Résilience et continuité


Il est d’usage, début janvier, de faire un bilan de l’année écoulée avant de se projeter dans l’avenir en formulant des vœux, voire des résolutions. Le changement est à l’ordre du jour : désiré, et le plus souvent subi, sous forme d’une adaptation aux bouleversements en cours dans nos conditions d’existence. Faire le tri, se séparer de ce dont nous n’avons plus besoin : objets ou habitudes, vieilles croyances, relations devenues toxiques ou pesantes. Cela ne nous correspond plus, ce n’est plus nous. Faire de la place pour que puisse advenir le nouveau : rien de plus sain, naturellement.

Cette année, pourtant, tandis que les guirlandes clignotent encore sur les sapins, j’aimerais renverser l’ordre des priorités avec une question : qu’est-ce qui vous donne un sens de la continuité ?

On n’a jamais autant parlé de résilience que depuis le début de la pandémie. Définie comme une capacité à s’adapter à des bouleversements brusques, entraînant une rupture d’équilibre et des changements probablement définitifs, la résilience détrône l’efficience et la transformation au palmarès des valeurs. Il n’y a pas si longtemps, le mot d’ordre était encore de « faire plus avec moins », dans une sobriété plus ou moins consentie. Tout devait être comptabilisé, rationné, optimisé. Les personnes chargées de l’accueil dans de grandes organisations sociales, lorsqu’elles passaient trop de temps à écouter les publics, se voyaient accuser de faire de la « sur-qualité ». On a vu que cette politique menait au bord de la catastrophe lorsqu’elle s’appliquait à la réduction des lits d’hôpital et à la suppression des stocks de masques, au prétexte que le marché y pourvoirait en cas de nécessité.  Le marché n’a pas pourvu, sa main invisible est restée au fond de sa poche, et nous nous sommes retrouvé le bec dans l’eau, ou plutôt dans le virus.

Changer ? Pourquoi pas ? Mais pourquoi faudrait-il que ce changement prenne à tout prix la forme d’une rupture, d’un sacrifice ? N’y avait-il donc rien, dans nos attachements, dans ce qui nous donne un sentiment d’unité, qui méritât d’être emporté dans le « nouveau monde », vanté ou redouté ?

Si notre corps, notre cerveau, se transforme à chaque instant, il le fait à son rythme, à sa manière. De nouvelles connexions s‘établissent entre nos neurones, comme une sorte de mariage à l’essai. Puis, s’il y a affinité, l’essai se transforme, et la connexion chimique devient physique. Si l’on porte aujourd’hui ses vieux téléphones à la déchetterie, on aura pris soin, au préalable, de s’assurer qu’on a bien sauvegardé photos, contacts et souvenirs précieux.

Je repose ma question : qu’est-ce qui, dans notre vie, dans ce qui nous donne le sentiment d’exister, mérite d’être conservé ? Poser cette question consciemment, avec lucidité, nous donne du pouvoir sur nos existences.  Choisir, c’est exercer sa liberté. Alors, seulement, nous pourrons aussi décider de ce qui n’a plus lieu d’être, et nous en séparer. Non pas jeter, mais recycler : participer au mouvement de la vie.

La vague

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