayrol nous introduit au monde multi-sensoriel de la PNL. On travaille avec les mots, les images, on joue beaucoup, on « fait comme si », guidés par la bienveillance et le tact. Les techniques les plus puissantes accomplissent des merveilles lorsqu’elles sont guidées par une éthique irréprochable.

A ce sujet, la définition qu’en donne Wikipédia appelle quelques commentaires : « un ensemble de modèles et de techniques de développement personnel originaires des États-Unis et destinés à améliorer la communication entre individus et à s’améliorer personnellement. Elle peut être employée dans des cadres personnels, ou d’entreprises. Le terme a été inventé par John Grinder et Richard Bandler dans les années 1970 et, selon les créateurs, s’inspire du travail d’autres psychothérapeutes, dont Milton Erickson, Virginia Satir et Fritz Perls. Richard Bandler en donne la définition suivante : « Étude de la structure de l’expérience subjective. » » (jusque-là, tout va bien) et la coda : « la PNL est classée (par qui???? on ne le sait pas…) comme une pseudo-science.

Si la PNL avait la prétention d’être une science, cela se saurait. Certes, il y a le jargon. Et alors? Quel métier n’a le sien? Accuse t-on les plombiers, les charpentiers de jargonner parce qu’ils utilisent des mots précis pour décrire leurs gestes professionnels? D’autre part, une affirmation qui ne cite pas ses sources contredit les principes mêmes de la charte éthique des contributeurs de Wikipédia. On peut donc affirmer qu’elle s’auto-détruit, non sans avoir au préalable fait un certain nombre de dégâts. Un autre reproche fait à cette discipline concerne les ravages causés par les PNListes-manipulateurs dépourvus d’éthique.

Comme l’explique Alain Cayrol, la PNL se situe « au-delà de la magie ».

Elle a pour objectif premier le bien-être et le développement personnel, n’en déplaise aux apprentis sorciers et autres professeurs Mabuse déguisés en consultants qui ne l’utilisent que pour aligner leurs clients, non sur leur propre énergie, mais sur des comportements « acceptables » dans l’entreprise, au détriment de leur propre originalité.

Il ne tient qu’aux pratiquants de leur donner tort en faisant briller les couleurs de l’imagination, du ressenti et des émotions les plus vives, avec sagesse et bienveillance pour fils conducteurs. L’émotion positive c’est tout de même un sacré moteur de vie!

Pour conclure, disons simplement que la PNL nous enseigne, ou plutôt : nous permet d’expérimenter que nous sommes libres, à tout moment, de choisir notre état émotionnel, les couleurs dont nous voyons notre vie. La liberté que donne le fait de disposer d’une plus large palette d’options constitue en soi une « raison raisonnable et suffisante » d’essayer. Car la PNL, c’est avant tout un outil, un simple outil au service d’une démarche plus complète qui s’appelle le coaching.