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Parfaits dans notre imperfection (suite et fin)


Que voulait dire Nicole de Chancey lorsqu’elle se revendiquait, avec assurance et une pointe de provocation, « parfaite dans mon imperfection » ? J’ai mis des années à en comprendre toute la signification, comme ces origami japonais qui dissimulent un rébus dans les plis du papier, et qu’il faut déplier avec soin, prudemment, pour en découvrir le sens caché.

Il se peut que les lignes qui suivent sollicitent votre attention plus qu’on n’en a l’habitude à la lecture d’un blog. Elles sont denses, car il me faudrait plus de temps pour déplier cet origami et ce temps, je ne l’ai pas. Par avance, je vous prie de m’en excuser et vous invite à compléter vous-même, dans la méditation ou l’action, ce qu’elles suggèrent. Cueillez ce rameau vert et frais pour le bouturer dans votre jardin, à la bonne saison, parmi les arbres fruitiers et les fleurs.

En commençant à écrire cette série de chroniques en hommage à Nicole de Chancey, professeur à L’Institut du Coaching International, mentor et coach, je n’imaginais pas que cette réflexion m’amènerait à m’interroger ainsi sur les croisements et convergences qui relient  à travers le coaching et la pédagogie des disciplines asiatiques millénaires fondées sur l’attention, la présence au monde et la stabilité de la conscience, et les nouvelles approches originaires pour la plupart de la côte Ouest des Etats-Unis.

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Parfaits dans notre imperfection (première partie)


L’hommage à Nicole de Chancey, disparue le 14 juillet, m’invite à clarifier mes propres idées sur la promesse du coaching, sur sa pratique, sur son insistance à chercher des solutions opérantes, ici et maintenant, mais aussi sur la lucidité, la rigueur et la discipline qu’il demande si nous voulons obtenir des résultats à la hauteur de nos espérances. Fine pédagogue, Nicole savait créer des métaphores merveilleusement inspirantes et poétiques. Je penchais plutôt du côté du réalisme, attiré par le « comment », désireux d’apprendre et de perfectionner des techniques toujours plus efficaces pour aider mes clients à réussir. A travers son enseignement à l’Institut du Coaching International, et notamment une série d’exercices sur l’écoute active, j’ai rapidement compris que le coach était lui-même le premier des instruments,  et que les techniques les plus pointues ne serviraient à rien sans un profond travail sur le savoir-être. En tant que coach, nous devons préserver, et même cultiver la fraîcheur du regard tout en apportant des solutions pratiques, opérantes, à nos clients. Il est donc vain d’opposer le réalisme et la poésie : les deux sont nécessaires. La poésie, pour continuer à respirer dans un monde où toute expérience neuve, originale, est bientôt formatée, marchandisée, banalisée, aplatie, tandis que l’impératif de performance s’impose dans les coins les plus reculés de la société, de l’économie et jusque dans les relations intimes, mettant les individus sous pression. Il n’est pas nécessaire d’ouvrir GQ, Marie-Claire ou Psychologies pour mesurer combien le niveau de stress dans nos sociétés affecte jusqu’à la vie sexuelle des couples.

Dans ces conditions, que pouvons-nous faire pour nos clients ? Comment pouvons-nous les aider à conserver la part de la magie tout en restant dans la course ? Peut-on garder les pieds sur terre et la tête dans les nuages sans risquer le grand écart? L’Asie pourrait nous offrir des éléments de réponse, avec son goût de l’équilibre  et son art de transcender les contradictions apparentes au sein d’une harmonie plus vaste, plus accueillante, plus complexe et plus riche. Avec, aussi, son rapport au Temps si différent du nôtre. Tandis qu’en Occident le Temps dévore ses enfants, c’est en Asie la dimension de l’accomplissement, de la patience et de la persévérance. Vieillir, en Asie, n’est pas devenir obsolète : c’est accumuler de la sagesse et manifester sa force vitale, dont la persistance impose le respect. On n’y verrait jamais de ces publicités où des petits-enfants irrespectueux arrachent le dernier gâteau des doigts de leur grand’mère : de telles affiches seraient immédiatement arrachées, taguées, peut-être même interdites, le scandale sur les réseaux sociaux y serait énorme, et la marque coupable d’avoir prôné de telles valeurs serait à jamais bannie du marché.

Loin d’être esclaves de l’instant, les asiatiques ont aussi développé de nombreuses techniques pour s’en libérer sans se déconnecter du monde sensible. Une relation plus apaisée au Temps dégage de l’énergie pour affronter les chocs de la concurrence et de la vie quotidienne. Il ne s’agit pas de s’extraire du monde, de prendre du recul, mais de rester centré sur les sources d’énergie les plus profondes. De manière intéressante, on retrouve ici des techniques millénaires comme le Qi Qong, et d’autres plus récentes, venues de Californie, comme la pnl générative de Robert Dilts avec son Voyage du héros.

(à suivre)

Sa voix nous accompagnera


Nicole de Chancey nous a quittés le 14 juillet. D’origine belge, elle a choisi le jour de la fête nationale des français pour s’éclipser, discrètement, avec un clin d’œil malicieux bien dans son style.

Comment vous parler de Nicole ? Un petit bout de femme rousse, élégante, nez et voix pointus. Des mots clairs, précis, alignés sur le fil de sa pensée comme des hirondelles prêtes à s’envoler, perdant d’ailleurs parfois ce fil et revenant se poser après un petit tour dans le bleu du ciel. Des gestes posés, réfléchis, pour souligner ses phrases ou pour se recentrer. Une présence. Je l’avais dessinée au stylo bille, dans mon « cahier de pnl », un jour où la discussion traînait en longueur. Sa patience avait des limites : il était dans son rôle de nous responsabiliser, lorsque les questions dissimulaient de plus en plus mal la peur de se jeter à l’eau.   Après tout, nous n’étions pas là pour argumenter sur les diverses théories du coaching, mais pour apprendre à le pratiquer. L’une de ses métaphores préférées l’illustrait à merveille : « ça doit rentrer dans les muscles », disait-elle souvent, pour bien ancrer la dimension corporelle qui rapprochait le coaching de ses origines sportives.

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Chacun cherche son territoire


« D’où-êtes-vous » ? Les personnes issues d’une «minorité visible » s’entendent souvent poser cette question, même lorsque leur famille est française depuis plusieurs générations. Comme s’il fallait absolument « tracer » l’origine d’une personne pour pouvoir, enfin, la « situer ». Une étudiante qui avait fait la première partie de sa scolarité dans un collège représentatif de la société actuelle faisait ainsi part de son malaise grandissant. Au fil des années, tandis qu’elle progressait dans ses études, la diversité s’amenuisant, elle finit par être la seule noire dans toute sa classe de master. Et LA question revenait, de plus en plus insistante. Elle vivait très mal ce déni de son identité singulière, individuelle, de la part de ses camarades à un âge où l’on se définit beaucoup plus par son projet que par son origine.
A l’inverse, on a pu lire dans le BuencaRmino d’hier la question stupide d’un professeur à un élève arrivant en cours d’année pour échapper à la guerre civile qui ravageait alors la Côte d’Ivoire : « mais, vous n’êtes pas noir ? ». Eh non ! L’élève était bel et bien un réfugié, mais aussi blanc que les petits auvergnats de sa classe. La maladresse a des poches bien profondes.
Or, il suffirait de changer une lettre pour réorienter cette interrogation vers quelque chose qui tiendrait plus du projet construit et assumé. Un territoire mobile (lien). Au « d’où-êtes-vous » suspicieux se substituerait un « où êtes-vous » invitant l’interpellé à réfléchir sur ses ancrages identitaires.

Ouh là, pensez-vous, les grands mots sont lâchés !

Ancrage ? Identitaire ?

Explorons la métaphore : un ancrage, en PNL (programmation neurolinguistique), évoque une combinaison, dans nos circuits de neurones, entre des mots, des émotions, des images, et des parties de notre corps : je me souviens de mes vacances chaque fois qu’un rayon de soleil tiède caresse ma peau à un certain endroit. Au moment de fournir une dernière accélération en vue de la ligne d’arrivée, le coureur se remémore les images de réussites précédentes enregistrées dans sa mémoire émotionnelle et sensorielle. Il se concentre sur les sensations physiques ressenties ce jour-là dans son cœur, ses muscles et ses poumons, afin de puiser l’énergie dont il a besoin pour fournir l’effort nécessaire. Ainsi, de performance en performance, se construit l’association « muscles-qui-tirent/ligne d’arrivée », « cœur-qui-bat/victoire ». Le sens des messages envoyés par son corps à son esprit s’est modifié : le signal physique interprété comme « il est temps d’arrêter » signifie désormais « j’y suis presque ».
Plus tard, il se souviendra de la lumière qui tombait sur le stade, des encouragements du public et de l’air sur sa peau. Ces sensations, ou « sous-modalités », affineront et renforceront encore la puissance de l’association, qu’il pourra déclencher à volonté dans les moments critiques.

Notre sentiment d’identité se construit sur de tels ancrages, comme un oiseau fait son nid à partir d’éléments divers. Nous amalgamons des morceaux de récits, des souvenirs personnels, des sensations, que nous associons à des images réelles ou imaginaires. Mon ancrage « Bretagne » est un grand placard où mijotent, pêle-mêle, des visages, des voix, des accents, des ciels changeants, des crêpes moelleuses, de la musique aigrelette et puis des valeurs de droiture, de franchise, de persévérance. C’est un territoire imaginaire, culturel, affectif et moral, ancré dans une région réelle. Et, de même que l’oiseau ne choisit pas n’importe quelle brindille, nous sélectionnons les éléments retenus selon des filtres inconscients, qui forment nos préférences. L’entraîneur d’un sportif, lorsqu’il veut l’amener à un très haut niveau, le fait travailler consciemment sur de telles images afin de construire une forte motivation. Or nous aussi nous pouvons développer consciemment de telles associations. Nous pouvons même choisir et réorganiser nos ancrages de manière à obtenir nos objectifs. Il ne tient qu’à nous de faire le ménage dans nos grandes armoires, de trier ce que nous voulons conserver et ce qui ne nous sert plus, ou pire, ce qui nous freine. La question « d’où êtes-vous » devient : « d’où voulez-vous être » ? Après tout, puisque nous passons notre vie à réarranger nos souvenirs, autant le faire de manière consciente et productive.

La carte le territoire et le GPS (1/3)


Oser sa vie : bien sûr. Buencarmino, dès le début, souscrit à cet objectif ambitieux, et se propose d’encourager quiconque se met en chemin. La PNL est un outil formidable pour cela, à condition d’être pratiquée avec discernement et bienveillance. Catherine Cudicio, dans le Grand Livre de la PNL, donne cette définition : « la PNL, utilisée pour le développement personnel, aide l’individu à réaligner sa carte du monde en fonction des buts choisis. En effet, ce ne sont pas tant les difficultés réelles qui tendent à empêcher d’atteindre un objectif, mais bien davantage la représentation de celles-ci ». En plus sobre, version Sénèque, cela donne : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, mais parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles ». Autrement dit, la représentation que nous nous faisons de la difficulté, qui est une croyance (la carte), serait un obstacle souvent plus effrayant que la réalité « objective » (le territoire).

Oui mais… le coach, dans sa pratique, doit à ses clients de les accompagner avec bienveillance, selon la règle des 3P : Permission, Protection, et Puissance. Or le souci de la Protection incite à ne pas exposer son client à des dangers ou à des obstacles hors de sa portée. Devenir chirurgien ou un grand violoniste, passé un certain âge, n’est sans doute pas une ambition très réaliste. Le coach doit alors accompagner son client, l’aider à détecter les besoins, les centres d’intérêt sous-jacents à cette ambition pour le réorienter vers des activités permettant de satisfaire ses besoins, de nourrir ses intérêts, d’honorer ses valeurs. En somme, il doit l’aider à trouver un territoire où investir son énergie et ses talents. Pour le dire en langage d’aujourd’hui : avant d’allumer le GPS, il convient de bien choisir sa destination.

Illustration : carte de l’île de Ré.Image

Derrière la magie (car des roses il y en a)


Nous connaissons tous des personnes agréables, et qui gagneraient à être connues, dont le rayonnement souffre d’un prénom ridicule ou difficile à prononcer. Proust aimait créer de tels personnages, dont le nom malsonnant s’accordait mal avec une âme éprise de musique et sensible aux émotions qu’elle procure (madame de Cambremer).

De même, le nom à consonance magico-manipulatrice de la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) constitue un obstacle à l’appréciation d’une discipline qui n’a rien d’ésotérique, et qui doit tout à la simple observation de grands praticiens légendaires, tels Milton Erickson ou Virginia Satir. Milton Erickson pensait que toute personne possède en elle-même les ressources nécessaires pour se guérir, trouver la solution à son problème spécifique ou atteindre son objectif.

La PNL nous enseigne, et surtout nous permet d’expérimenter que nous sommes libres, à tout moment, de choisir notre état émotionnel, les couleurs dont nous voyons notre vie. La liberté que donne le fait de disposer d’une plus large palette d’options constitue en soi une « raison raisonnable et suffisante » d’essayer. Car la PNL, c’est avant tout un outil, un simple outil au service d’une démarche plus complète qui s’appelle le coaching.

S’il y a manipulation, elle est du même ordre que celle à laquelle Proust soumet son esprit lorsqu’une gorgée de thé, prise un soir d’hiver, lui ouvre les portes d’un monde qu’il croyait perdu à jamais. Le début de la Recherche fournit une formidable description des états « associé » et dissocié », lorsque nous sommes ou non connectés à nos émotions profondes.
« …Mais sentant mon esprit qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à autre chose, à se refaire avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se déplace, voudrait s’élever, quelque chose qu’on aurait désancré, à une grande profondeur; je ne sais ce que c’est, mais cela monte lentement; j’éprouve la résistance et j’entends la rumeur des distances traversées. » Proust, A la Recherche du temps perdu. (citation complète plus haut dans le blog)

Il y a quelque chose, dans « la rumeur des distances traversées », qui fait penser à la nouvelle hypnose de Milton Erickson, un thérapeute extraordinaire. Proust, avant les chercheurs, avait perçu combien le souvenir est malléable, et deviné qu’il nous est possible de le modifier à volonté pour en colorer différemment nos vies présentes, comme un film que l’on repasserait en noir et blanc, puis en sépia, en accéléré ou au ralenti. Cela nous paraît magique, parce que c’est puissant.

Il faudrait parler aussi de la joie, du rire libérateur qui nous reconnecte à la fraîcheur, à l’imagination sans limites de notre enfance, comme un dessin animé. De Proust à Tex Avery, le raccourci peut sembler brutal. C’est que la vie ne prend pas toujours le temps de ménager les transitions. A chacun de remettre un peu d’ordre au montage. Assumons la responsabilité du « final cut ».

L’apprentissage commencé en octobre dernier se termine ce soir, et ce sera comme un petit deuil à faire avant de se tourner vers l’avenir, vers les autres et leur soif de mieux-être. Merci à Alain Cayrol, à Nicole de Chancey pour leur enseignement plein d’expérience, de bienveillance et d’humour. Merci à tous les coachs pour la générosité des partages. Merci pour le courage, la diversité, la fantaisie créative des uns et des autres. Laissons monter en nous la saveur mystérieuse et l’espièglerie.

Car pendant que nous sommes assis derrière notre écran, les mains sagement posées sur le clavier ou manipulant la souris, tandis que les enfants grandissent, en arrière-plan, s’éveille un gros minet dont les pattes fourmillent d’une furieuse envie de se mettre à courir tout autour de la pièce en miaulant d’excitation.

Prochain article sur BuencaRmino : la bibliographie du coach et PNListe.

Hypnose ericksonienne : http://www.biosynergie.org/pages/hypnose.htm

Le corps dans l’écriture


Pourquoi ce malaise à propos du corps dans l’écriture en France? Il se publie tant de romans, tant d’histoires d’où le corps est absent, ou s’il est là, jamais vraiment habité, rarement aimé, toujours un peu déplacé, malvenu. Ce ne sont pas les études sur le sujet qui manquent, c’est la présence. Heureusement, les canadiens sauvent la mise, comme l’excellente revue Analyses.

Plus je creuse, et plus ça m’intrigue. Cela fait plusieurs mois que nous discutons avec Mirella Rosner et l’équipe d’Aracanthe-EPLV de son triple thème : « corps, langage, mémoire » (prochaine expo au MoTIF). Corps du modèle, dans l’atelier, bien posé sur son point d’appui, avec ses raccourcis qu’il faut saisir, ses attaches, ses creux et sa façon d’accrocher la lumière. Le langage, qui « tend vers » et jamais ne saisit; la mémoire, qui surgit de l’un pour se fixer dans l’autre, espiègle ambassadrice de mille objets divers.

J’en parle et puis j’oublie?

Mais revenons à l’écriture. Au départ de ce blog, un désir d’ancrage, ou de ré-ancrage, dans ce pays où je me sentais étranger au retour d’un séjour de sept années en Asie. Mais il y a différentes manières de se sentir étranger, comme il y a différentes manières d’arriver, de revenir, d’être là : « là où j’arrive, je suis un étranger » (Aragon). Se jeter dans l’Atlantique après des heures de marche au soleil, enfourcher un vélo pour s’exploser les poumons sur les petites routes de la Sarthe, en été. Poncer, pendant des heures, un vieux placard, pour le plaisir d’y poser enfin des couleurs nouvelles. Exulter dans cet épuisement libérateur. Une autre fois ce sont des lèvres, un parfum dans une chevelure, un pli du bras que l’on aime sans savoir pourquoi, qui nous attachent et qui s’en vont.

Je t’aime et puis j’oublie?

C'est de la bombe!

Pour moi, c’est passé par le corps. Le corps et le langage, le corps dans l’écriture, dans la chorégaphie de Pina Bausch, et puis le corps dans le dessin. Ébloui par le chant de Salomon, de Toni Morrison, dont le moindre personnage rayonne d’une présence physique que l’on trouve rarement dans la littérature d’aujourd’hui, j’ai travaillé les mots tout un été. Nancy Houston évoquait aussi, récemment, le malaise de l’intelligentsia française lorsqu’on parle du corps, de ses sensations brutes, non filtrées. Cette façon bien française de ne pas être là, pas complètement, posés sur un bout d’orteil. Houellebecq emblématique évocateur de ces corps désincarnés, pressés de fuir dans un cyber-univers où les mots tissent de longues chaînes de code. Bien vu, bien décrit, terrifiant.

Je clique et puis j’oublie?

Aujourd’hui, j’en suis sûr, ce qui me sépare d’eux, c’est ce qui les sépare du corps. Du corps et de ce qu’il dit. Un manque d’ambition, pour ne pas dire une forme de lâcheté face à l’intensité du corps, à ses silences, à toute cette vie violente qui le traverse. La pratique régulière du dessin, même en l’absence de progrès notable, a pour effet de transformer le regard : dans le métro, dans le bus, l’oeil s’arrête sur une main, sur l’angle d’une tête, la posture déséquilibrée d’une hanche, et cela dit quelque chose. La main vit. La hanche crie. Les muscles se tordent sur mille douleurs, essorés comme de vieux torchons. Ça voudrait danser, mais ça n’ose… Parler avec son corps au milieu de la ville, parmi les passants, les transports (publics, amoureux?). Et pourquoi non? Pina Bausch, Wim Wenders l’ont fait.

Je danse, et puis j’oublie?

Il y a la PNL, qui va chercher l’enfant blotti sous les arbres, au fond du jardin, et qui le ramène en pleine lumière, accompagné de ses mentors choisis. Soudain, comme on est libre, avec la bienveillance. Tigres apprivoisés, digérés, incorporés au patrimoine émotionnel : la mémoire a perdu ses griffes. « J’ai confiance, et je vis ».

Et puis il y a Frankie. Son atelier d’écriture, son insistance et sa jubilation physique à l’évocation d’un objet, de sa texture, de son toucher, sa manière de faire surgir la présence humaine à partir d’une odeur, d’un mollet de montagnard bien rebondi, propre à susciter le désir d’une femme. Frankie nous jette en pleine figure ce qu’évitent si soigneusement les intellectuellement corrects à l’émotion si retenue qu’elle en étouffe. Avec Frankie, les mots retrouvent force, âpreté, saveur. Ils relient à nouveau le corps et ce qui brûle en nous dans un flamboiement de couleurs. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, ce qu’il faudrait cacher, replier sous les couvertures, ensevelir. Ce plaisir rare, on le goûte entre soi, dans un petit cercle initié. Sa révélation aurait quelque chose de plus obscène encore que de chanter nu place de la Bastille, le jour de l’enterrement de mère Thérésa. C’est le vieux combat du Carême et du Carnaval, un rouge trop vif aux lèvres ou dans les dessins d’Olivier Thévin, chargés d’un pouvoir explosif.

La main sur le détonateur, je compte, et puis je ris.

L’édifice immense du souvenir


Les amis, comme les souvenirs, surgissent parfois d’un passé si lointain qu’ils nous en font mesurer toute la profondeur. Que faire alors, si l’on n’a pas de goût pour la nostalgie? Les ramener vers soi, dans la vie contemporaine. Après cette série sur la PNL, il convenait de rendre hommage à celui qui a mis en lumière le corps et les perceptions dans leur rapport à la mémoire des émotions : Marcel Proust.

Voici le passage où Proust introduit le concept de la mémoire involontaire dans À la recherche du temps perdu

« Il y avait déjà bien des années que, de Combray, tout ce qui n’était pas le théâtre et le drame de mon coucher, n’existait plus pour moi, quand un jour d’hiver, comme je rentrais à la maison, ma mère, voyant que j’avais froid, me proposa de me faire prendre, contre mon habitude, un peu de thé. Je refusai d’abord et, je ne sais pourquoi, me ravisai.

Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d’une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine.

Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse : ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi.

J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D’où avait pu me venir cette puissante joie? Je sentais qu’elle était liée au goût du thé et du gâteau, mais qu’elle le dépassait infiniment, ne devait pas être de même nature. D’où venait-elle? Que signifiait-elle? Où l’appréhender? Je bois une seconde gorgée où je ne trouve rien de plus que dans la première, une troisième qui m’apporte un peu moins que la seconde. Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer.

Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. Il l’y a éveillée, mais ne la connaît pas, et ne peut que répéter indéfiniment, avec de moins en moins de force, ce même témoignage que je ne sais pas interpréter et que je veux au moins pouvoir lui redemander et retrouver intact, à ma disposition, tout à l’heure, pour un éclaircissement décisif. Je pose la tasse et me tourne vers mon esprit. C’est à lui de trouver la vérité. Mais comment?

Grave incertitude, toutes les fois que l’esprit se sent dépassé par lui-même; quand lui, le chercheur, est tout ensemble le pays obscur où il doit chercher et où tout son bagage ne lui sera de rien. Chercher? pas seulement : créer. Il est en face de quelque chose qui n’est pas encore et que seul il peut réaliser, puis faire entrer dans sa lumière.

Et je recommence à me demander quel pouvait être cet état inconnu, qui n’apportait aucune preuve logique, mais l’évidence de sa félicité, de sa réalité devant laquelle les autres s’évanouissaient. Je veux essayer de le faire réapparaître. Je rétrograde par la pensée au moment où je pris la première cuillerée de thé. Je retrouve le même état, sans une clarté nouvelle. Je demande à mon esprit un effort de plus, de ramener encore une fois la sensation qui s’enfuit.

Et, pour que rien ne brise l’élan dont il va tâcher de la ressaisir, j’écarte tout obstacle, toute idée étrangère, j’abrite mes oreilles et mon attention contre les bruits de la chambre voisine. Mais sentant mon esprit qui se fatigue sans réussir, je le force au contraire à prendre cette distraction que je lui refusais, à penser à autre chose, à se refaire avant une tentative suprême. Puis une deuxième fois, je fais le vide devant lui, je remets en face de lui la saveur encore récente de cette première gorgée et je sens tressaillir en moi quelque chose qui se déplace, voudrait s’élever, quelque chose qu’on aurait désancré, à une grande profondeur; je ne sais ce que c’est, mais cela monte lentement; j’éprouve la résistance et j’entends la rumeur des distances traversées.

Certes, ce qui palpite ainsi au fond de moi, ce doit être l’image, le souvenir visuel, qui, lié à cette saveur, tente de la suivre jusqu’à moi. Mais il se débat trop loin, trop confusément; à peine si je perçois le reflet neutre où se confond l’insaisissable tourbillon des couleurs remuées; mais je ne peux distinguer la forme, lui demander, comme au seul interprète possible, de me traduire le témoignage de sa contemporaine, de son inséparable compagne, la saveur, lui demander de m’apprendre de quelle circonstance particulière, de quelle époque du passé il s’agit.

Arrivera-t-il jusqu’à la surface de ma claire conscience ce souvenir, l’instant ancien que l’attraction d’un instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi? Je ne sais. Maintenant je ne sens plus rien, il est arrêté, redescendu peut-être; qui sait s’il remontera jamais de sa nuit? Dix fois il me faut recommencer, me pencher vers lui. Et chaque fois la lâcheté qui nous détourne de toute tâche difficile, de toute oeuvre importante, m’a conseillé de laisser cela, de boire mon thé en pensant simplement à mes ennuis d’aujourd’hui, à mes désirs de demain qui se laissent remâcher sans peine. Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu.

Ce goût c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. La vue de la petite madeleine ne m’avait rien rappelé avant que je n’y eusse goûté; peut-être parce que, en ayant souvent aperçu depuis, sans en manger, sur les tablettes des pâtissiers, leur image avait quitté ces jours de Combray pour se lier à d’autres plus récents; peut-être parce que de ces souvenirs abandonnés si longtemps hors de la mémoire, rien ne survivait, tout s’était désagrégé, les formes – et celle aussi du petit coquillage de pâtisserie, si grassement sensuel, sous son plissage sévère et dévot – s’étaient abolies, ou, ensommeillées, avaient perdu la force d’expansion qui leur eût permis de rejoindre la conscience. Mais, quand d’un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses seules, plus frêles mais plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans fléchir, sur leur gouttelette presque impalpable, l’édifice immense du souvenir ».

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu

PNL 24 Windsor 2 milliards


On a beau être coach, on n’en est pas moins fan » s’exclame Raymonde au moment où la nouvelle Windsor émerge de la Rolls Royale, tout de blanc vêtue. Le monde entier regarde, hypnotisé. Ca tombe bien, aujourd’hui c’est le cours d’hypnose ericksonienne. « Ma voix t’accompagnera« , susurre le présentateur en digne héritier des anciens conteurs.

Allez-donc mobiliser les intelligences, quand le monde entier n’a d’yeux et d’oreilles que pour les nuances de dentelle blanc cassé. C’est l’heure où deux milliards de terriens scotchés devant leur télé se fichent pas mal de savoir pourquoi le poulet met en danger sa life en traversant la road. Et s’il se fait écraser par la Rolls des Windsor, ça lui fera les pieds.

Les mots me manquent pour décrire ce qui s’est passé ensuite. Alain, puis Nicole, puis le cobayes sont entrés dans la lumière. Ils en sont ressortis après d’intenses négociations avec les extra-terrestres, menées avec tact et diplomatie par des personnes dont je dois taire le nom. La PNL est une expérience indicible.

Les trois mentors en concert tentent comme ils peuvent de résister à la concurrence de William et Kates. Peu à peu, chacun reprend ses esprits.

La PNL, c’est la caverne d’Ali Baba honorant les quarante valeurs.Avec de tels trésors, il y avait largement de quoi payer la rançon; toutes les otages ont été libérées.

Aux esprits grincheux qui trouvent qu’on pourrait tout de même dire des choses plus profondes sur un pareil sujet, je réponds, tel le colibri : « On fait de son mieux. J’aimerais bien vous y voir. Vingt quatre milliardièmes de part d’audience, face à la concurrence déloyale des Windsor, c’est déjà pas si mal ».

Quand au poulet, la dernière fois qu’on l’a vu, il hésitait au bord d’une route en picorant son ombre, malgré les encouragements de ses trois poulets-mentors.

Dogons force et mouvement


Les Dogons, donc, en créateurs de formes à la plastique étonnante, riche et variée, connectant l’âme à des profondeurs inhabituelles où les jeunes initiés vont chercher des ressources symboliques, et puiser du courage pour affronter le côté coupant de la vie.
A chaque civilisation ses rituels, ses mythes structurants (et là, on a tout dit en matière de grands mots, voir ci-dessous l’article « Oedipe, la PNL et le Bulul »).
Contentons-nous maintenant des images.

Graine de PNL


Aujourd’hui, le pouvoir de la PNL se révèle dans toute sa puissance. C’est une bombonne de gaz sous pression, à manipuler avec soin, avec infiniment de respect, de bienveillance et de précision.

Aracanthe, modèle vif, mars 2011Un homme assis, les yeux fermés, raconte avec des mots très simples : honorer, père, enfants. L’histoire du grain qui meurt, du grain qui tombe, et puis du grain qui germe. S’il meurt, il portera du fruit. Un enfant peut comprendre cela, ressentir en lui la continuité d’une présence. Le voici rassuré sans qu’il soit nécessaire de recourir à des mensonges, à de belles histoires de grand-père parti là-haut dans les nuages. Le coaching, ce n’est pas se raconter de belles histoires sucrées. C’est se donner les moyens d’affronter la violence de la vie, la cruauté de la mort, et repartir en avant. C’est le courage d’entendre et la fermeté du bras qui tient le bras, quand il le faut, parmi les cailloux et les ronces. C’est aller chercher haut la lumière, là où l’oxygène se fait rare, où la pensée crépite, où la volonté se raffermit, clarifiée. Alain Cayrol appelle cela le Core Process. On pourrait dire aussi la cordée, le glacier, la navette spatiale des émotions-sources. La rage d’aller jusqu’au sommet, d’en rapporter des mots qui pèsent lourd, et puis d’autres pour alléger.

Car on peut rire aussi, du rire argentin de Nicole de Chancey.

A vous voir, a vous écouter, l’émotion monte, irrésistible. Une vague de respect jaillit, coule à gros bouillons. La fierté d’être parmi vous, la solidarité des gardiens de phare entraînés à braver les coups de tabac, l’ermite avec sa petite lampe, une connaissance intime des chemins de contrebandiers qu’on parcourt sous la lune, les yeux fermés.

Les yeux ouverts.

Le pied sûr.

Main dans la main.

Le corps humain, la limite et le Bulul


Dessiner le corps humain, c’est se mettre en contact avec les forces animales et les canaliser dans une forme sensible, intelligible, qui contient la vie. C’est se confronter à ses propres limites, et laisser faire en soi le travail de la rouille.

« Depuis l’école maternelle et jusqu’en taule, l’Homme ne peut s’empêcher de dessiner. De Lascaux à Chelsea, l’Homme est l’animal dessinateur » écrit ainsi Serghei Litvin, fondateur de la Foire Internationale du Dessin.

Les dessins sont posés à plat sur des tables, ce qui facilite la discussion avec les étudiants des Beaux-Arts. On fait de belles rencontres, on feuillette les carnets. Combien d’entre eux trouveront la force de persévérer, malgré l’indifférence, la solitude, la tentation d’abandonner? Les questions qui surgissent au détour d’un trait, la colère qui sort, parfois, tout est là, dans l’épaisseur et le murmure des ombres. L’animal dessinateur va chercher dans l’ombre un matériel qu’il ramène en pleine lumière, au risque qu’il se dessèche. Comme dans la PNL, ce qui compte, c’est bien d’aller vers la lumière. De l’enfant vers l’adulte et de l’informel vers la forme assumée.

Dessiner, c’est ainsi prendre un risque et sortir de l’indifférencié. Créer des espaces, dedans-dehors, comme on trace des frontières. Jouer à se faire peur : ce qui sort de la boîte, aimable ou monstrueux. Il y a là quelque chose d’initiatique, mais sans le rituel et la réassurance qu’apporte le groupe (dans la tragédie grecque, le chœur assume cette représentation de la limite). Les cultures traditionnelles formalisent cet apprentissage, la rencontre des frontières et le sens inscrit dans l’espace. Je pense aux Ifugaos, montagnards du nord des Philippines, autour de Banaué.

Oedipe et le Bulul

Oedipe à Banaue, chez les Ifugao. L’ombre portée du mythe, oracle à qui veut bien l’entendre. Ensuite, sa jeunesse passée, il pourra bien se crever les yeux, partir en exil. On écrira des tragédies sur lui. Au fond, c’est l’histoire d’une initiation ratée. Les Dogons s’en sortent mieux (voir article suivant).

On recommandera aux jeunes de se placer sous la protection d’un tel oracle : il y a tout à gagner dans la fréquentation du Bulul, dieu des récoltes et farouche gardien des limites. S’ils n’ont pas la force plastique et l’expressivité des Dogons, les sculpteurs philippins de Banaue capturent tout de même l’essentiel dans la représentation d’une force bienveillante. A l’imagination de compléter.

le corps c’est la vie


Croquis, craquants, croqués?

Atelier de modèle nu d’Aracanthe, mercredi soir. Morphologie, plis, graisse, tensions, verticalité. Point d’appui, ce qui fait tenir debout le corps des hommes, celui des femmes, devenir-deve-nu. Comment devient-on ce corps-là? D’où vient-il? Comment lui rendre justice, avec tout le respect dû?

Persévérer, dit Marion. Solidarité d’atelier. On s’accroche. Deux minutes, c’est trop court pour saisir les ombres et le modelé, alors on dessine une femme-tronc, une moitié d’homme. Les deux minutes de pose sont un défi pour le débutant qui se perd en détails inutiles, et la frustration s’accumule. Le plaisir ne vient qu’après, de retour chez soi, au moment de reprendre et de travailler la couleur, les contrastes. Mettre de la vitesse, de la matière. « La joie venait toujours après la peine ». (Guillaume Apollinaire, le pont Mirabeau). On voudrait sentir un progrès, quitte à donner parfois dans une certaine forme de niaiserie complaisante : le raccourci d’un pied, d’une main, juste pour la vanité de se dire qu’on peut le faire. En réalité, ce qui compte, c’est de rencontrer sa limite. Arrêtons de nous raconter des histoires : on est là pour casser le scaphandre et s’écorcher la peau. Sans cela, comment repousserait-elle, la peau neuve? Rater, gratter, passage obligatoire, et tant mieux si la blessure s’infecte. Le vrai renouveau, écrit Guy Corneau, se présente souvent sous un masque inquiétant.

coaching en couleurs


Lorsque je me suis lancé dans ce blog, je n’imaginais pas combien deux de mes centres d’intérêt principaux, le coaching et la couleur, finiraient par s’entremêler en un thème riche et puissant, par la voie de la PNL.

Sur la couleur, je recommande fortement la lecture de Michel Pastoureau, dont le tout dernier : les couleurs de nos souvenirs, m’enchante.

Je cite ici un extrait de l’article que lui consacre l’Express :

« C’est toutefois par un souvenir relatif à l’auteur de Nadja que s’ouvre son dernier livre : « Un homme plus âgé que mon père, pourvu d’une énorme tête et vêtu d’un gilet jaune. » Et l’historien de remarquer qu’il ne peut vérifier, les photos de l’époque étant en noir et blanc, la fidélité de sa mémoire d’enfant. « Au fond, peu importe, conclut-il. André Breton restera toujours dans mes souvenirs associé à une certaine nuance de la couleur jaune, et, avec lui, l’ensemble du mouvement surréaliste. » C’est là un des fils conducteurs de ses recherches : il y a un arbitraire de la signification des couleurs parce que, en elles-mêmes, elles n’en ont aucune.  »

La PNL nous apprend à découvrir le lien entre les images que l’on crée en imagination et le ressenti, ancré dans le souvenir et dans le corps. Cette pratique m’a tout de suite parlé. Dès le premier jour, je me suis souvenu d’un soir où, rentrant de l’atelier de modèle Aracanthe, j’ai commencé à retravailler des pastels. Une joie profonde m’envahissait, différente de la satisfaction que l’on peut éprouver dans le geste de dessiner : c’était bien la couleur, le fait de poser la couleur, qui m’emplissait d’une telle joie. J’aurais éprouvé la même à repeindre un mur ou n’importe quelle surface. Le plaisir de la couleur pure, indépendamment de la forme.

Et voilà pourquoi je m’étonne que l’on évoque si peu la place de la couleur dans l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat. Nous en avons reparlé avec Alain Cayrol. Aujourd’hui, et de plus en plus, je crois que c’est la puissance émotionnelle de la couleur qui suscite une indicible frayeur chez nos grands rationnels tenants de l’Art Contemporain, et je fais le pari d’un nouveau cycle, où la couleur nous reviendra par le sud.

Le coaching nous enseigne à nous connecter avec toutes les provinces de l’âme. Chacune a sa couleur, sa vibration, son rythme particulier. il ne tient qu’à nous de les accueillir avec bienveillance et curiosité.

Osez! Le voyage en vaut la peine.

Derrière la magie


Alain Cayrol nous introduit au monde multi-sensoriel de la PNL. On travaille avec les mots, les images, on joue beaucoup, on « fait comme si », guidés par la bienveillance et le tact. Les techniques les plus puissantes accomplissent des merveilles lorsqu’elles sont guidées par une éthique irréprochable.

A ce sujet, la définition qu’en donne Wikipédia appelle quelques commentaires : « un ensemble de modèles et de techniques de développement personnel originaires des États-Unis et destinés à améliorer la communication entre individus et à s’améliorer personnellement. Elle peut être employée dans des cadres personnels, ou d’entreprises. Le terme a été inventé par John Grinder et Richard Bandler dans les années 1970 et, selon les créateurs, s’inspire du travail d’autres psychothérapeutes, dont Milton Erickson, Virginia Satir et Fritz Perls. Richard Bandler en donne la définition suivante : « Étude de la structure de l’expérience subjective. » » (jusque-là, tout va bien) et la coda : « la PNL est classée (par qui???? on ne le sait pas…) comme une pseudo-science.

Si la PNL avait la prétention d’être une science, cela se saurait. Certes, il y a le jargon. Et alors? Quel métier n’a le sien? Accuse t-on les plombiers, les charpentiers de jargonner parce qu’ils utilisent des mots précis pour décrire leurs gestes professionnels? D’autre part, une affirmation qui ne cite pas ses sources contredit les principes mêmes de la charte éthique des contributeurs de Wikipédia. On peut donc affirmer qu’elle s’auto-détruit, non sans avoir au préalable fait un certain nombre de dégâts. Un autre reproche fait à cette discipline concerne les ravages causés par les PNListes-manipulateurs dépourvus d’éthique.

Comme l’explique Alain Cayrol, la PNL se situe « au-delà de la magie ».

Elle a pour objectif premier le bien-être et le développement personnel, n’en déplaise aux apprentis sorciers et autres professeurs Mabuse déguisés en consultants qui ne l’utilisent que pour aligner leurs clients, non sur leur propre énergie, mais sur des comportements « acceptables » dans l’entreprise, au détriment de leur propre originalité.

Il ne tient qu’aux pratiquants de leur donner tort en faisant briller les couleurs de l’imagination, du ressenti et des émotions les plus vives, avec sagesse et bienveillance pour fils conducteurs. L’émotion positive c’est tout de même un sacré moteur de vie!

Pour conclure, disons simplement que la PNL nous enseigne, ou plutôt : nous permet d’expérimenter que nous sommes libres, à tout moment, de choisir notre état émotionnel, les couleurs dont nous voyons notre vie. La liberté que donne le fait de disposer d’une plus large palette d’options constitue en soi une « raison raisonnable et suffisante » d’essayer. Car la PNL, c’est avant tout un outil, un simple outil au service d’une démarche plus complète qui s’appelle le coaching.