Bruit de cymbales froissées, j’écoute OK Computer de Radiohead : la voix tendre et plaintive d’ Exit Music « Breathe, keep breathing, don’t loose your nerve »…
La semaine à Ré s’achève dans le train pour le Mans, correspondance à Nantes. Un temps de métal fondu, nuances de gris : cendré, plombé, perle et tourterelle, j’en connais tout le catalogue.
Une pensée pour Frankie, ma coach en écriture, conteuse d’origine charentaise à l’imagination fertile, au verbe savoureux, tonitruant, subtil. Frankie sait comme personne donner vie à ses personnages. Elle fait mijoter les mots dans sa bouche, dose le cuit, le cru, et me donne le contrepoint, la version populaire de ce paradis. Ce serait drôle de l’entendre évoquer les estivants, comme ils se font leur cinéma. Et les hivers. Elle connaît les hivers cruels, les sombres disputes et l’ennui, la mesquinerie sans fin de l’ennui qui dure, le merveilleux ennui des saisons qui vous entortillent dans leur chevelure d’algues et vous font désirer passionnément d’aller goûter la vraie vie sur le continent. Frankie qui sait faire parler les sirènes sevrées d’homme avec leurs mots flûtés, collants, mais aussi les marins, et bien entendu les ânes du Poitou. Les ânes qui se retiennent de rire en nous voyant passer. Et les mouettes ? Qu’est-ce qu’elles en disent, les mouettes ? Beau sujet pour une fable rétaise : « la mouette et l’âne ».