Archives de Tag: Coach

Lavé avec amour


balcon fleuri

Jour 2 de ce journal, et sans doute J-2 du confinement généralisé. Plus que des habitudes, c’est tout notre état d’esprit qui doit changer. L’idée de rester confiné, sans doute pendant de longues semaines, me glace. Il va bien falloir s’y faire, à cette idée, pourtant. La tourner et la retourner sous toutes ses facettes, comme un Rubik’s cube, jusqu’au moment où l’on parviendra à se persuader que l’on a réellement essayé toutes les combinaisons possibles et qu’il n’en reste qu’une, la plus déplaisante. Mais la plus nécessaire.
Par-delà les toits et les cours d’immeubles, je vois deux ouvriers en gilet orange fluo qui travaillent (encore,) sur un échafaudage. Quelle chance de disposer ainsi d’un balcon fleuri et d’une vue dégagée ! De l’autre côté de l’appartement, les fenêtres donnent sur un joli paysage de toits parisiens, avec ses cheminées orange sur lesquelles se posent parfois des mouettes, et ses couchers de soleil.
Hier soir, en apprenant que nous allions très probablement avoir droit au confinement généralisé dès mercredi, j’ai pris la décision de m’installer chez mon père pour m’occuper de lui le temps nécessaire. A 89 ans, changer ses habitudes représente une véritable difficulté pour lui. Se laver les mains, par exemple.
A quoi pensez-vous, tandis que vous comptez jusqu’à trente en vous lavant les mains ?
Le sujet est plus sérieux qu’il n’y paraît.
La tentation serait de compter jusqu’à cinq, dix, un peu plus, encore un peu plus, et puis c’est bon.
Mais non, ce n’est pas bon. Ce n’est pas bon car ces gestes d’hygiène, ou gestes-barrière, n’ont pas été inventés pour nous embêter. Ces trente secondes correspondent au temps nécessaire pour détruire les virus, microbes, bactéries, et autres vilaines bestioles accrochés dans les replis de notre peau.
Comment le lui faire comprendre, et surtout lui inspirer la patience nécessaire ?
Je choisis de lui parler d’amour. Se laver les mains en pensant à chacun de ses enfants et petits-enfants, et s’il le faut même les arrière-petits-enfants, ça doit bien durer jusqu’à trente secondes, en y mettant de l’intention ?
Ca lui paraît cocasse, comme idée, mais il écoute et s’applique.
Il tient vingt secondes chrono. Je sens que ce n’est pas gagné. On fera mieux la prochaine fois.
Me voici reconverti coach en hygiène de vie, qui l’eût cru ?

Parfaits dans notre imperfection (suite et fin)


Que voulait dire Nicole de Chancey lorsqu’elle se revendiquait, avec assurance et une pointe de provocation, « parfaite dans mon imperfection » ? J’ai mis des années à en comprendre toute la signification, comme ces origami japonais qui dissimulent un rébus dans les plis du papier, et qu’il faut déplier avec soin, prudemment, pour en découvrir le sens caché.

Il se peut que les lignes qui suivent sollicitent votre attention plus qu’on n’en a l’habitude à la lecture d’un blog. Elles sont denses, car il me faudrait plus de temps pour déplier cet origami et ce temps, je ne l’ai pas. Par avance, je vous prie de m’en excuser et vous invite à compléter vous-même, dans la méditation ou l’action, ce qu’elles suggèrent. Cueillez ce rameau vert et frais pour le bouturer dans votre jardin, à la bonne saison, parmi les arbres fruitiers et les fleurs.

En commençant à écrire cette série de chroniques en hommage à Nicole de Chancey, professeur à L’Institut du Coaching International, mentor et coach, je n’imaginais pas que cette réflexion m’amènerait à m’interroger ainsi sur les croisements et convergences qui relient  à travers le coaching et la pédagogie des disciplines asiatiques millénaires fondées sur l’attention, la présence au monde et la stabilité de la conscience, et les nouvelles approches originaires pour la plupart de la côte Ouest des Etats-Unis.

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Sa voix nous accompagnera


Nicole de Chancey nous a quittés le 14 juillet. D’origine belge, elle a choisi le jour de la fête nationale des français pour s’éclipser, discrètement, avec un clin d’œil malicieux bien dans son style.

Comment vous parler de Nicole ? Un petit bout de femme rousse, élégante, nez et voix pointus. Des mots clairs, précis, alignés sur le fil de sa pensée comme des hirondelles prêtes à s’envoler, perdant d’ailleurs parfois ce fil et revenant se poser après un petit tour dans le bleu du ciel. Des gestes posés, réfléchis, pour souligner ses phrases ou pour se recentrer. Une présence. Je l’avais dessinée au stylo bille, dans mon « cahier de pnl », un jour où la discussion traînait en longueur. Sa patience avait des limites : il était dans son rôle de nous responsabiliser, lorsque les questions dissimulaient de plus en plus mal la peur de se jeter à l’eau.   Après tout, nous n’étions pas là pour argumenter sur les diverses théories du coaching, mais pour apprendre à le pratiquer. L’une de ses métaphores préférées l’illustrait à merveille : « ça doit rentrer dans les muscles », disait-elle souvent, pour bien ancrer la dimension corporelle qui rapprochait le coaching de ses origines sportives.

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Anges ou robots : les secrets de la performance durable


Les sportifs de haut niveau se réjouissent à la perspective d’affronter un adversaire au meilleur de sa forme.  Aiguillonnés par ce défi, ils élaborent un programme rigoureux des semaines avant le match, s’entraînent physiquement et mentalement,  soignent leur régime alimentaire, visualisent et répètent à l’infini  le moindre de leurs gestes.

De même, les musiciens de concert ou les créateurs de start-ups appelés à « plancher »  face aux Business Angels  recherchent et savent maintenir un niveau de concentration exceptionnel. L’enjeu, pour eux comme pour tout porteur de projet, c’est de garder le cap et la motivation sur la durée. Lire la suite

L’estime de soi ou comment se protéger des cactus et autres scuds moëlleux


L’estime de soi ou le pouvoir de faire.

Il a  quelques mois, mon amie journaliste Isabelle Louet m’a posé quelques questions sur l’estime de soi, pour un article destiné à Modes et Travaux. Sujet : l’estime de soi, conseils pratiques, avec des exemples concrets. Le journal qui donne à ses lectrices le pouvoir de faire.

J’étais assez heureux d’être interviewé par Isabelle sur ce sujet, et sous cet angle, car en tant que coach ce qui m’intéresse c’est précisément la pratique, les solutions, le « comment » plutôt que le  « pourquoi ». Depuis cette interview en janvier dernier, j’ai eu l’occasion d’y revenir avec des coachs en formation auprès de l’Institut de Coaching International que je supervise lors de webinars hebdomadaires riches et très stimulants.  Pour les personnes qui souhaitent approfondir leur connaissance du sujet, je suggère l’excellent livre de Christophe André (L’estime de soi, Christophe André et François Lelord, chez Odlie Jacob, lien ici). Lire également le merveilleux « Vivre », de Mihaly Csickszentmihaly, un trésor accessible à chacun, facile à lire et à mettre en pratique.

Je reviens donc ici sur un certain nombre de « trucs et astuces » abordés lors cette interview, en janvier dernier, ou lors des webinars. L’un des premiers conseils consiste à veiller à la qualité de notre entourage. Certaines personnes, dans notre famille, parmi nos amis ou nos collègues, peuvent avoir une influence déplorable sur notre estime de soi. Première catégorie : les cactus. A coups de petites phrases assassines ou de silences-qui-en-disent-long, elles  ne cessent de dénigrer nos goûts, nos succès, de souligner nos défauts, de nous culpabiliser. Comment se libérer de ces influences négatives ?  La première chose à faire, c’est de les repérer. Ce qui compte ici, ce n’est pas l’intention, mais le résultat. Apprenons à distinguer la personne, que nous pouvons apprécier, de ses comportements, surtout lorsqu’ils ne nous font pas du bien. Le cactus n’a pas nécessairement l’intention de vous blesser, mais ses aiguilles sont terriblement effilées et parfois vénéneuses. Apprenez à vous en protéger. Les symptômes sont faciles à repérer : si, chaque fois que votre belle-soeur ou votre collègue (celle que vous admirez, qui paraît tellement sûre d’elle, à qui le doute fait l’effet d’une goutte de pluie sur une feuille de caoutchouc) évoque votre tenue vestimentaire ou votre apparence physique, vous ressentez pincement à l’estomac : comptez un point.  Si la situation persiste et que les symptômes se répètent, il se peut que vous accordiez beaucoup trop d’importance à l’opinion de cette personne. Puisque vous ne changerez pas la nature piquante des cactus, le mieux est de mettre un peu de distance entre leurs aiguilles et votre peau. Relativisez, sans agressivité : « Tu n’aimes pas ma nouvelle coiffure ?  Ce n’est pas grave, on s’habitue à la nouveauté, tu verras ».

Deuxième catégorie : les scuds moëlleux. Ces personnes, animées par une intention protectrice tout à fait louable en apparence, nous découragent de nous lancer dans des projets qui pourraient justement renforcer notre estime de soi. Un haussement d’épaules ou de sourcil, une moue dubitative de leur part suffisent à torpiller tout notre courage et nous revenons à la case départ, le projet va rejoindre ses frères morts au cimetière des bonnes intentions jamais réalisées. Le scud se cache souvent sous une épaisse couche de chocolat : « tu veux changer de métier, à ton âge ? C’est ambitieux. Fais attention, je connais beaucoup de gens qui ont essayé et qui ont échoué ».  Reconnaissez tout d’abord l’intention positive de cette personne, avant de désamorcer la bombe : « c’est gentil de te préoccuper pour moi, mais j’ai l’intention de me donner tous les moyens de réussir, tu sais ».

Parfois même, il leur arrive, toujours avec les meilleures intentions du monde, de nous inviter à compromettre nos valeurs : « tu sais, tout le monde en fait autant, on ne peut pas changer le monde à soi tout seul, il faut bien faire des compromis ». Or il n’y a rien de plus dangereux pour l’estime de soi que ce genre de compromis. Connaissez vos valeurs pour pouvoir les respecter et les faire respecter. Osez dire : « c’est important pour moi, je ne veux pas mentir/écraser les autres/manipuler, sinon je me sentirais salie ». Vous verrez, la première fois, cela fait tout drôle et puis l’on s’habitue à faire respecter ses valeurs jusqu’au moment où cela devient aussi naturel que de respirer. Vous pouvez aussi détourner l’énergie bienveillante des scuds moëlleux en leur demandant des conseils pratiques pour rendre faisable ce qui leur paraît impossible. Plutôt que de vous crisper, voyez en eux un aiguillon qui vous invite à peaufiner vos arguments : prenez-le comme un jeu, et vous gagnerez leur estime en même temps que la vôtre.

Bien entendu, au moment de vous lancer dans un nouveau projet, vous vous garderez bien d’en avertir les cactus et les scuds moëlleux : il sera toujours temps de les mettre devant le fait accompli, une fois que vous aurez remporté vos premiers succès. A la place, choisissez de fréquenter des personnes encourageantes, celles dont la simple présence et le regard bienveillant renforcent votre estime de soi.

Nous appellerons ces personnes les « dauphins ». Et pour compléter le tableau, recherchez également la présence de « mentors », des « aigles » qui vous stimulent par leur exemple et leur dynamisme et vous invitent à prendre votre envol. Voici un lien vers une carte heuristique (mind map) qui représente les différentes personnes de votre entourage et leur influence, bénéfique ou toxique.

Vigilance : les grincheux ne manqueront pas  de dénigrer les paroles de vos bonnes fées/mentors et autres anges gardiens. Ils tordent le nez avant de lâcher d’un air bégueule : « oh bien sûr, pour Frédéric  tout ce que tu fais est génial, même si tu courais te jeter dans la Seine il te regarderait avec ses yeux de teckel amoureux ».  Dans ces cas-là, n’hésitez pas, sortez la tondeuse à cactus : « oui, j’ai beaucoup de chance de pouvoir compter sur Frédéric ».

Ne vous laissez pas intimider par la croyance, largement répandue, que la méchanceté constitue une preuve d’intelligence et la gentillesse un symptôme de naïveté. Demandez-vous plutôt si les personnes qui la répandent sont heureuses, et contribuent au bonheur de leur entourage.

Troisième catégorie de toxiques : les diamants noirs. Ce sont de fausses valeurs, qui brillent au loin et vous font sentir petites, moches, minables, inutiles. C’est Jacques Séguéla clamant qu’on a raté sa vie si l’on n’a pas une Rolex à cinquante ans. Ce sont les images des mannequins photoshoppées, anorexiques, à côté desquelles vous vous prenez pour un éléphant.  Il est plus difficile de se protéger contre leur influence puisque vous n’avez pas l’occasion de leur répondre et de retourner leurs flèches empoisonnées. Le mieux, face à ces messages dévalorisants, est d’y répondre avec votre définition à vous : « une vie réussie, pour moi, c’est … » en prenant soin d’y inclure la liste de tout ce qui a réellement de la valeur pour vous. Collectionnez les compliments, épinglez-les sur un tableau imaginaire, ou notez-les dans un petit carnet que vous conservez sur vous à tout moment pour pouvoir le consulter en cas de besoin. Réjouissez-vous de vos imperfections : c’est par les petites fêlures que passe la lumière (Léonard Cohen).

tu vas à la manif et t’as même pas de drapeau? Non mais allô quoi


Un peu plus d’un mois après le 11 janvier je relis les notes rapidement capturées dans mon téléphone ce jour-là.  Dignité. La France debout. Admirée de l’Europe : fini le french-bashing. Les politiciens qui ont été au niveau des événements. Exceptionnels.  Une génération entière, peut-être. Marquée. Mais pour faire quoi? On peut être fiers. A nouveau. De qui? De quoi? D’être mobilisés. De la Marseillaise, qui appartient de nouveau à tous, vibrante au pied de la colonne de la Bastille. Du drapeau qui claque ses couleurs comme des bises. Bleu blanc rouge, est-ce qu’on bouge? On n’avance pas, alors on se regarde, on se parle, on rit non sans gravité. La petite fille au foulard vert blanc rouge de la Tunisie, qui prend son premier cours de manif juchée sur les puissantes épaules de son père. Maquillée comme pour un match de foot, le bonheur. Il lui manque une incisive. Ça repoussera. Un million et demie, qui sont-ils ? Il doit y avoir des employés, des croque-morts, des dentistes. Chacune de de ces vies m’intéresse. Forcément, dans une foule pareille, tous les métiers sont représentés. Des psychologues pour chien. Je suis sûr qu’il y en a un, quelque part entre Bastille et République. Et puis des analystes financiers, des contrôleurs de gestion, des huissiers même, qui font de si gros efforts pour se rendre invisibles (ou sympathiques : la foule lave plus blanc, c’est son principal bénéfice). Avec leurs belles chaussures qui seront si sales ce soir, eux aussi pourront dire : « j’y étais ». Le fils de la coiffeuse portugaise de ma mère aussi. Femme exceptionnelle, empathie puissance XXL à raconter un jour. Tous, aujourd’hui, sauraient chanter la Marseillaise pour « the Voice » et faire se retourner trois coachs.   Il ne manque plus que Nabila  (« tu vas à la manif et t’as même pas de drapeau? Non mais allô quoi »).

Fier des jeunes qui marchent dans les traces de ceux tombés là, pour la Liberté, en 1830 et de nouveau en 48. Soudain ce n’est plus dérisoire, l’Histoire. On comprend mieux pourquoi Gavroche meurt sur sa barricade. Fiers de tout cela. De la vieille dame qui a tenu à venir, pour sa dernière  manif. Ca n’est pas raisonnable, elle s’en fout. Jambes flageolantes, idées carrées.  C’est donc cela, concrètement, un peuple? Des policiers vigilants et heureux. Fiers de nous-mêmes qui ne cédons pas à la tentation de haïr. D’avoir retrouvé le sens et le poids des mots. Liberté, Egalité, et brièvement même un peu de Fraternité. Quoi qu’il arrive ensuite, cela aura eu lieu. Quelque chose est posé, un repère. Ensuite, tandis que les politiciens célébraient l’esprit du 11 janvier et que les spécialistes se rengorgeaient comme des pigeons sur les plateaux télé, les français ont glissé dans un état de sidération. Moi compris. On découvre les ombres, toute une frange de ce pays lancée dans un processus de sécession, en banlieue, dans les zones rurales ou péri-urbaines.  Combien sont-ils, les décrocheurs de la République? Les journaux publient reportage sur reportage. « La fatwa du slip dans les prisons ». Dans Causeur, un éditorialiste (cousin de l’huissier et du contrôleur de gestion) s’époumone contre Combo, un street artiste dont il a pris la caricature au premier degré. Le ridicule et l’abjection grignotent à nouveau l’espace médiatique. On avait failli respirer plus large, on s’était crus nombreux à préférer la bienveillance.

Et puis ce week-end, à nouveau, un jeune raté de la société du spectacle, comme l’a finement analysé Peter Sloterdyjk dans le Monde. La petite sirène pleure à Copenhague, au Danemark, le pays du bonheur convivial.

Comment parler de tout cela en coach ? Sans se dérober ? Pour soi, pour la dignité. Pour la génération qui grandit dans cette société-là.

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La France est un grand pays solide, le Danemark un petit pays fier de sa société partageuse et de son environnement. Les deux sont frappés, en ce début d’année, mais on se retiendra d’écrire après Shakespeare qu’ « il y a quelque chose de pourri au royaume de Danemark » (ou dans la république française). S’il y a une leçon à retenir de tout cela, justement, c’est de prendre son temps. Penser, ce n’est pas appuyer sur sa tête comme sur un tube de mayonnaise pour en faire sortir l’opinion.  Cela, c’est l’activité des commentateurs. Penser, c’est un travail. Penser comment vivre ensemble. Certains disent que c’est le travail d’une génération. Mais réapprendre cela n’est-ce pas la plus noble des tâches ? Osons le mot, il revient à notre temps de réinventer l’intelligence collective, sans arrogance, et de faire place aux émotions, quelles qu’elles soient. On pourrait entreprendre un inventaire de tout ce qui nous rend collectivement fiers aujourd’hui, à commencer par notre originalité gouailleuse de bonne foule mi-caille mi-canaille. Car l’humour, c’est comme les incisives cassées dans la bouche des petites filles : ça repousse toujours et ça devient plus mordant.

Et pour finir en lumière, un poème du bloguer Francis Royo, à lire sur Analogos : (http://analogos.org/)

Shima 55

sur mon pouce ébloui un soleil a dansé
petite éternité de lumière
impatiente main d’homme

A suivre.

Ancrage


Le coach et le dessinateur ont ceci de commun qu’ils cherchent le point d’appui. Pour le dessinateur, il s’agit d’observer attentivement la posture du modèle pour repérer la ligne de force aboutissant au point d’ancrage, sur lequel repose tout le poids du corps. De là, le regarde remonte et trouve les proportions, les angles et la tension des muscles : le corps dessiné vit. Aucune photo ne permet de saisir aussi bien que le modèle vif ce subtil équilibre : il faut ressentir le corps de l’intérieur, peser avec lui, ressentir le souffle de l’air sur sa peau nue, respirer à son rythme, avec bienveillance, pour pouvoir bien le dessiner.
Le coach écoute son client, pose des questions susceptibles de faire émerger les ressources et les capacités de la personne qui doute, hésite, s’interrompt parfois : laisser naître du silence, et du silence, une forme. Un souvenir heureux, d’anciennes réussites, une qualité que l’on se reconnaît, des proches offrant leur inconditionnel soutien. C’est une roche affleurant sous le sable, à marée descendante, et que rien n’emporte. Qui sait quelle vie grouille là-dessous ? L’important, comme pour le modèle, c’est que la vie est là.

Il y a toutefois une différence importante entre le dessinateur et le coach : tandis que le premier crée lui-même un objet, qu’il s’approprie, le second n’est que l’’outil par lequel son client dessine son projet, puis le fait exister dans le monde réel.

Photo du film Pina, de Wim Wenders (voir : « Songkhram à Wuppertal)

Graine de PNL


Aujourd’hui, le pouvoir de la PNL se révèle dans toute sa puissance. C’est une bombonne de gaz sous pression, à manipuler avec soin, avec infiniment de respect, de bienveillance et de précision.

Aracanthe, modèle vif, mars 2011Un homme assis, les yeux fermés, raconte avec des mots très simples : honorer, père, enfants. L’histoire du grain qui meurt, du grain qui tombe, et puis du grain qui germe. S’il meurt, il portera du fruit. Un enfant peut comprendre cela, ressentir en lui la continuité d’une présence. Le voici rassuré sans qu’il soit nécessaire de recourir à des mensonges, à de belles histoires de grand-père parti là-haut dans les nuages. Le coaching, ce n’est pas se raconter de belles histoires sucrées. C’est se donner les moyens d’affronter la violence de la vie, la cruauté de la mort, et repartir en avant. C’est le courage d’entendre et la fermeté du bras qui tient le bras, quand il le faut, parmi les cailloux et les ronces. C’est aller chercher haut la lumière, là où l’oxygène se fait rare, où la pensée crépite, où la volonté se raffermit, clarifiée. Alain Cayrol appelle cela le Core Process. On pourrait dire aussi la cordée, le glacier, la navette spatiale des émotions-sources. La rage d’aller jusqu’au sommet, d’en rapporter des mots qui pèsent lourd, et puis d’autres pour alléger.

Car on peut rire aussi, du rire argentin de Nicole de Chancey.

A vous voir, a vous écouter, l’émotion monte, irrésistible. Une vague de respect jaillit, coule à gros bouillons. La fierté d’être parmi vous, la solidarité des gardiens de phare entraînés à braver les coups de tabac, l’ermite avec sa petite lampe, une connaissance intime des chemins de contrebandiers qu’on parcourt sous la lune, les yeux fermés.

Les yeux ouverts.

Le pied sûr.

Main dans la main.

Derrière la magie


Alain Cayrol nous introduit au monde multi-sensoriel de la PNL. On travaille avec les mots, les images, on joue beaucoup, on « fait comme si », guidés par la bienveillance et le tact. Les techniques les plus puissantes accomplissent des merveilles lorsqu’elles sont guidées par une éthique irréprochable.

A ce sujet, la définition qu’en donne Wikipédia appelle quelques commentaires : « un ensemble de modèles et de techniques de développement personnel originaires des États-Unis et destinés à améliorer la communication entre individus et à s’améliorer personnellement. Elle peut être employée dans des cadres personnels, ou d’entreprises. Le terme a été inventé par John Grinder et Richard Bandler dans les années 1970 et, selon les créateurs, s’inspire du travail d’autres psychothérapeutes, dont Milton Erickson, Virginia Satir et Fritz Perls. Richard Bandler en donne la définition suivante : « Étude de la structure de l’expérience subjective. » » (jusque-là, tout va bien) et la coda : « la PNL est classée (par qui???? on ne le sait pas…) comme une pseudo-science.

Si la PNL avait la prétention d’être une science, cela se saurait. Certes, il y a le jargon. Et alors? Quel métier n’a le sien? Accuse t-on les plombiers, les charpentiers de jargonner parce qu’ils utilisent des mots précis pour décrire leurs gestes professionnels? D’autre part, une affirmation qui ne cite pas ses sources contredit les principes mêmes de la charte éthique des contributeurs de Wikipédia. On peut donc affirmer qu’elle s’auto-détruit, non sans avoir au préalable fait un certain nombre de dégâts. Un autre reproche fait à cette discipline concerne les ravages causés par les PNListes-manipulateurs dépourvus d’éthique.

Comme l’explique Alain Cayrol, la PNL se situe « au-delà de la magie ».

Elle a pour objectif premier le bien-être et le développement personnel, n’en déplaise aux apprentis sorciers et autres professeurs Mabuse déguisés en consultants qui ne l’utilisent que pour aligner leurs clients, non sur leur propre énergie, mais sur des comportements « acceptables » dans l’entreprise, au détriment de leur propre originalité.

Il ne tient qu’aux pratiquants de leur donner tort en faisant briller les couleurs de l’imagination, du ressenti et des émotions les plus vives, avec sagesse et bienveillance pour fils conducteurs. L’émotion positive c’est tout de même un sacré moteur de vie!

Pour conclure, disons simplement que la PNL nous enseigne, ou plutôt : nous permet d’expérimenter que nous sommes libres, à tout moment, de choisir notre état émotionnel, les couleurs dont nous voyons notre vie. La liberté que donne le fait de disposer d’une plus large palette d’options constitue en soi une « raison raisonnable et suffisante » d’essayer. Car la PNL, c’est avant tout un outil, un simple outil au service d’une démarche plus complète qui s’appelle le coaching.

Au pays d’abondance ou les super réserves


Ma voisine m’a regardé bizarrement en me voyant revenir du supermarché avec HUIT bouteilles de shampoing.

J’ai songé un moment lui expliquer l’exercice de coaching sur les super-réserves et puis, non. Je crois qu’elle a aimé les mandarines que je lui ai offertes juste avant de partir pour Séville.

L’idée n’est pourtant pas si compliquée à expliquer : il s’agit de transformer un sentiment (anxiogène) de pénurie en appréciation (jouissive) de l’abondance. Notre professeur de coaching, Nicole de Chancey, nous avait ainsi suggéré d’aller, délibérément, dans le sens de l’exagération, juste une fois, pour faire l’expérience de l’abondance.

En mettant ainsi l’accent sur le ressenti, sur l’appréciation plutôt que sur le manque, elle nous donnait un magnifique pouvoir sur nos vies.

On peut faire le même exercice avec les témoignages d’amour, d’amitié ou d’affection. Les personnes en déficit d’estime de soi pourront demander, sans honte aucune, des « douches de compliments ».

Vous n’osez pas? Pensez au plaisir que ce serait de recevoir, en toute simplicité. Prenez-le comme un jeu, et amusez-vous bien.

Et vous, qu’avez-vous en abondance?

Les couleurs du coach à Cochin



La couleur vient quand ça lui chante
Le printemps n’ a pas d’heure
Le rire éclabousse de son frais grelot
Notre incertitude effarée

 

 

 

 

 

Dessiner ce geste naissant, maladroit,
Que l’on ne sait jamais refaire,
Nous coûte et nous ravit
Couteau si près du coeur

 

 

 

 

 

Dans le couloir de l’hôpital,
Un jeune inconnu face
A la porte close
Attend, je l’écoute

 

 

 

 

 

Elle a pleuré en sortant,
Il a pris ses mains,
Douces paroles,
Amour sans ordonnance

 

 

 

 

 

La couleur est si vulnérable,
Il faut la protéger
Comme on prend
Dans ses mains le visage aimé

 

 

 

 

 

Si je t’offrais le vert tendre et le rose,
Le blanc d’ivoire et le jaune
Pâle, est-ce que cela
te donnerait plus de courage?

l’empathie n’est pas une maladie


L’empathie n’est pas une maladie », déclare Frans de Waal interviewé dans le Monde. L’auteur de l’Age de l’empathie explique l’importance de l’empathie et de la coopération dans l’évolution de l’humanité. Citation :  « en valorisant la compétition au détriment de l’empathie, nos organisations auraient fait fausse route ». Puisque nous sommes de plus en plus nombreux sur une planète dont la taille n’augmente pas, il va bien falloir apprendre à nous écouter, et à nous entendre.

 

 

le Bulul, gardien des rizières

L’empathie désigne notre capacité à ressentir avec l’autre,  ce qui ne signifie pas se laisser envahir par ses émotions. Or, tous les bons coachs vous le diront, pour être en mesure d’aider, il faut d’abord savoir préserver son intégrité, poser ses limites, protéger son territoire. La bienveillance trouve ainsi son point d’équilibre.

1. Une sagesse mise en pratique par les Ifugao, peuple du nord des Philippines qui ont construit et continuent d’entretenir les rizières en terrasse depuis 2000 ans. Ces montagnards farouchement indépendants ont pour coutume d’installer des statues en bois, nommées bululs, à l’angle des rizières, autant pour les protéger que pour les délimiter. Bienveillance et vigilance vont de pair. Les Philippins, connus pour leur grande hospitalité, n’en posent pas moins des règles. De même, l’empathie ne signifie pas renoncer à son intégrité, mais se décentrer juste suffisamment pour ressentir avec l’autre. Protégeons nos rizières tout en restant à l’écoute.

2. « L’empathie n’est pas une maladie », déclare Frans de Waal interviewé dans le Monde. L’auteur de l’Age de l’empathie explique l’importance de l’empathie et de la coopération dans l’évolution de l’humanité. Citation :  « en valorisant la compétition au détriment de l’empathie, nos organisations auraient fait fausse route ». Puisque nous sommes de plus en plus nombreux sur une planète dont la taille n’augmente pas, il va bien falloir apprendre à nous écouter, et à nous entendre.

3. L’émotion, source de la conscience : lire cet entretien avec le neurobiologiste portugais Antonio Damasio dans la Recherche. Si même les paramécies ressentent des émotions, il va falloir sérieusement revoir notre conception de nos relations avec l’univers du vivant.

Extrait : Antonio Damasio : « Chaque chose, selon sa puissance d’être, s’efforce de persévérer dans son être. » Cela est valable pour la paramécie comme pour l’homme et, chez l’homme, pour une cellule comme pour l’organisme entier. En termes modernes, c’est aussi dire que toutes les dispositions de nos circuits cérébraux sont, sauf accident, programmées pour rechercher à la fois la survie et le bien-être. »

Banaue rice terrasses by Mark Maranga

On se sent moins mesquin, du haut des splendides rizières en terrasse de Banaue.

Qu’en disent les mouettes?


Bruit de cymbales froissées, j’écoute OK Computer de Radiohead : la voix tendre et plaintive d’ Exit Music « Breathe, keep breathing, don’t loose your nerve »…

La semaine à Ré s’achève dans le train pour le Mans, correspondance à Nantes. Un temps de métal fondu, nuances de gris : cendré, plombé, perle et tourterelle, j’en connais tout le catalogue.

Une pensée pour Frankie, ma coach en écriture, conteuse d’origine charentaise à l’imagination fertile, au verbe savoureux, tonitruant, subtil. Frankie sait comme personne donner vie à ses personnages. Elle fait mijoter les mots dans sa bouche, dose le cuit, le cru,  et me donne le contrepoint, la version populaire de ce paradis. Ce serait drôle de l’entendre évoquer les estivants, comme ils se font leur cinéma. Et les hivers. Elle connaît les hivers cruels, les sombres disputes et l’ennui, la mesquinerie sans fin de l’ennui qui dure, le merveilleux ennui des saisons qui vous entortillent dans leur chevelure d’algues et vous font désirer passionnément d’aller goûter la vraie vie sur le continent. Frankie qui sait faire parler les sirènes sevrées d’homme avec leurs mots flûtés,  collants, mais aussi les marins, et bien entendu les ânes du Poitou. Les ânes qui se retiennent de rire en nous voyant passer. Et les mouettes ? Qu’est-ce qu’elles en disent, les mouettes ? Beau sujet pour une fable rétaise : « la mouette et l’âne ».